2024-06-13 10:52:09
En pleine bataille pour l’accès à l’avortement sûr et légal dans la moitié du monde, la Première ministre italienne, l’extrême droite Giorgia Meloni, manœuvre pour éliminer toute référence à cette pratique de la table des dirigeants du G7. Le président de l’Italie, pays qui assure la présidence tournante annuelle du groupe qui rassemble certaines des principales démocraties du monde, a invalidé tout ce qui concerne l’interruption volontaire de grossesse dans la déclaration qui est en cours de négociation ces jours-ci au sommet du groupe. dans les Pouilles, dans le sud de l’Italie.
“Nous affirmons l’importance de préserver et d’assurer un accès effectif à un avortement et à des soins post-avortement sûrs et légaux”, affirment les premières ébauches de la déclaration politique des dirigeants des États-Unis, du Japon, du Canada, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie, du Le Royaume-Uni et l’UE, qui se réunissent de jeudi à samedi. Sans cette référence, le nouveau texte, auquel EL PAÍS a eu accès et qui est encore en négociation, est beaucoup plus faible. La déclaration du précédent sommet du G7, l’année dernière à Hiroshima, mentionnait effectivement l’avortement sûr et légal et les soins post-avortement. Cette manœuvre s’inscrit dans la lignée des politiques anti-choix que l’ultra-conservateur italien a entreprises dans son pays.
Ce journal a contacté un porte-parole de la présidence italienne pour lui demander pourquoi le gouvernement Meloni avait exclu du projet de déclaration finale des dirigeants la référence à un “engagement total” en faveur de l’accès “à des avortements et à des soins post-avortement sûrs et légaux”. Le porte-parole a refusé de commenter la question et a souligné que le gouvernement italien “ne parlera des conclusions du G-7 que lorsque le communiqué final sera publié”. Par la suite, des sources de la présidence italienne ont précisé qu’« aucun Etat n’a demandé de supprimer la référence à l’avortement de la déclaration ».
Une source proche des négociations souligne cependant que c’est la présidence italienne qui a supprimé la référence entre un projet et un autre et que, constatant la régression dans le langage de la déclaration, les délégations européenne et française ont réagi et demandé que la mention de l’avortement soit récupérée. La question fait donc l’objet d’un combat diplomatique. Lors des sommets, ce sont les présidences qui traitent les projets de conclusions. Le projet de déclaration inclut un engagement à promouvoir les droits sexuels et reproductifs.
« Choc des valeurs »
“Nous sommes confrontés à un net choc de valeurs entre les membres du G7”, déclare un haut diplomate européen qui participe aux débats. « Il est très regrettable que le langage sur l’avortement ait été affaibli. Il est du devoir du G7 de faire preuve de leadership dans la promotion de ces valeurs, et non de reculer devant elles », ajoute-t-il.
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Le droit à un avortement légal et sécurisé est redevenu un combat ces derniers temps. Aux États-Unis, après une décision de la Cour suprême, vingt États interdisent ou restreignent l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. En Europe, les organisations anti-avortement et les gouvernements ultra-conservateurs ont menacé de faire reculer ce droit. Pour l’administration de Joe Biden, il s’agit d’une question nucléaire : elle a promis de revenir à la doctrine précédente qui garantissait, bien qu’avec de nombreuses nuances, l’accès. La France a protégé le droit à l’avortement en l’inscrivant dans sa Constitution il y a quelques mois.
L’avancée des négociations au sein du G7 sur l’avortement est, à plusieurs égards, emblématique de l’ère politique actuelle. Il montre l’évolution des tactiques d’action de l’extrême droite. D’un autre côté, c’est un symbole de la politique d’avortement volontaire de Meloni, de sa stratégie visant à faire avancer les objectifs traditionnels de l’extrême droite avec des tactiques nouvelles qui semblent moins radicales que celles du passé.
La Première ministre italienne a promis à plusieurs reprises, lors de la campagne électorale qui l’a élevée, qu’elle ne toucherait pas à la loi sur l’avortement. Jusqu’à présent, il a tenu cette promesse. Cependant, il a promu toute une série d’initiatives visant à porter atteinte au droit à l’avortement par d’autres moyens. Meloni et son parti, les Frères d’Italie, formation aux racines néo-fascistes, ont manœuvré pour rendre plus difficile l’accès à la pilule abortive, en promouvant des propositions obligeant les femmes enceintes à écouter les battements du cœur du fœtus ou à autoriser l’anti-choix. des associations (autoproclamées pro-vie) accèdent à des cliniques où les femmes cherchent des informations ou vont interrompre leur grossesse.
Dans ce dernier cas, elle a même tenté de canaliser les fonds européens du plan de relance face à la pandémie pour favoriser des associations de ce type. En Italie, l’interruption de grossesse est légale dans les premières semaines et plus tard en cas de danger pour la femme ou en raison de graves anomalies fœtales ; mais le taux élevé d’objection de conscience parmi les professionnels de santé et d’autres obstacles compliquent l’accès à cette prestation.
Meloni, arrivée au gouvernement italien soutenue par un autre parti d’extrême droite, la Ligue, et les conservateurs plus traditionnels de Forza Italia en 2022, a également tenté de changer l’image des partis d’extrême droite d’antan en soulignant sa position européenne constructive. : suivre les orientations en faveur de l’Ukraine et de l’OTAN, sans faire de bruit en matière de politique monétaire et sans insister pour un pacte d’immigration strict, mais sans casser le jeu. Cependant, malgré le changement tactique, elle poursuit d’une manière différente les objectifs traditionnels.
Entre 4,7 % et 13,2 % des décès maternels sont dus à un avortement à risque, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
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