La chute de l’Empire romain, sur des échelles que les Romains n’auraient pas été capables de comprendre ou d’imaginer – du microscopique au global – a été le triomphe de la nature sur les ambitions humaines. Le destin de Rome a été influencé par de multiples acteurs tels que les empereurs, les Barbares, les sénateurs, les généraux, les soldats, les esclaves, mais également les bactéries, les virus, les volcans et les cycles solaires. Avec les avancées scientifiques récentes, nous commençons à peine à saisir le rôle majeur des changements environnementaux auxquels les Romains étaient insensibles.
L’historien Kyle Harper propose une explication alternative à la chute de l’Empire romain. Il met en lumière l’impact du rayonnement solaire, des microbes, des éruptions volcaniques et des variations climatiques dans cette analyse climatique de la chute de Rome. Cette approche est permise par les progrès technologiques qui nous permettent de croiser les données naturelles avec les récits historiques.
Kyle Harper, dans son livre acclamé, retrace une nouvelle histoire climatique de la chute de l’Empire en tenant compte de ces facteurs, ce qui résonne avec nos préoccupations contemporaines concernant le réchauffement climatique et les épidémies. Néanmoins, cette approche écologique de l’histoire est sujette à des débats au sein de la communauté scientifique.
L’historien s’inscrit dans un courant de plus en plus présent dans la discipline historique qui intègre les facteurs environnementaux dans l’analyse des événements historiques.
Dans une leçon donnée au Collège de France, Harper explique l’importance des archives naturelles comme les carottes glaciaires et les cernes d’arbres qui permettent de reconstruire l’histoire du climat.
En tant qu’historien, Harper met en garde contre le déterminisme environnemental tout en soulignant l’importance des facteurs environnementaux dans l’histoire. Pour lui, il s’agit d’intégrer les facteurs humains et environnementaux pour comprendre le destin des sociétés.
Il souligne également le lien entre les changements climatiques et la survenue de la peste antonine, soulignant que les institutions romaines ont survécu à cette crise en se réorganisant et en redistribuant le pouvoir de manière plus inclusive.