Grâce à une étude Carbone 4, la filière bois oriente sa stratégie de décarbonation

La forêt ne peut pas à la fois fournir des volumes importants de matériaux, rester un puits de carbone efficace et s’adapter au changement climatique. Pour dessiner une feuille de route crédible et soutenable, la filière forêt – bois – papier a voulu estimer précisément sa place et ses capacités pour atteindre les objectifs de neutralité carbone d’ici à 2050.

Ainsi, mardi 13 février, ses membres ont publié au côté de carbone 4, cabinet de conseil énergie et climat, une étude très précise sur la question. « Ce travail est sans précédent de par son ampleur et la large contribution collective de tous les acteurs de la filière, a expliqué dans son propos liminaire Cécile Cantrelle, présidente du Codifab. Il a pour but notamment d’engager un dialogue éclairé avec entre autres les pouvoirs publics. » 14 salariés de Carbone 4 ont en effet travaillé 1 an sur cette étude de fin 2022 à fin 2023 dans un seul but : que la forêt reste un puits de carbone positif d’ici à 2050.

Des enseignements riches pour la construction

Ces derniers se sont employés à modéliser un scénario de convergence dans lequel la filière participe au maximum à la décarbonation de l’économie, tout en prenant en compte les contraintes environnementales, économiques et sociales. In fine, trois axes en ressortent.

D’abord, une augmentation de la récolte à hauteur de 10 Mm3/an supplémentaire pour atteindre 63 Mm3/an entre 2030 et 2050, avec par exemple une meilleure gestion des forêts grâce aux coupes préventives. Carbone 4 a aussi mis en évidence l’importance de l’utilisation du bois dans des produits à longue durée de vie, notamment utilisés dans la construction. Sur ce point, le cabinet d’étude a modélisé deux scénarios, un pro-techno et un autre sobriété. Etonnamment, c’est ce dernier qui développerait le plus la demande, grâce à une augmentation du bois d’oeuvre dans la rénovation et ce, malgré une baisse de la construction neuve. Enfin, la filière devrait s’employer selon l’étude à développer le réemploi et le recyclage.

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Du sciage au bâtiment

La modélisation précise et prospective de ces méga tonnes de bois et ces giga tonnes de CO2 ont donné quelques enseignements. « Nous n’avions pas une connaissance aussi précise des interdépendances entre les acteurs de la filière », reconnait Dominique Cottineau, délégué général de l’Union des industriels et constructeurs bois et biosourcés (UICB).

Le représentant des constructeurs bois fait notamment référence aux scieries. Pour le délégué général, qui se base sur l’étude, « il faut que les scieries valorisent au maximum le bois afin de l’utiliser comme énergie pour sécher le bois. Cela permettrait de baisser les prix et d’avoir un impact positif sur le coût de la construction bois. »

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Réorganisation de la filière bois

Les industriels vont aussi devoir y mettre du leur s’ils veulent participer pleinement à la réalisation de ces objectifs. « Il faut que nous retrouvions notre souveraineté sur la transformation du bois », a ainsi clamé Jean-Michel Servant, président de France bois forêt. En effet, pour l’instant, l’outil industriel en France n’est pas encore capable d’intégrer la croissance des volumes de bois récoltés prévus par l’étude. « Mais ce n’est pas nécessairement un problème, selon Dominique Cottineau, beaucoup d’industries du secteur tournent en 1X8. Nous pouvons très bien imaginer des rotations industrielles en 2X8 voire 3X8. »

Une chose est certaine, il faudra monter en puissance, « particulièrement sur la production de bois lamellé-collé. Seulement, nous ne pouvons pas investir si le gouvernement ne nous donne pas de visibilité sur plusieurs années », précise le délégué général de l’UICB.

S’adapter au changement climatique

Bien sûr, Carbone 4 n’a pas manqué de rappeler les répercussions importantes du changement climatique sur les forêts, et par conséquent sur toute la filière. Des scénarios de crises ont été modélisés, et l’injonction est claire : il faut que tout le monde se prépare à faire face à des conditions climatiques qui augmente le taux de mortalité et de dépérissement des arbres. Cela commence en amont, avec une adaptation des essences au réchauffement climatique. Mais aussi en aval, avec des coupes préventives, qui pourraient représenter jusqu’à 15 % du volume de bois récolté en temps de crise.

Alors que le plan énergie-climat et la programmation plurianuelle de l’énergie (PPE) sont en ce début d’année 2024 élaborés par le gouvernement, le puits carbone que représente la forêt et les produits bois vont être centraux. Même un peu trop : « Le puits est un indicateur, pas un inducteur, rappelle Jean-Michel Servant. On ne pilote pas une politique forestière ou une politique bois par le puits, c’est la conséquence de nos choix. »

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2024-02-15 11:00:00
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