Fréquentation, prix, projets: le directeur du cinéma CGR à Draguignan fait le point à la rentrée

Au cinéma CGR, c’est aussi la rentrée. L’occasion de faire un point global sur la situation de la structure, créée en 2014. Fréquentation revenue au beau fixe, choix stratégiques pour l’avenir…: le directeur, Thibaud Vandal, fait le point.

Comment se porte le cinéma en termes de fréquentation?

Nous sommes soulagés. Depuis la crise Covid, nous avons clairement repris du poil de la bête. L’an passé, des films comme Top Gun : Maverick nous avait aidés à sortir la tête de l’eau. Idem pour Avatarplus récemment. Ces productions nous ont permis de revenir à des chiffres de fréquentation similaires à ceux de 2019. À l’été (juillet/août) 2019, sur le plan national, les 65 salles CGR avaient réalisé 34,4 millions d’entrées. À l’été 2023, nous étions à 34,3 millions d’entrées. À Draguignan, pour la même période, nous étions à 60.000 entrées en 2019, contre 55.000 en 2023. Les films de cet été ont bien aidé, à commencer par le phénomène Barbiedevenu le plus gros succès de la Warner, ou Oppenheimer. En tant qu’exploitants, nous étions sceptiques de voir ces deux œuvres sortir le même jour. Mais elles ont marché au-delà de nos espérances.

Comment peut-on interpréter cela?

On voit que lorsque l’on propose des œuvres de qualité, les gens se déplacent. Même si tout oppose ces deux films, avec des publics ciblés différents. Depuis la crise Covid, les spectateurs ont tendance à attendre les premiers retours autour d’un film avant de se déplacer. C’était moins le cas avant. Les modes de consommation ont évolué, les gens sont aujourd’hui plus sélectifs. C’est quelque chose que l’on a, par exemple, observé avec le dernier Mission impossible. La première semaine, les chiffres frisaient la catastrophe. Mais les semaines passant, la fréquentation augmentait. Et lorsque les entrées auraient dû diminuer progressivement, ça n’a pas été le cas. Le film a continué de vivre tout l’été. Il y a un vrai changement dans la manière de consommer les films. C’est un enjeu futur, et le groupe CGR planche actuellement là-dessus. Nous travaillons notamment sur des partenariats avec des influenceurs, pour attirer un public jeune, consommateur de films en streaming.

Lire aussi  L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar rassure sur la préservation de ses archives malgré les récentes manifestations

Selon vous, à quel point le streaming vous impacte?

Le streaming aurait pu avoir un impact sur le cinéma, mais on s’aperçoit aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Le cinéma est toujours là. Certains gros distributeurs commencent d’ailleurs à faire marche arrière en la matière. L’offre de streaming est trop importante. Pour que cela marche, je pense qu’il faudrait une plateforme unique et globale, plutôt que plusieurs…

D’autres solutions pour parer à ces évolutions?

Nous ne pourrons pas répondre seul à ces changements. La qualité des films proposés joue immanquablement. Il faut aussi que les distributeurs réfléchissent à ce qu’ils comptent proposer à l’affiche. On se doit de travailler davantage avec eux, main dans la main. On peut aussi réfléchir à proposer autre chose en salle. C’est déjà le cas avec des projections de mangas, notamment. Mais pourquoi ne pas élargir encore l’offre. Avec des séries, par exemple?

Proposer des séries vous tient à cœur?

Oui, mais il faut trouver la bonne formule. Aux États-Unis, Netflix a déjà proposé des sorties diffusées en avant-première dans les cinémas, avant leur diffusion sur leur plateforme. Et le jour de la sortie, la diffusion ne se faisait plus que sur Netflix. Cela a permis et aux cinémas, et à Netflix, de faire du chiffre. Pourquoi ne pas appliquer ce même système avec des séries, en France? Proposer les deux premiers épisodes d’une série au cinéma, avant que la série ne soit diffusée en streaming. Il y a tellement de pistes à explorer. Aujourd’hui, il n’y a pas de mauvaises idées pour faire évoluer le cinéma. Tout évolue. Et nous aussi, nous devons avancer.

Lire aussi  Salaire du maire de la ville en Floride

Un mot sur l’évolution des prix des places?

Les tarifs augmentent. Comme tout. Mais on arrive à freiner les hausses. Depuis janvier, les coûts en électricité ont grimpé en flèche. À Draguignan, nous avons été obligés de prendre des mesures pour ne pas répercuter cela sur le prix des places. Depuis l’ouverture en 2014, le cinéma était ouvert de 10h à 23h non-stop. Ce n’est plus le cas. En semaine, hors mercredi et vacances scolaires, nous avons supprimé les premières et dernières séances de la journée, pour une ouverture de 13h à 20h. De quoi permettre quelques économies. À ce sujet, une réflexion est en cours pour installer des panneaux photovoltaïques sur le toit du cinéma. Il faut aussi savoir que, sur une place de cinéma à 10 euros, CGR n’en récupère que 5. L’autre moitié va au distributeur.

Comment se profilent les mois à venir?

De belles sorties sont attendues. Mais il faut rester prudent, notamment à cause de la grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood, qui impacte les sorties. Pour exemple, ça a été le cas avec Dune II, de Denis Villeneuve. Le film devait sortir en novembre dernier, avant d’être décalé à mars 2024. On sait que ce sera le cas pour d’autres films, à l’image du prochain volet d’Avatar, prévu initialement en 2024, et décalé en 2025. Mais aujourd’hui, on est un peu dans le flou quant aux sorties à venir… Ça ne s’annonce pas simple. Reste que de grosses productions françaises sont prévues, à l’image du film autour de Bernadette Chirac, avec Catherine Deneuve.

Lire aussi  Le gang des scieurs de panneaux ne fait pas des ravages à Angoulême.

Des événements particuliers se profilent?

Nous mettons en place un festival d’avant-premières, du 20 au 26 septembre. Un film par jour sera projeté, avec beaucoup de productions françaises, à l’image de La tresse, Une année difficile, Homme-chienle dernier Luc Besson, ou encore Deuxième tournée, d’Albert Dupontel, avec Cécile de France.

CGR: vers des changements

CGR est un groupe familial (le 2e circuit de salles en France, Ndlr). Une offre de rachat formulée par un trio composé de Pierre-Antoine Capton, Matthieu Pigasse, et Xavier Niel, était en pourparlers depuis quelque temps. Mais la vente a finalement été annulée en mai dernier.

Et la direction a été restructurée. Avec quelles conséquences? “Un séminaire national sera organisé fin septembre, répond Thibaud Vandal. L’avenir du groupe CGR sera alors exposé”. Localement, des changements sont d’ores et déjà prévus.

“Nous allons nous équiper avec un système de projection laser qui permettra de mieux retranscrire la colorimétrie et la luminosité, et donc de gagner en qualité d’image. Côté son, on aimerait pouvoir prochainement passer à une qualité Dolby Atmos.”

2023-09-13 13:40:00
1694603277


#Fréquentation #prix #projets #directeur #cinéma #CGR #Draguignan #fait #point #rentrée

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.