2024-07-16 14:29:17
C’est un chasseur de têtes qui, en 2020, a déniché Frédéric Perron en Pologne pour venir se joindre au groupe Cogeco, qui cherchait un nouveau responsable de ses activités canadiennes dans la câblodistribution. Absent du Québec pendant plus de 25 ans afin d’occuper des postes de haute direction dans cinq pays, le nouveau PDG de Cogeco était mûr pour un retour à la maison.
Publié à 1h04
Mis à jour à 6h00
Après avoir décroché un baccalauréat en marketing et finances de l’Université McGill et une maîtrise en management de l’Université Queen’s, Frédéric Perron est rapidement parti travailler à Toronto comme consultant en télécoms, avant d’être embauché par T-Mobile à New York.
En 2009, Deutsche Telekom l’embauche à Londres, où il travaille durant trois ans avant d’être recruté par l’entreprise britannique Vodafone dans le programme de développement des leaders, où il décide d’aller travailler à Prague, en République tchèque.
Le PDG de Vodafone, Guy Lawrence, est nommé, en 2013, PDG de Rogers au Canada et il demande à Frédéric Perron de rejoindre l’équipe séniore de gestion à Toronto. En 2016, T-Mobile rappelle M. Perron et lui demande de redresser ses activités en Pologne. Il part avec sa femme à Varsovie pour diriger une équipe de 3000 personnes ; c’est là-bas que ses deux filles vont voir le jour.
« En 2020, en pleine pandémie, Cogeco m’a approché pour que je prenne en charge les opérations canadiennes de câblodistribution sous la direction de Philippe Jetté. Ma femme et moi, on était contents de revenir au Canada pour nous installer à Burlington, près de Toronto », résume Frédéric Perron.
Pourquoi Burlington, alors que le siège social de Cogeco est à Montréal ?
« Parce que ça prenait une présence en Ontario, où on réalise deux fois plus de revenus qu’au Québec. Mon mandat était d’optimiser les opérations canadiennes », explique le nouveau PDG de Cogeco.
Cogeco réalise la moitié de ses revenus de câblodistribution au Canada et l’autre moitié aux États-Unis depuis l’acquisition en 2012 de l’entreprise Atlantic Broadband, qui dessert aujourd’hui 13 États américains du nord-est des États-Unis ainsi que la Caroline du Sud, la Floride et l’Ohio, plus à l’ouest.
Après des années consacrées à la construction du réseau de l’entreprise au Canada et aux États-Unis, l’ex-PDG Philippe Jetté a entrepris il y a quelques années le repositionnement de Cogeco vers le service à la clientèle.
Notre centre de gravité a longtemps été l’ingénierie, là, il fallait développer notre muscle ventes-marketing-service à la clientèle. Ce qu’on a fait et que l’on continue de faire.
Frédéric Perron, PDG de Cogeco
Le nouveau PDG est officiellement entré en fonction en mars dernier, mais il était impliqué depuis plusieurs mois déjà dans le plan de succession de Philippe Jetté, qui est parti à la retraite.
Percées en régions rurales et arrivée du sans-fil
Au cours des deux dernières années, Cogeco a profité du programme subventionnaire du gouvernement Legault pour le branchement à l’internet haute vitesse pour les régions rurales non desservies ou mal desservies.
« On cumule 50 000 nouveaux branchements dans les Laurentides, en Estrie, en Mauricie ou au Saguenay. Là, on s’engage dans un programme similaire en Ontario où on prévoit réaliser 50 000 nouveaux branchements », souligne le PDG.
Fidèle à sa nouvelle stratégie, le groupe tente aussi d’offrir à ces nouveaux clients les services de télédistribution, tout comme il compte le faire avec ses nouveaux clients ontariens.
« On va aussi le faire aux États-Unis. Le président [Joe] Biden a adopté un plan de 42 milliards pour le branchement à la connexion haute vitesse dans les régions rurales. Le programme devrait bientôt se mettre en marche », anticipe le PDG.
Mais déjà, les activités de Cogeco aux États-Unis viennent de prendre du coffre, puisque l’entreprise s’est lancée depuis mai dernier dans la téléphonie sans fil.
Grâce à une entente avec AT&T, Cogeco peut offrir à sa clientèle la téléphonie sans fil tout en payant des frais mensuels pour l’utilisation du réseau du géant américain.
« On l’offre à nos clients existants comme on va l’offrir à nos nouveaux clients. Il y a un segment grandissant de nouveaux abonnés qui veulent avoir accès à un bouquet de services plutôt que d’y aller à la carte chez plusieurs fournisseurs », expose le PDG.
Mais le but ultime de l’opération est de solidifier et d’accélérer la croissance des activités internet de Cogeco, convient Frédéric Perron.
La même stratégie va s’appliquer au Canada, où Cogeco est en pourparlers avec les grands opérateurs pour arriver à une entente de partage de leur réseau, mais il y a beaucoup de détails à régler. Cogeco souhaite une entente de gré à gré, mais si ce n’est pas possible, il y aura alors un arbitrage du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
« Au Canada comme aux États-Unis, on espère rentabiliser ces activités de téléphonie mobile, mais ce qui est plus important, c’est la rétention de nos clients, d’arriver à réaliser des ventes croisées », estime le président de Cogeco.
Le groupe compte bien profiter de sa nouvelle marque de l’internet résidentiel à faible coût, oxio, acquise il y a moins de deux ans d’une petite entreprise de Québec, pour courtiser les plus jeunes consommateurs. Il n’est pas exclu que la plateforme oxio soit lancée aux États-Unis.
Cette mixité avec les États-Unis va aussi se matérialiser par la fusion des équipes canadiennes et américaines dans de nombreux secteurs comme les ventes-marketing ou l’ingénierie.
« On veut profiter de l’expertise des équipes des deux pays pour avoir des équipes transfrontalières fortes. On veut aller chercher les meilleures pratiques en consolidant nos opérations. C’est notre nouveau modèle opérationnel », résume celui qui a longtemps œuvré à l’étranger.
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