Graffitis de protestation sur le campus de l’Université de Dhaka avant les élections législatives au Bangladesh

Armé de bombes et de pinceaux, Anamul Hasan Onoy, un étudiant de 22 ans aux airs d’adolescent, se glisse dans les allées sombres et silencieuses de l’Université de Dhaka. Sur ce campus de 37 000 étudiants, foyer politique historique, les idées contestataires ne s’expriment qu’à la faveur de la nuit. Tracés à la sauvette sur les murs des bâtiments, les graffitis reflètent le dernier souffle de la résistance étudiante. Ils défient la répression sans précédent qui cible les critiques et les opposants de l’Awami League, le parti de la première ministre Sheikh Hasina, à l’approche du scrutin législatif du 7 janvier. La dame de fer du Bangladesh, qui briguera son quatrième mandat consécutif depuis 2009, est assurée de la victoire alors que les forces armées ont été déployées cette semaine à travers tout le pays.

Sur le campus, les graffitis expriment des revendications qu’on n’ose pas formuler à haute voix. «Nous voulons des élections libres!» ou, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression, «A bas la loi sur la cybersécurité!» s’affichent, en rouge et noir, sur les bâtiments du campus. Çà et là, des slogans «Free Palestine» se sont greffés aux messages politiques, dans cette nation de 171 millions d’habitants qui abrite la troisième population de musulmans au monde. La plupart des inscriptions murales de l’université sont l’œuvre d’Anamul, qu’il signe du «Syndicat des étudiants», son organisation militante de gauche.