Germany defense spending 2023: Political implications and budget constraints

Germany defense spending 2023: Political implications and budget constraints

Cela n’était pas arrivé depuis la fin de la guerre froide. Pour la première fois depuis 1990, l’Allemagne va consacrer cette année plus de 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense, a annoncé Olaf Scholz, mercredi 14 février, sur le réseau social X. Pour le chancelier allemand, qui interviendra, samedi, dans le cadre de la 60e conférence de Munich sur la sécurité, cette annonce a une forte portée politique : le 27 février 2022, trois jours après l’invasion de l’Ukraine, le successeur d’Angela Merkel avait pris acte d’un « changement d’époque » (« Le tournant des temps ») à la tribune du Bundestag, et promis en conséquence que l’Allemagne atteindrait enfin l’objectif des 2 % fixé par l’OTAN à ses membres en 2014. En 2022, les dépenses militaires ne représentaient que 1,46 % du PIB allemand.

L’engagement a donc été tenu. Mais le sera-t-il dans la durée ? M. Scholz assure que oui. En réalité, rien ne permet de l’affirmer. Si l’objectif des 2 % est atteint cette année, c’est grâce au « fonds spécial » de 100 milliards d’euros annoncé par le chancelier dans son discours du 27 février 2022 et adopté trois mois plus tard avec les voix de l’opposition conservatrice. Or, cette enveloppe sera entièrement dépensée en 2027-2028. Pour que l’Allemagne remplisse toujours l’objectif des 2 % après cette date, il faudrait soit créer un nouveau fonds spécial, soit augmenter le budget annuel de la défense, actuellement de 52 milliards d’euros, de 25 à 30 milliards d’euros supplémentaires.

Le débat est déjà ouvert et promet d’être politiquement compliqué : contraint à des économies drastiques à la suite d’un récent arrêt de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, le gouvernement n’a quasiment pas de marge de manœuvre. A moins qu’il ne décide de lever de nouveau le « frein à l’endettement »cette disposition qui limite à 0,35 % le déficit structurel annuel de l’Etat fédéral et à laquelle il peut déroger en cas de « situation d’urgence »comme ce fut le cas après le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Chez les sociaux-démocrates (SPD), le parti de M. Scholz, certains estiment que la menace russe et l’incertitude qui pèse sur l’avenir de l’OTAN, au cas où Donald Trump remporterait l’élection présidentielle américaine en novembre, constituent bel et bien une « situation d’urgence ».

Des commandes non honorées

Que la discussion soit déjà engagée sur le financement de la défense allemande après 2027 en dit long sur l’inquiétude des élites politiques et militaires quant à la capacité de la Bundeswehr à participer à une guerre sur le sol européen. Pour le ministre de la défense, Boris Pistorius, un tel scénario n’est pas exclu. « Nous devons envisager comme possible que Vladimir Poutine attaque un jour ou l’autre un pays membre de l’OTAN »a-t-il affirmé au quotidien Daily Mirror, le 19 janvier, estimant que cela pourrait arriver « d’ici cinq à huit ans ». Face à cette menace, le renforcement de la Bundeswehr est une nécessité. « Si nous ne montrons pas que nous sommes capables de nous défendre, Poutine n’aura aucune raison de reculer devant une attaque contre l’OTAN »a prévenu Bruno Kahl, le chef du BND, le renseignement extérieur allemand, le 26 janvier, sur la ZDF.

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