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Gestes, diplomatie et frictions idéologiques entre dirigeants occidentaux

by Nouvelles
Gestes, diplomatie et frictions idéologiques entre dirigeants occidentaux

Giorgia Meloni est passé de devoir renoncer au fascisme pour rassurer ses partenaires en Italie peu avant d’arriver au pouvoir il y a deux ans, à recevoir chez lui les grands dirigeants du G7, dans un sommet plein de gestes et de diplomatie dans lequel, surtout, a réussi à capturer une partie de son idéologie.

“Ces jours-ci, l’Italie est au centre du monde. Je suis fier que notre nation ait réussi à surprendre et à donner une direction”, a célébré le Premier ministre d’extrême droite.

Meloni est le tout nouveau hôte du sommet au cours duquel les dirigeants du G7, le groupe des démocraties les plus avancées de la planète (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), font le point sur la situation mondiale alambiquée. géopolitique chaque année.

Tout s’est passé dans le « Borgo Egnazia », un luxueux hôtel en pierre entouré de murs centenaires, dans la région italienne des Pouilles (sud), choisi par elle-même pendant ses vacances.

Les domaines de ce « resort » idyllique ont accueilli le président des États-Unis, Joe Biden, et le président français, Emmanuel Macron, ainsi que les premiers ministres du Canada, Justin Trudeau, ou du Royaume-Uni, Rishi Sunak, parmi les reste des membres de ce club sélect.

Javier Milei et Giorgia Meloni ont montré leur harmonie au sommet du G7. Photo : ANSA

Meloni est arrivée au sommet renforcée après les dernières élections européennes, vêtue de tons pastel et visiblement détendue, contrairement à beaucoup de ses partenaires : Biden poursuit une réélection difficile, Macron et Sunak font face à des élections vitales dans leur pays, Scholz a été en avance sur calendrier les ultras et même le discret Premier ministre japonais, Fumio Kishida, traversent des turbulences.

Elle savait que c’était un événement important pour sa carrière et c’est pourquoi elle a choisi d’y donner une touche très personnelle, avec un sceau certainement conservateur, inspirée par la valeur de « l’identité », comme elle l’a elle-même défendue. Il suffit de penser qu’il a obtenu pour la première fois l’aide d’un pape, François.

L’un de ses invités personnels était le président argentin Javier Milei, nouvelle icône de l’extrême droite mondiale. C’est avec lui qu’elle avait le plus d’alchimie, l’accueillant aux portes de l’hôtel, entre câlins et blagues inaudibles qui la faisaient rire.

Peu de temps après, Meloni a italienisé la devise de son ami argentin : “Vive la liberté !”, écrit-il sur le réseau social X.

Images et gestes

Cela a également été un sommet d’images, comme celle des parachutistes surprenant les dirigeants depuis le ciel des Pouilles ou celle de Trudeau ou Sunak parcourant le parcours de golf du « resort » à bord de minuscules voitures historiques de la société Fiat.

Le pape François, avec Giorgia Meloni.  Il a été le premier pontife à assister à un sommet du G7.  Photo : AP Le pape François, avec Giorgia Meloni. Il a été le premier pontife à assister à un sommet du G7. Photo : AP

Mais aussi de beaucoup de gestescomme celle du Premier ministre recevant l’hélicoptère du Pape puis montant avec lui dans une voiture de golf, en raison de ses problèmes de mobilité, ou faisant savoir à Biden, avec une touche subtile sur le bras, qu’il était temps de prendre une photo de famille , lorsqu’il a été distrait par un spectacle aérien.

L’Italienne s’est également amusée à revaloriser le ‘Melodi’, un curieux phénomène social en Inde qui, depuis le sommet du G20 à New Delhi l’année dernière, plaisante sur une prétendue relation entre elle et le Premier ministre de ce pays, Narendra Modi, un autre invité à le G7.

“Bonjour de la part de l’équipe ‘Melodi'”, dit-elle dans une vidéo avec son collègue, tous deux en riant.

Débat sur l’avortement

Mais le sommet du « Borgo Egnazia » a aussi été un damier idéologique inattendu au détriment de l’avortement, avec des visions aussi contrastées que celle du conservateur Melonicelui de Macron, qui l’a inscrit dans la Constitution française ou encore celui de Biden, qui a fait de ce droit son drapeau électoral.

La décision fut salomonienne : Dans la déclaration finale, il n’y avait aucune trace du mot de discordemais les dirigeants ont réaffirmé leur soutien au texte d’Hiroshima de l’année dernière, en le laissant par écrit.

Le Premier ministre italien et le président français Emmanuel Macron lors de la réunion du G7.  Photo : REUTERSLe Premier ministre italien et le président français Emmanuel Macron lors de la réunion du G7. Photo : REUTERS

Meloni a assuré lors de la conférence de presse finale que le mot n’était pas évoqué car il avait déjà été écrit en 2023, afin de ne pas rendre le texte “inutilement répétitif”, et a dénoncé une “polémique artificielle”.

Cependant, le pouls a été révélé par un échange de reproches avec Macron et un salut glacial entre les deux entre les parois rocheuses d’un château, lors du dîner de gala (son regard sévère envers son “partenaire” s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux).

Finalement, le président français, assiégé par l’extrême droite dans son pays, a tenté d’aplanir les divergences : “Il n’y a pas de polémique, n’exagérons pas. Nous connaissons nos désaccords, qui existent”, a-t-il assoupli.

Alors que les négociations du G7 continuent de fumer au-dessus des cimes des oliviers du « Borgo Egnazia », reste à savoir combien de temps durera cette « pax ». Le prochain écran sera la répartition des hauts fonctionnaires de l’Union européenne après les élections et Meloni jouera ses cartes.

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