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Haumer et Heine : compter et chanter

by Nouvelles
Haumer et Heine : compter et chanter

2024-04-05 03:02:58

Günter Haumer © 2024 par ghaumer.com Paris, samedi 16 mars 2024. Théâtre de la Ville. Textes de Heinrich Heine. Músicas de Robert Schumann (Belsatzar, Les Deux Grenadiers), Hans Pfitzner (Quatre Chansons, op 4), Franz Liszt (Le matin je me lève et demande, Au début je me sentais presque découragé, Mes chansons sont empoisonnées, Dans le Rhin en la belle rivière), Franz Schubert (Le sosie, L’Atlas), Mario Castelnuovo-Tedesco (Zu Halle im Markt, Sommerabend, À la table du thé), Clara Schumann (Je me tenais dans des rêves sombres, Ils s’aimaient tous les deux, La Lorelei ), et Felix Mendelssohn (Chanson de voyage, On Flights of Song, New Love). Avec Sergio Maggiani, acteur ; Barbara Moser, pianiste ; et Günter Haumer, baryton. 0,0001974

Günter Haumer ne fonde pas sa carrière sur une voix impressionnante, surtout dans l’acoustique extrêmement désagréable, sèche comme le désert, du Théâtre de la Ville. Ce qui impressionne Haumer, c’est le talent artistique du chanteur. Et il l’a démontré lors du récital autour des poèmes de Heine, le 16 mars au Théâtre de la Ville.

L’art de compter.

Haumer commence le récit en s’adressant à nous comme à un ami et nous raconte-chante Balthazar. Il suffit de connaître de loin l’anecdote biblique pour le comprendre, même sans même être germanophone. Non seulement sa diction (beaucoup plus claire que celle de l’acteur qui, avec des relents de théâtre ancien, s’occupe d’ailleurs d’un point ringard après la traduction), c’est aussi cet art subtil du conteur qui sait faire le public suit l’histoire, étape par étape. Ça ne sera pas Balthazar de Schumann, tout au long du récital, le seul exemple de Haumer d’un tel talent de compteur.

Art de la variété

Une théâtralité sincère – que souhaiteraient de nombreux acteurs – permet à Haumer de varier ses accents au sein de chaque chanson. Il permet également de créer différents environnements sonores. Ainsi, le récital, compte tenu de la variété de la poésie de Heine, est aussi un voyage à travers des mondes différents. Et ainsi nous parcourons l’anecdote susmentionnée, un point terrifiant dans l’ancienne salle de banquet, à travers la salle des élites évoquée avec moquerie, à travers les rêves typiquement romantiques, à travers les idylles et les chagrins, et même à travers le dialogue assez chauvin (je ne sais pas pourquoi Heine a pensé à écrire Les deux grenadierssans doute pour se faire plaisir auprès d’un ami fan de Napo, mais bon)

art de l’émotion

Tout cela ne serait rien si Haumer n’avait pas aussi la maîtrise de l’émotion, car finalement, dans un spectacle, dans une œuvre d’art, nous recherchons tous cela, « l’émotion ». Et ce n’est pas toujours facile de le donner. Il est vrai que le matériel était excellent (comme les Mendelssohn sont beaux, comme les Clara Schumann et les Pfitzner sont intéressants, et quelle finesse et quelle inventivité dans l’écriture de Liszt, comme Schubert est impressionnant…). Haumer sait donner des silences quand il le faut, augmenter la dramaturgie, monter ou baisser les volumes, sans jamais perdre en musicalité, pour toucher au but et nous toucher là où naît l’émotion.

L’art du rapport

Mais nous avons eu tort de parler uniquement du baryton. Il aurait fallu parler dès le début d’un animal mythique, comme le centaure ou la sirène, le baripien, mi-voix, mi-piano, tel est le rapport entre Barbara Moser et Günter Haumer. Les doigts de Moser courent autour du piano comme des cerfs, jouent comme des loups, s’imposent comme propriétaires, ou le caressent avec la tendresse d’un amoureux – pardonnez-moi, je me suis laissé emporter par le lyrisme – donnant toujours du sens, toujours en accord avec le texte et avec la musique. Une vraie leçon. Et j’essaie de penser l’un et l’autre séparément et je me rends compte que, si les images du baryton et du pianiste sont différentes, dans mon oreille la mémoire musicale est commune.

Comme je l’ai dit, un Baripiano.

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