L’opposition serbe a demandé jeudi à la Cour constitutionnelle d’annuler le résultat des élections à Belgrade, remportées par le parti au pouvoir (SNS, droite nationaliste) qu’elle accuse de fraudes dans la capitale, a affirmé à l’AFP une responsable de l’opposition. «C’est le dernier recours juridique que nous avons en Serbie, et le plus efficace», estime Biljana Djordjevic, membre de la coalition d’opposition «Serbie contre la violence» (SPN), en confirmant le dépôt de plainte. La Cour constitutionnelle doit désormais décider si elle accepte ou non d’étudier cette plainte – elle peut prendre le temps qu’elle veut pour le faire.
Aux élections locales à Belgrade, la liste affiliée au parti au pouvoir a obtenu 49 des 110 sièges du Parlement municipal, et le SPN 43, selon des résultats définitifs publiés jeudi. Si les juges rejettent la plainte, il reste à l’opposition la possibilité de soumettre un recours à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg, explique à l’AFP l’avocat Vladica Ilic.
«Nous parlons aussi de corruption»
Le Parlement européen s’est penché hier sur les élections serbes, entachées selon l’opposition de fraudes et d’achats de voix. Plusieurs parlementaires ont évoqué le rapport préliminaire des observateurs de l’OSCE, publié le 18 décembre, au lendemain des élections. Y est décrit un scrutin «marqué par des cas isolés de violence, des irrégularités de procédure et de fréquentes allégations d’organisation et de transport d’électeurs pour soutenir le parti au pouvoir lors des élections locales», ainsi que «des achats de voix et des bourrages d’urnes».
A Belgrade, l’opposition affirme que le SNS a organisé le convoi de milliers d’électeurs non-inscrits dans la capitale pour y voter «à une échelle qui a influencé de manière décisive le résultat». Selon le directeur de l’organisation non gouvernementale CRTA, Rasa Nedeljkov, «de nombreuses personnes ont été payées pour cela. Donc, nous parlons aussi de corruption. On parle ici d’une opération qui a dû coûter des centaines de milliers d’euros». Une précédente plainte, déposée le 12 janvier, avait été jugée irrecevable par la justice.