2024-04-09 01:19:00
AGI- L’accusation de ne pas avoir agi pour la population palestinienne c’est l’un des facteurs dont ils disposent a déterminé l’effondrement du parti AKP, au pouvoir en Turquie depuis 20 ans. Pourtant, ces derniers mois, le président turc Recep Tayyip Erdoğan il n’a pas épargné les attaques verbales et les accusations contre le gouvernement israélien pour la dure offensive contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza. Erdogan a défini à plusieurs reprises le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme un bourreau comme Hitler, Mussolini et Staline, a accusé à plusieurs reprises le gouvernement israélien de crimes contre l’humanité et a soutenu le procès pour génocide intenté par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice d’Aja.
En plus d’avoir accueilli les malades et les blessés de Gaza et envoyé de l’aide plus que tout autre pays, le gouvernement turc s’est montré prêt à se porter garant de la création d’un État palestinien, a accueilli les dirigeants du Hamas et a rappelé l’ambassadeur à Tel Aviv, nommé un an plus tôt. Pourtant, une grande partie du La population turque accuse Erdogan de ne pas en avoir fait assez, de ne pas avoir agi de manière concrète ou d’avoir « vendu les Palestiniens en échange d’argent israélien ». Une accusation qui cette fois ne vient pas des partis ou mouvements d’opposition, mais de la base même du parti AKP, qu’Erdogan a forgé au fil des années à son image et à sa ressemblance.
La critique a fini par produire lourdes conséquences lors des récentes élections locales, où l’AKP a perdu non seulement le sceptre de la première force politique du pays, mais aussi les bastions dans lesquels il gouvernait au cours des deux dernières décennies. Là où cela s’est confirmé, le parti d’Erdogan a tout de même enregistré un déclin important. Un exemple en ce sens est la ville de Erzurum, l’un des centres les plus importants du nord-est du pays où le consensus d’Erdogan a toujours été solide. Ces derniers mois, Erzurum a été couverte de banderoles contre l’attaque israélienne, de sit-in de solidarité et de kiosques pour collecter de l’aide pour la population de Gaza. L’AKP a confirmé son contrôle sur la ville, mais perdu 13% en 5 ans. Même chose à Sakarya, une autre place forte où Akp a été confirmé, mais où je les points perdus étaient de 18 par rapport à 2019.
Précisément à Sakarya, lors du rassemblement prévu dans le cadre de la tournée électorale du président, une banderole est apparue dans la foule appelant à la fin du « commerce éhonté avec Israël ». Erdogan n’a pas réagi à la banderole, qui a ensuite été retirée, mais être contesté lors de l’un de ses propres événements est sans précédent pour le dirigeant turc. Lors des élections locales du 31 mars, la montée en puissance du parti islamique conservateur Yeniden Refah a fait sensation. Ce dernier a pu en 10 mois dépasser le double du consensus précédemment obtenu et conquérir trois districts, dont Urfa, une province importante à la frontière avec la Syrie et sous le contrôle de l’AKP depuis des années.
Un boom du consensus à surveiller dans un avenir proche, qui trouve son fondement précisément dans la perte du consensus de l’AKP et dans la campagne électorale axée sur la « honte » et les accusations d’inefficacité à faire entendre la voix de la Turquie contre Israël. Certes, pour comprendre l’effondrement d’Erdogan, il faut prendre en considération les problèmes économiques du pays, la hausse inexorable de l’inflation, la perte de pouvoir d’achat pour les retraites et le salaire minimum, mais il est indéniable que la réaction, jugée « insuffisante », face aux opérations israéliennes à Gaza était un facteur. L’idée a été véhiculée par une publicité électorale de Yeniden Refah lancée sur Internet, dans laquelle un vote pour l’AKP était transformé en cachet d’un drapeau israélien.
Un facteur admis par Erdogan devant ses partisans avec un péremptoire « nous avons payé le prix de notre échec à faire valoir notre position ». Le paradoxe a été exprimé par le commentaire du ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, qui a déclaré que la défaite d’Erdogan était une « punition pour les attaques contre Israël ». À Erdogan est accusé de ne pas avoir infligé de sanctions économiques. Une voie que la Turquie évite en réalité de prendre, comme ce fut le cas pour la Russie, un choix qui avait cependant cette fois un prix à payer. Pourtant, comme le rapportent les données du ministère de l’Économie et le confirment des observateurs non alignés sur le gouvernement turc, du 7 octobre à aujourd’hui, les échanges commerciaux entre la Turquie et Israël se sont effondrés de 33 %.
Ankara a nié que le gouvernement et les institutions aient conclu des accords avec l’État juif. Les données ne suffisent pas à contrecarrer le buzz sur les réseaux sociaux, où sont par exemple apparues des photos d’une livraison de 21 tonnes d’acide borique en poudre à une entreprise israélienne, Fertilizers & Chemical Ltd, qui produit des substances chimiques. Un tweet auquel personne n’a répondu et qui a créé un scandale au sein d’une opinion publique unanimement pro-palestinienne. Les accusations de liaison avec l’État juif ont favorisé une forte hémorragie de voix parmi l’électorat le plus conservateur du centre-est de l’Anatolie. Erdogan devra répondre à ces accusations, tenter de rendre la politique turque à l’égard de Gaza plus incisive et passer les affaires entre la Turquie et Israël à la loupe. Des mesures nécessaires pour éviter la perte continue du consensus entre les conservateurs et les religieux, qui constituaient jusqu’à présent la base du pouvoir d’Erdogan.
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