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Gramsci et les indifférents. Alors que Trump est couronné – Forum sur la santé mentale

by Nouvelles

2025-01-20 21:01:00

L’article, daté du 11 février 1917, d’Antonio Gramsci, l’intellectuel communiste fondateur du Parti communiste italien et mort dans les prisons fascistes en 1937, parut dans un numéro de “La città futuro” entièrement composé par le jeune Gramsci. C’est un écrit longtemps passé sous silence. Aujourd’hui, à l’aube de la nouvelle année, alors que deux guerres sont en cours impliquant directement l’Occident et l’Europe et que des nouveau-nés meurent de froid et de faim à Gaza, il nous a semblé utile de le proposer à nouveau : nous ne pouvons pas rester indifférents.

«Je déteste les indifférents… Ils ne peuvent pas simplement exister hommesétrangers à la ville. Quiconque vit vraiment ne peut s’empêcher d’être citoyen et de prendre parti. L’indifférence est l’apathie, c’est le parasitisme, c’est la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je déteste les indifférents.

L’indifférence est le poids mort de l’histoire… L’indifférence agit puissamment dans l’histoire. Il fonctionne passivement, mais il fonctionne. (…) La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est autre que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Les faits mûrissent dans l’ombre, quelques mains, sans aucun contrôle, tissent la toile de la vie collective, et les masses l’ignorent, parce qu’elles s’en moquent. Les destinées d’une époque sont manipulées selon les visions étroites, les objectifs immédiats, les ambitions personnelles et les passions de petits groupes actifs, et la masse des hommes les ignore, parce qu’ils s’en moquent. Mais les faits qui ont mûri se concrétisent ; mais la toile tissée dans l’ombre s’achève : et puis il semble que ce soit le destin qui submerge tout et tout le monde, il semble que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un énorme phénomène naturel, une éruption, un tremblement de terre, dont chacun devient victime, ceux qui ont voulu et ceux qui ne voulaient pas, ceux qui savaient et ceux qui ne savaient pas, ceux qui avaient été actifs et ceux qui étaient indifférents. Et ce dernier s’énerve, il voudrait échapper aux conséquences, il voudrait qu’il soit clair qu’il ne l’a pas voulu, qu’il n’est pas responsable. Certains gémissent pitoyablement, d’autres jurent de manière obscène, mais rares sont ceux qui se demandent : si moi aussi j’avais fait mon devoir, si j’avais essayé de faire valoir ma volonté, mon conseil, ce qui s’est passé serait-il arrivé ?

(…) Je déteste les indifférents aussi parce que leurs lamentations d’éternels innocents m’énervent. Je demande à chacun d’eux de rendre compte de la manière dont il a accompli la tâche que la vie lui a confiée et lui impose au quotidien, de ce qu’il a fait et surtout de ce qu’il n’a pas fait. Et je sens que je peux être inexorable, que je n’ai pas à gaspiller ma pitié, que je n’ai pas à partager mes larmes avec eux. Je suis partisan, je vis, je sens déjà l’activité de la ville future que mon camp construit dans les consciences viriles de mon camp. Et là, la chaîne sociale ne pèse pas sur quelques-uns, tout ce qui arrive n’est pas dû au hasard, à la fatalité, mais est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a personne à la fenêtre qui regarde pendant que quelques-uns se sacrifient, s’évanouissant dans le sacrifice ; et celui qui est à la fenêtre, en embuscade, veut profiter du peu de bien que l’activité de quelques-uns apporte et exprime sa déception en vitupérant les sacrifiés, les démunis, parce qu’il n’a pas atteint son objectif.

Je vis, je suis partisan. C’est pourquoi je déteste ceux qui ne prennent pas parti, je déteste ceux qui sont indifférents. »

d’après « les citations » d’Ernesto Scelza



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