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Francisco Coll et Javier Perianes ont plus de duende que ‘Il trovatore’ dans Les Arts | Culture

by Nouvelles

2024-12-21 17:48:00

« Olé ! “Ça a duende !”, s’est exclamée la danseuse gitane La Malena après avoir écouté le pianiste Alexander Brailowsky interpréter Bach. C’est l’un des exemples que Federico García Lorca utilise pour définir cet « esprit caché de la douloureuse Espagne », dans Théorie et jeu du lutin. Le compositeur Francisco Coll (Valence, 38 ans) a trouvé, dans cette conférence de 1933, les mots pour expliquer le deuxième mouvement de son œuvre Ville sans sommeil (2022) : « « Tout ce qui a des sons noirs a duende », écrit Lorca, « ce pouvoir mystérieux que tout le monde ressent et qu’aucun philosophe n’explique ». L’elfe“, l’esprit ineffable et intraduisible de terrestre, d’authenticité, de possession…”.

Cette fantaisie pour piano et orchestre, qui tire son titre d’un des poèmes inclus dans Poète à New Yorkcréé à Londres en février dernier. Maintenant, il a eu son première Espagnol, vendredi 20 décembre dernier, au Palau de les Arts de Valence dans le cadre de la série Symphonique de l’Orchestre de la Communauté Valencienne. Nous parlons d’un chef-d’œuvre qui confirme Coll non seulement comme un compositeur renommé dans le panorama de la musique créative espagnole actuelle, mais aussi au niveau international. C’est une partition dans laquelle le langage sonore aigu et expressif qu’il avait dans sa symphonie est déjà parfaitement reconnaissable. Mural (2015), l’un de ses premiers jalons.

Vue générale de la scène de l’auditorium du Palau des Arts de Valence lors de la représentation de “La Valse” de Ravel, le 20 décembreMiguel Lorenzo (Les Arts)

Il commence par relier sa vision kaléidoscopique du flamenco au surréalisme dans Fentes. Et on écoute ces iguanes vivants qui mordent les hommes qui ne rêvent pas, comme dans le poème de Lorca. Mais ces sonorités tendues et anguleuses avancent avec fluidité dans un dialogue où la prééminence du soliste ne cesse de croître. En fait, le piano reprend le mouvement central, Elfe-Nanaet déploie toute sa magie expressive dans une belle berceuse accompagnée du son d’une cymbale suspendue. Une mélodie que Coll jouait au piano pour endormir ses deux enfants et qui a enthousiasmé le public par la suspension de ses syncopes.

Mais soudain le brutal Orgie fin. Les rythmes aigus du flamenco s’intensifient désormais avec de véritables quejíos qui animent le leadership du piano. Et nous entendons l’insistance de Lorca : « Personne ne dort au monde. Personne, personne. Le public a accueilli avec enthousiasme la nouvelle composition de Coll, à laquelle viendront bientôt s’ajouter deux importantes premières absolues en Espagne : la symphonie Lilith avec l’Orchestre Symphonique de la Principauté des Asturies, en juin 2025et son premier opéra grand format, ennemi du peuplesur un livret en espagnol d’Àlex Rigola, à voir la saison prochaine aux Arts et au Teatro Real sous la direction du compositeur.

Le ténor Antonio Poli et la 'mezzo-soprano' Ekaterina Semenchuk dans 'Il trovatore', le 19 décembre au Palau de les Arts
Le ténor Antonio Poli et la ‘mezzo-soprano’ Ekaterina Semenchuk dans ‘Il trovatore’, le 19 décembre au Palau de les ArtsMiguel Lorenzo (Les Arts)

L’architecte de l’émotion du mouvement central de Ville sans sommeil C’est Javier Perianes (Nerva, Huelva, 46 ans), à qui il est dédié. En fait, la composition est un portrait du pianiste de Huelva qui évoque Nuits dans les jardins d’Espagnede Falla, profitant de sa musicalité proverbiale. Perianes a continué, en seconde période, avec une excellente interprétation du Concerto pour piano en solde Maurice Ravel, qui exploitait avec brio l’arôme basque du début et l’air jazzy du rag-time fin. Mais il a impressionné dans la valse au mouvement lent avec une performance passionnante et magistrale qui s’est envolée, soutenue par l’accompagnement orchestral avec un solo de cor anglais exquis. Périanes a culminé sa prestation avec en guise d’astuce un Debussy vaporeux et fluide : prélude no. 8 du premier livre, intitulé La fille aux cheveux blonds. et ces jours-ci Ses brillantes interprétations de Scarlatti et Albéniz sont à voir sur RTVE dans le cadre incomparable du Real Alcázar de Séville.

Le troisième protagoniste du concert était le réalisateur américain James Gaffigan (New York, 45 ans) qui Il vient d’annoncer dans son profil X la fin de son mandat à la tête de l’Orchestre de la Communauté Valencienne. Mauvaise nouvelle au vu du niveau atteint sous son mandat et de la consolidation de son séduisant cycle symphonique. Nous parlons de ce qui reste le meilleur orchestre espagnol dont les origines ont été éloquemment résumées en 2009 par Agustí Fancelli comme « l’Orchestre de Doña Helga ».

Le chef d'orchestre James Gaffigan et le pianiste Javier Perianes lors de la représentation du
Le chef d’orchestre James Gaffigan et le pianiste Javier Perianes lors de la représentation du “Concerto en sol” de Ravel, le 20 décembre au Palau de Les Arts©Miguel Lorenzo (Miguel Lorenzo (Les Arts))

Il suffisait d’écouter le début du concert, avec le poème symphonique Le chasseur mauditde César Franck, pour se convaincre de la puissance et de la ductilité de ses membres dans une partition aussi tendue et narrative. Gaffigan a enveloppé sa performance dans un arc idéal depuis l’arrogance initiale du chasseur jusqu’à son naufrage final ravagé par les démons. Mais sa capacité à insuffler de la fantaisie et de la couleur aux portées de Ravel s’est finalement révélée avec un admirable La Valse. En fait, Gaffigan lui-même a fait part de sa surprise en découvrant, chez un antiquaire de la capitale de Turia, le programme d’un concert dirigé par Ravel lui-même à Valence et qui s’est terminé précisément par La Valse. C’était le 17 novembre 1928 et les critiques locales soulignaient son maniement vif et nerveux du bâton..

Mais l’Orchestre de la Communauté Valencienne est avant tout un ensemble lyrique symphonique de premier ordre. Il l’a démontré, une fois de plus, lors de la prestation du jeudi 19 décembre dernier, sous la direction ferme et incisive de Maurizio Benini. Ce remplacement de la production d’Àlex Ollé, de Le troubadour de Giuseppe Verdi, créé à Amsterdam il y a 10 ans et passé par Paris et Barcelone, nous a permis de revenir à la normale après la tragédie de Dana. En tout cas, la performance ne s’est pas distinguée par des éclairs vocaux notables.

La soprano Olga Maslova, dans 'Il trovatore' le 19 décembre au Palau de Les Arts
La soprano Olga Maslova, dans ‘Il trovatore’ le 19 décembre au Palau de Les ArtsMiguel Lorenzo (Les Arts)

La fameuse phrase qui Le troubadour précis des « quatre meilleurs chanteurs du monde », attribués à parts égales au chef d’orchestre Arturo Toscanini et au ténor Enrico Caruso, montre la difficulté de casting de cet opéra. Le seul chanteur qui s’est approché de l’excellence était mezzo La Russe Ekaterina Semenchuk, dans un rôle solide dans le rôle d’Azucena, même si elle a commencé Enjambez le vampire ! un peu déplacé. Elle était aussi la seule à rendre crédible son personnage tourmenté et vengeur. Au contraire, la soprano ukrainienne Olga Maslova, dans le rôle de Leonora, a commencé avec une cavatine irrégulière, même si elle s’est améliorée à la fin avec la belle De l’amour sur des ailes roses.

Le ténor italien Antonio Poli était aussi un Manrico inégal avec quelques éclairs de musicalité dans son air Ah oui, ma chérie !bien qu’avec des problèmes dans les aigus qui ont gêné le fameux cabalette De ce bûcheroù il a arrêté de chanter dans le serré du chœur pour atteindre le fameux do aigu que Verdi n’a jamais écrit. Le baryton américain Lucas Meachem ne s’est pas non plus distingué dans le rôle de Conte di Luna, qui a remplacé dans les extrêmes à Artur Ruciński et a combiné avec le Liceu comme Sharpless en Madame Papillon. Bonne performance du Cor de la Generalitat Valenciana et, parmi les seconds rôles, la basse Adolfo Corrado dans le rôle de Ferrando a été meilleure que la soprano Holly Brown dans le rôle d’Inés.

La mise en scène de guerre d’Àlex Ollé déplace l’action vers la Première Guerre mondiale sans apporter une contribution théâtrale notable. La principale nouveauté réside dans la polyvalence scénique offerte par la scénographie d’Alfons Flores, avec ces blocs rectangulaires qui s’enfoncent et s’élèvent, assaisonnés par l’éclairage exceptionnel d’Urs Schönebaum. Cependant, cette prédominance du paysage gêne le mouvement panoramique ainsi que la visibilité en raison de son obscurité excessive. Bref, une production verdienne avec moins d’elfe que le concert symphonique que l’on peut revoir aujourd’hui, samedi 21 décembre. à l’Auditorium et Palais des Congrès de Castellón.

“Le Troubadour”

Musique de Giuseppe Verdi. Livret de Salvatore Cammarano et Leone Emmanuele Bardare. Antonio Poli, ténor (Manrico), Lucas Meachem, baryton (Il Conte di Luna), Olga Maslova, soprano (Leonora), Holly Brown, soprano (Ines), Ekaterina Semenchuk, mezzosoprano (Azucena), Adolfo Corrado, basse (Ferrando) , Filipp Modestov, ténor (Ruiz), Lluís Martinez, basse (Un vieux gitan), Antonio Lozano, ténor (Un messager). Chœur du Gouvernement Valencien et Orchestre de la Communauté Valencienne. Direction musicale : Maurizio Benini. Mise en scène : Alex Ollé. Palais des Arts, 19 décembre. Jusqu’au 22 décembre.

Les arts sont symphoniques

Oeuvres de César Franck, Francisco Coll et Maurice Ravel. Orchestre de la Communauté Valencienne. Javier Perianés (piano). James Gaffigan (réalisation). Auditorium du Palais des Arts, 20 décembre.



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