Grenoble : le ras-le-bol des habitants du quartier Saint-Bruno, gangréné par le trafic de drogue

Grenoble : le ras-le-bol des habitants du quartier Saint-Bruno, gangréné par le trafic de drogue

Grand soleil en ce mardi après-midi, place Saint-Bruno à Grenoble. Le marché se termine. Certains y font leur pause-déjeuner, comme ce jeune homme qui travaille dans le secteur. “J’aime bien venir ici, quand il fait beau. C’est un quartier vivant mais je sais bien que c’est un point de deal important. Après, je ne me sens pas en insécurité. Mais c’est aussi que chacun reste à sa place.

Deux mondes se côtoient à Saint-Bruno

Et en effet, deux mondes se côtoient sans jamais se rencontrer. D’un côté, les choufs -comprenez les guetteurs, souvent très jeunes- qui alertent de l’arrivée de la police et crient, à plein poumons : “Ca passe! Ca passe!” Et de l’autre, les habitants qui vaquent à leurs occupations, comme ses mamans qui regardent leurs enfants jouer sur le grand dragon en bois, installé au centre de la place. “Un jour, des jeunes se roulaient un joint sur l’aire de jeux.” raconte un homme attablé à la terrasse d’un restaurant. “Une maman est allée vers eux et leur a dit de partir. Et ils sont partis.”

Mais cette cohabitation est pesante pour beaucoup, comme pour ce commerçant qui vit et travaille là, depuis 2005 : “Je suis fatigué de cette ambiance. Ca se dégrade depuis 2 ans. L’image du quartier n’est pas bonne et cela fait fuir la clientèle.”

L’été dernier, Les dealers ont commencé à ériger des barricades pour se protéger d’une bande rivale qui voulait prendre le contrôle du point de deal. Les autorités ont réagi et la présence des CRS a ramené le calme. “Mais cela n’a pas réglé le problème” déplore un passant. “Ils sont revenus. Regardez ! Ils ont installé leurs fauteuils sur le trottoir pour être à l’aise en attendant le client.”

L’église Saint-Bruno a donné son nom au quartier, devenu synonyme de point de deal © Radio France –
Véronique Pueyo

Parmi les personnes que nous rencontrons, beaucoup refusent de nous parler. “Les gens ont peur” explique un médiateur de la Ville de Grenoble. “Nous, on est là pour discuter avec eux, faire remonter leurs demandes, mais le problème de la drogue, qui ne date pas d’hier, cela ne fait pas partie de notre cahier des charges.

Quitter le quartier

Cette habitante, que nous appellerons Marguerite, accepte, elle, de nous parler, sans mâcher ses mots : “Quand j’étais étudiante, j’habitais ici. Je suis tombée amoureuse du coin, on est près de tout, de la gare, des commerces. C’est populaire et vivant. Donc, une fois installée dans la vie, j’y ai acheté un appartement. Mais depuis trois ans, je ne pense qu’à une chose, le vendre et partir d’ici. Je suis très déçue. On a fait plein de réunions publiques, on a vu le préfet, le procureur. Mais finalement, rien ne change.

Et Marguerite poursuit, en nous montrant une petite rue qui débouche sur la place : “Voyez, ils sont là ! Ils ne se cachent pas. Ils ont la drogue et l’argent, dans un grand sac. Moi, je voudrais qu’on applique la loi et qu’on pénalise aussi le client. Mais je n’ai jamais rien vu de tel ici.”

Marguerite aimerait aussi qu’on rouvre le commissariat de quartier, qui a fermé ses portes au début des années 2000. “Je suis certaine que ca pourrait améliorer les chose!”

2024-03-19 22:19:05
1710876765


#Grenoble #raslebol #des #habitants #quartier #SaintBruno #gangréné #par #trafic #drogue

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.