Le 3 novembre, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a finalement rompu le silence. Alors que l’opération “Déluge d’Al-Aqsa” menée par le Hamas le 7 octobre avait suscité l’attente d’une réaction de sa part, c’était en réalité le cheikh Hachem Safieddine, président du conseil exécutif du Hezbollah, et Naïm Qassem, le secrétaire général adjoint, qui s’étaient exprimés sur la situation à Gaza et dans le sud du Liban. Lors de son discours très attendu, le secrétaire général du Hezbollah a tenu à clarifier sa position et sa stratégie. Il a réfuté les spéculations occidentales selon lesquelles l’Iran aurait été impliqué dans l’opération, précisant que celle-ci était le résultat d’une “décision palestinienne à 100 %”, dont il-même n’avait pas eu connaissance.
Concernant l’ouverture d’un deuxième front à la frontière libanaise, sujet de toutes les attentes, le secrétaire général du Hezbollah est resté énigmatique. Il a affirmé que la milice était entrée en guerre depuis le 8 octobre pour soutenir son allié gazaoui, attirer une partie de l’armée israélienne vers le nord et alléger ainsi la pression sur Gaza. Il a cependant souligné que ce qui se passait à la frontière pouvait sembler modéré pour certains, mais que ce n’était pas le cas.
Les combats restent actuellement très localisés, avec des escarmouches, des infiltrations et des tirs sur des postes d’observation. Le Hezbollah cible principalement les fermes de Chebaa, territoire libanais occupé militairement par les forces israéliennes depuis juin 1967. Malgré des pertes des deux côtés, les deux belligérants se cantonnent à des réponses limitées afin de maintenir un équilibre de la dissuasion. En dépit des discours belliqueux, la classe politique libanaise appelle à la responsabilité et redoute l’embrasement de la situation.
Le Hezbollah doit également prendre en compte la situation économique catastrophique du Liban, ainsi que la reconstruction des relations entre le Hamas et le Hezbollah. Bien que faisant partie de “l’axe de la résistance” piloté par Téhéran, les deux partis islamistes ne sont pas alignés sur le même agenda politique et défendent avant tout des intérêts propres.