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Guerre cognitive, quotidien Junge Welt, 7 août 2024

2024-08-07 01:00:00

Chirurgie à cerveau ouvert. Vous ne pouvez pas imaginer que la guerre cognitive soit aussi rustique

Non, ce n’est pas une idée qui est venue à l’esprit de l’auteur d’un roman de science-fiction, mais plutôt un concept officiel de l’Otan qui existe depuis 2020. La définition la plus succincte du terme « guerre cognitive » est peut-être celle de Marie-Pierre Raymond, qui travaille au Centre de recherche et de développement pour la défense Canada (RDDC) : La guerre cognitive est « la forme de manipulation la plus avancée disponible aujourd’hui ».

Cela exprime sans détour que « l’alliance des valeurs » de l’OTAN s’efforce de mener une bataille pour les esprits. Le cerveau est ainsi comme un ordinateur qu’il faudrait pirater, avec pour résultat, par exemple, que la tête hackée ne soit plus opposée à la guerre. Il ne s’agit pas de bons arguments et explications, mais plutôt de techniques destinées à susciter certaines réactions ou sentiments psychologiques profonds. La conscience et les émotions des gens deviennent le nouveau théâtre de la guerre.

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Une telle « puissance douce » semble à première vue moins martiale et moins brutale qu’une guerre typique utilisant des systèmes d’armes conventionnels. Mais premièrement, par exemple, la tranchée classique n’a pas fait son temps, comme dans le cas de la guerre en Ukraine, et il existe une menace réelle liée aux armes nucléaires. Deuxièmement, il faut imaginer la guerre cognitive comme un complément à la guerre traditionnelle. Sans parler des considérations éthiques : l’OTAN elle-même prétend y croire « Aspects biophysiques, comportementaux, biochimiques et génétiques des capacités cognitives et du comportement humain » travailler. La cible de tels actes de guerre n’est pas en premier lieu l’ennemi (qui est aussi l’ennemi), mais plutôt ses propres citoyens. Cela soulève quelques questions sur la légitimité de telles méthodes, car elles sont particulièrement efficaces lorsqu’elles passent inaperçues. Comment est-il censé y avoir un tel contrôle démocratique ?

La distraction, les troubles de la mémoire ou de l’attention ne sont que quelques-uns des outils utilisés pour atteindre l’objectif d’orienter les opinions et les actions. Il va sans dire que les réseaux sociaux sont largement manipulés à l’aide du big data. L’OTAN affirme parfois qu’il s’agit de méthodes utilisées par l’ennemi, la Russie ou la Chine. Même si cela n’est pas admis, on peut supposer que les États de l’alliance transatlantique utilisent des moyens similaires ; après tout, l’objectif est d’être « défensif ».

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Il reste à déterminer si l’absence de réaction sociale face au bellicisme et au stationnement annoncé d’armes balistiques à longue portée en Allemagne peut être attribuée aux dernières techniques de manipulation. Les méthodes actuelles visent à changer la « vision du monde » de l’adversaire extérieur et celle du critique et du sceptique à l’intérieur. Une partie de la gauche locale, sans parler des Verts, est déjà favorable aux livraisons d’armes et à la préparation à la guerre.

Le président colombien Gustavo Petro attache une certaine importance au problème de la guerre cognitive. En juin dernier, il a organisé une conférence sur le sujet, au cours de laquelle l’objectif d’une « société libre sans manipulation de l’information » a été affirmé. Pour échapper à la militarisation du cerveau, la société a besoin d’une résilience commune qui doit devenir défensive, non pas dans un sens militaire, mais dans un sens critique. Le cas du Venezuela en est aujourd’hui un bon exemple. Demander au président Nicolas Maduro de présenter les résultats complets des élections crée une fausse impression, car ce n’est pas lui et son gouvernement qui en sont responsables, mais une autorité indépendante qui dispose de 30 jours pour le faire. Le fait que les États-Unis et d’autres pays occidentaux déclarent un candidat de l’opposition vainqueur de l’élection sans attendre le résultat final officiel s’inscrit dans le cadre de la guerre cognitive.

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