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Geneviève Biron, anciennement de Biron Groupe Santé, dirigera la nouvelle agence Santé Québec

by Nouvelles
Geneviève Biron, anciennement de Biron Groupe Santé, dirigera la nouvelle agence Santé Québec

La désignation de Geneviève Biron, une femme d’affaires ayant fait carrière dans l’offre de services de santé privés, à la tête de Santé Québec suscite des inquiétudes.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a eu beau souligner qu’elle formerait un « duo » avec un gestionnaire du public, Frédéric Abergel, le profil de Mmoi Biron en dérange plus d’un.

Mmoi Biron a été jusqu’en 2021 à la tête de Biron Groupe Santé (BGS), entreprise fondée par son père, aujourd’hui dirigée par sa soeur Caroline. BGS offre des services privés d’imagerie médicale, de soins du sommeil, des tests génétiques et des prélèvements et tests en laboratoire.

La nouvelle présidente et cheffe de la direction (PCD) assure qu’elle est « vraiment concentrée sur le système public » et que sa priorité est d’améliorer l’accès pour tous, qu’il s’agisse de l’accès aux urgences ou à un médecin de famille.

« Ce qui m’intéresse, c’est de rendre notre système de santé publique plus performant, mieux organisé, donner des résultats à la population », a-t-elle dit lundi lors d’une annonce dans les nouveaux locaux de l’Agence, sur le chemin Sainte-Foy, à Québec.

« Oui, j’arrive avec le privé », a-t-elle ajouté. « Mais c’est mon bagage d’expérience. Ça m’a permis de faire des choses et de pouvoir […] comprendre le service à la clientèle et l’expérience opérationnelle. »

Or, pour le président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Robert Comeau, sa nomination à la tête de l’Agence envoie un « signal très négatif » à ses troupes et « démobilise » les secteurs des laboratoires et de l’imagerie médicale. « L’entreprise de Mmoi Biron a contribué aux problèmes de pénurie qu’on vit actuellement, dit-il. C’est un compétiteur au réseau, alors que son mandat sera comment aller chercher des gens dans le privé pour qu’ils reviennent au public. »

À l’instar d’autres syndicats, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec s’inquiète de la « croissance de la place du privé en santé ». « Le ministre peut secouer les colonnes du temple autant qu’il le veut, si les professionnelles en soins quittent pour le privé à cause des horribles conditions de travail, ça ne donnera rien », déclare sa présidente, Julie Bouchard, dans un communiqué.

Du côté du Parlement, le Parti québécois trouve que cette nomination envoie un curieux signal. « Sans remettre en cause les qualités et les compétences de Mmoi Biron, nous sommes préoccupés par la nomination d’une gestionnaire issue du secteur privé en santé pour consolider et relancer le réseau public de santé au Québec, tant sur les plans symbolique qu’opérationnel », a fait valoir le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, par voie de communiqué. « L’expansion du privé en santé affaiblit le système public et aggrave notamment la pénurie de personnel. »

Pour Québec solidaire (QS), c’est carrément le signe que le privé « est désormais aux commandes de notre réseau de santé ».

Un « mur de Chine » promis

Le député de QS Vincent Marissal a insisté d’ailleurs pour que toutes les mesures soient prises en matière de conflits d’intérêts, sachant que le réseau public « sous-traite fréquemment » à BGS, où la nouvelle PCD a « longuement travaillé et où ses proches oeuvrent toujours », a fait valoir le parti dans un communiqué.

Invité à préciser à quelle sous-traitance il référait, QS a donné l’exemple d’un contrat de 16 700 $ donné en 2023 par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie pour un protocole de prélèvement du béryllium. Le parti mentionne aussi que les services de BGS figurent parmi les options offertes par le secteur privé sur la plateforme Clic Santé.

Lundi, Mmoi Biron s’est engagée d’emblée à éliminer tout conflit d’intérêts potentiel. Cela veut dire qu’elle se « dégagera des décisions dans ses investissements qui pourraient toucher le secteur de la santé au Québec », a indiqué le ministère lors de l’annonce.

Elle devra aussi mettre en place ce qu’on appelle un « mur de Chine » entre elle et les membres de sa famille. Cela signifie qu’ils ne pourront avoir « aucun échange » relativement à tout dossier lié au domaine de la santé et dans lequel sa famille ou son mari pourraient être « impliqués sur le plan professionnel ».

Depuis le départ de Geneviève Biron de la direction de Biron Groupe Santé, c’est sa soeur Caroline qui dirige l’entreprise. Dans le passé, son autre soeur, Ève-Lyne, en a également été la dirigeante.

Quant à son conjoint, Sylvain Poirier, il est conseiller stratégique pour des entreprises privées en santé et des établissements publics.

Le patron du CHUM aux opérations

Le gouvernement a aussi annoncé la nomination du « numéro 2 » de l’agence lundi, en la personne de Frédéric Abergel, qui est à la tête du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) depuis l’an dernier.

« C’est un duo avec une personne de l’externe, mais aussi une personne de l’interne », a souligné à ce sujet le ministre Christian Dubé.

M. Abergel agira comme vice-président exécutif aux opérations et à la transformation. Il aura notamment comme mission de coordonner les actions des 38 établissements de santé — centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), centres hospitaliers et autres.

Son salaire annuel s’élèvera à 520 950 $ les deux premières années, ce qui inclut une prime de 15 % pour le démarrage de la nouvelle organisation. Mmoi Biron, elle, sera rémunérée à hauteur de 652 050 $ pour la même période.

Priorité à l’accès

La nomination a été officialisée lors d’une séance spéciale du conseil des ministres, lundi matin.

La nouvelle société d’État Santé Québec doit prendre en charge la gestion courante du système de santé, au cours de cette année. Environ 700 employés du ministère de la Santé doivent y être transférés.

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) réclame d’ailleurs une « rencontre urgente » avec la nouvelle PDC à ce sujet. « Pour l’instant, la loi intègre nos membres dans la convention collective du réseau de la santé, ce qui est désavantageux pour eux », affirme son président, Guillaume Bouvrette.

« Pour des postes équivalents, nos membres gagnent 7 % à 14 % de plus que les travailleurs et travailleuses du réseau de la santé. Ils vont donc se retrouver hors taux et hors échelle. » Selon le SPGQ, 25 personnes ont donné leur démission depuis le début de l’année et 31 personnes ont trouvé un emploi dans un autre ministère ou organisme.

L’intégration complète des équipes à Santé Québec doit se faire à l’automne et la transition prendra fin en avril 2025.

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