2024-03-09 13:52:10
N n 1756, Frédéric le Grand envahit la Saxe, déclenchant le premier conflit mondial de l’histoire, la guerre de Sept Ans, dont il sortira triomphant. Les historiens ont attribué le rôle d’« agresseur » au souverain de Prusse mais en réalité Frédéric a agi après avoir découvert que l’Europe entière s’était unie contre lui et s’apprêtait à le réduire au rang de marquis de Brandebourg. C’est la thèse, basée sur des documents d’archives jusqu’ici ignorés ou à son avis délibérément négligés, que Claudio Guidi expose dans le deuxième volume de sa tétralogie (publiée chez Il Melangolo) consacrée à Frédéric II de Hohenzoller.
Par ailleurs, note l’auteur, le ministre autrichien des Affaires étrangères Wenzel Anton Von Kaunitz-Rietberg n’a pas caché son intention de viser une “réduction de la Prusse à sa condition primitive de petite puissance insignifiante”.
“La Guerre de Sept Ans”, tel est le titre du volume de 544 pages que vient de publier l’essayiste et journaliste des Abruzzes vivant en Allemagne, se concentre également sur la relation grandiose mais conflictuelle du souverain admiré de Napoléon et Karl Marx avec Voltaire. , celle entre « deux génies pas faits pour être proches ». Et puis sur la misogynie du « solitaire de Sanssouci », ennemi juré de Mme de Pompadour, de la tsarine Elisabeth et de Marie-Thérèse d’Autriche qui affirmait que « pour ruiner un pays, il suffit de le faire gouverner par une femme ».
L’homme dont le génie militaire enthousiasmera Napoléon sera toujours au premier rang devant ses hommes dans toutes les batailles de la guerre de Sept Ans, verra cinq chevaux sur lesquels il est assis abattus, avec sa tabatière arrêtant une balle et un autre qui atteint sa poitrine maintenant en fin de course.
La vie privée de Federico apparaît également toujours dans le volume, avec de nombreux détails curieux et agréables, depuis sa gourmandise, qui lui fait embaucher le meilleur chef français du monde, jusqu’à son avidité pour la poutargue, qu’il fait envoyer d’Italie à Algarotti.
Celui qui se définit comme le premier serviteur de l’Etat et qui pour cette raison travaille depuis quatre heures du matin, n’est pas humainement aimé de Denis Diderot, qui l’admire aussi, mais qui le définit comme « cabré comme un perroquet et malicieux comme un singe”. Pour Johann Wilfgang Goethe, elle représente l’étoile polaire autour de laquelle tourne le monde entier, tandis qu’en décrivant l’ascension de cette étoile, Voltaire dira que le nord a sauté, que tout l’Olympe s’est précipité et que Frédéric est apparu.
La consécration définitive comme champion de l’humanité, pour avoir aboli le servage, revient à Frédéric le Grand de Karl Marx, pour qui il fut « le premier à donner la terre aux paysans ».
De cette deuxième grande fresque du souverain prussien émerge la figure d’un personnage créé par la nature pour devenir artiste, poète ou musicien, comme il le démontrera suffisamment plus tard, mais qui se transforme soudain en le plus grand leader du siècle immédiatement après son ascension au trône à 28 ans. C’est un homme qui, trois jours plus tard, abolit la peine de mort, la torture, la censure, qui réforme la justice, fait conclure les procès en un an, qui favorise l’enseignement généralisé dans toute la Prusse, accueillant comme athées comme enseignants les Jésuites expulsés de toute l’Europe. , mais il instaure une totale liberté de culte, puisque « chacun a le droit de monter au Ciel selon ses goûts ».
Le tout dans un siècle dominé partout par l’obscurantisme le plus sinistre, caractérisé par les persécutions religieuses les plus atroces et avec des incendies toujours prêts à être allumés. Un flûtiste royal au talent et à la sensibilité étonnants, qui aujourd’hui selon les témoignages de tous ses contemporains auraient fait de lui un grand soliste, qui a également fourni à Bach le thème sur lequel seraient composées les variations de l’Offrande musicale. Mais il est aussi l’homme d’une brutalité sans précédent, notamment envers sa femme, contrainte de mener une vie de veuve loin de lui, qui n’aura jamais le droit de remettre les pieds au palais de Sanssouci. Son frère cadet et héritier du trône, August Wilhelm, ne s’en sortira pas mieux, mourant le cœur brisé après avoir été démis de ses fonctions de général pour les prétendues erreurs commises lors d’une bataille perdue et donc couvertes de terribles insultes. Son flair littéraire reste cependant infaillible, puisqu’il sera le premier à lire et relire encore trois fois Candide de Voltaire, “le seul roman qui vaille la peine d’être lu et relu plusieurs fois”.
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