Hun Manet se dit d’accord avec l’étiquette “autoritaire” et cite la stabilité

Il y a à peine plus de trois mois, la nouvelle Assemblée nationale du Cambodge a officialisé ce qui était prévu depuis de nombreuses années.

Le 22 août, les législateurs ont voté pour faire de Hun Manet, 45 ans, le nouveau Premier ministre du pays. Le roi Norodom Sihamoni l’a assermenté au Palais Royal peu de temps après.

On a beaucoup discuté de la capacité du fils aîné d’un homme qui a dirigé le Cambodge pendant des décennies – parfois de manière impitoyable – à exercer seul le pouvoir.

Jeudi, Hun Manet a marqué ses 100 premiers jours avec un message d’avertissement qui ressemble beaucoup à celui de son père, Hun Sen, devenu Premier ministre pour la première fois en 1985.

“Je ne laisserai pas les gens accuser le nouveau gouvernement d’être incapable de maintenir la paix pour le peuple, surtout parce que cette paix a été difficile à atteindre avec un grand dévouement de la part de notre nation”, a-t-il déclaré lors de la cérémonie d’inauguration d’un barrage dans la province de Koh Kong. .

Il vaut mieux que les critiques disent qu’il est un dirigeant autoritaire plutôt que que les gens pensent qu’il est incapable de diriger le pays, a-t-il déclaré.

Une telle perception de faiblesse pourrait replonger le Cambodge dans la guerre civile, a-t-il déclaré – un rappel des efforts déployés par son père dans les années 1990 pour ramener les derniers réfractaires des Khmers rouges sous le contrôle du gouvernement.

Hun Sen, 71 ans, a démissionné de son poste de Premier ministre en août mais conserve son influence en tant que président du Parti populaire cambodgien au pouvoir. Il est également récemment devenu président du Sénat.

Lors d’une conférence de presse le 23 novembre, le porte-parole du gouvernement, Pen Bona, a noté que la paix et l’ordre avaient été maintenus après le transfert du pouvoir en août.

David Hutt, chercheur à l’Institut d’Europe centrale d’études asiatiques à Prague et commentateur pour RFA, a déclaré cette semaine que « l’instabilité politique » ne semble pas être un facteur sous Hun Manet.

“Il a montré que son administration ne sera pas pire que celle de son père, ce qui ne veut pas dire grand-chose”, a-t-il déclaré. “Son pouvoir semble assuré et il n’y a aucun signe de mécontentement interne concernant sa succession.”

« Les gens sont surendettés »

Pendant des années, les dirigeants de l’opposition ont critiqué le RPC pour ne pas s’attaquer à la corruption gouvernementale et aux inégalités de revenus.

“Le problème urgent est que notre peuple est surendetté et que ses propriétés sont susceptibles d’être saisies car il est incapable de générer suffisamment de revenus pour rembourser ses dettes et ses intérêts”, a déclaré Son Chhay, vice-président du parti d’opposition Candlelight.

« Des centaines de milliers de nos travailleurs migrants partent travailler dans les pays voisins sans papiers appropriés », a-t-il déclaré. «C’est une question qui a causé de nombreuses difficultés à nos citoyens. Pourtant, il n’a rien fait à ce sujet.

Peu après son entrée en fonction, Hun Manet a dévoilé une note stratégique de 22 pages décrivant les plans du gouvernement pour accroître l’emploi, réduire la pauvreté et promouvoir la bonne gouvernance.

L’objectif est de faire du Cambodge un pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030 et un pays à revenus élevés d’ici 2050, a-t-il déclaré.

En septembre, il s’est adressé au Assemblée générale des Nations Unies à New Yorkinsistant sur le fait que les élections générales de juillet ont été libres et équitables et « crédibles et justes », même si le Candlelight Party n’a pas été autorisé à concourir.

Il a également semblé s’adresser à Réclamations américaines et Imagerie par satellite cela pourrait montrer que la Chine est en train de construire une base militaire dans le port de Sihanoukville.

En octobre, il s’est rendu à Pékin pour assister à la conférence de l’Initiative chinoise de la Ceinture et de la Route – son deuxième voyage dans la capitale chinoise en 2023. Plus tôt cette année, lui et Hun Sen a rencontré le président Xi Jinping lors d’une visite officielle.

Et en novembre, il a présidé le Forum annuel gouvernement-secteur privé à Phnom Penh, où il a annoncé des initiatives visant à encourager davantage d’investissements étrangers dans la propriété. Il a également exhorté les sociétés de microfinance à permettre aux propriétaires de refinancer plus facilement leurs prêts hypothécaires en souffrance.

« Conducteur sur la banquette arrière »

Mais la semaine dernière, un homme qui a critiqué le PCP au pouvoir sur Facebook pour son incapacité à empêcher l’immigration clandestine en provenance du Vietnam et la consommation de drogues a été critiqué. condamné à trois ans en prison – preuve que la pratique de longue date du gouvernement consistant à s’en prendre aux critiques va se poursuivre.

« Personne ne devrait s’attendre à une réforme politique ou à une ouverture démocratique », a déclaré Hutt. “Ce qui sera intéressant de voir, c’est à quel point il sera l’otage du secteur privé, en particulier des puissants magnats.”

Pen Bona a déclaré aux journalistes que trois mois « ce n’est pas une longue période » pour juger un nouveau Premier ministre.

Il a évoqué les projets visant à assurer des soins de santé universels pour tous les Cambodgiens, à fournir une formation technique gratuite à 1,5 million de Cambodgiens issus de milieux pauvres et à mettre en place un système de santé. autorité nationale chargée de régler les litiges civils en dehors du système judiciaire encombré.

Mais le chef de l’opposition en exil, Sam Rainsy, a écrit mercredi dans The Diplomat qu’« il est inutile de rechercher des signes de changement positif sous un ‘nouveau régime’ alors qu’en fait aucun transfert de pouvoir n’a eu lieu. »

“Il n’y a aucune preuve que Hun Manet soit capable de gouverner sans son père comme conducteur à l’arrière”, a-t-il déclaré.

Sur Facebook, il a écrit que les 100 premiers jours de Hun Manet ne devraient pas être marqués comme une célébration, mais plutôt comme un « deuil ».

« Il y a plus de prisonniers politiques, plus de menaces et plus de règles autoritaires », écrit-il.

Lors de l’inauguration des travaux à Koh Kong, Hun Manet a semblé répondre publiquement à ces commentaires.

« Quel que soit le deuil, vous le portez seul », a-t-il déclaré. « Des millions de nos concitoyens viennent de célébrer la Fête de l’Eau. Est-ce qu’ils sont en deuil ou en fête ?

Traduit par Sovannarith Keo. Edité par Matt Reed et Malcolm Foster.