Identification des facteurs climatiques de la saisonnalité du virus respiratoire syncytial (VRS) à Antananarivo, Madagascar, 2011-2021 : une étude de surveillance sentinelle

Discussion

Dans cette étude, nous avons utilisé une série d’approches de modélisation pour (1) caractériser les corrélats des infections à VRS signalées, (2) quantifier la structure par âge de la force de l’infection à VRS, (3) documenter la saisonnalité de la transmission du VRS et (4) identifier les facteurs climatiques possibles de cette saisonnalité dans le contexte à faible revenu d’Antananarivo, à Madagascar.

Notre examen des tendances interannuelles des données climatiques suggère que les précipitations, l’humidité et la température ont toutes augmenté au cours de la période d’étude de la dernière décennie à Antananarivo, mais que la charge moyenne de cas de VRS est restée constante. Comme de fortes précipitations sont associées à des taux de transmission du VRS élevés, mais qu’une humidité élevée est associée à des taux de transmission du VRS plus faibles dans notre ensemble de données, il est possible que ces facteurs climatiques aient eu des effets largement neutralisants sur la charge globale du VRS tout au long de notre série chronologique. Néanmoins, nos modèles statistiques démontrent un effet plus prononcé des précipitations sur la variation globale de la transmission du VRS observée, comme cela a été signalé dans d’autres régions tropicales qui présentent une humidité annuelle moyenne élevée avec une variation minimale au cours de l’année.17 Bien qu’il n’existe pas de modèle animal permettant de tester empiriquement les effets du climat sur la transmission du VRS, des travaux expérimentaux sur la grippe ont démontré que des conditions de faible humidité favorisent la transmission entre cobayes, en raison soit d’une survie accrue du virus, soit d’une durée prolongée de circulation du virus dans les aérosols dans des conditions plus sèches.60 En revanche, bien qu’une influence des précipitations à l’échelle de la population ait été observée sur la grippe60–62 et VRS18 63 En ce qui concerne la transmission du virus respiratoire syncytial, cet effet n’a jamais été testé expérimentalement. De futures études élucidant empiriquement les mécanismes qui sous-tendent les impacts climatiques sur la transmission des virus respiratoires contribueraient grandement à valider nos résultats. Les impacts futurs du climat sur la transmission du VRS dépendront probablement de la pente relative de l’augmentation projetée de chaque facteur climatique dans une localité spécifique : au cours de la dernière décennie, les précipitations ont augmenté à un rythme plus rapide que l’humidité dans la région tropicale d’Antananarivo. Si les tendances actuelles se maintiennent, des précipitations plus élevées pourraient favoriser la transmission future du VRS au-delà des effets modérateurs de l’humidité.

Notre étude comporte plusieurs limites. Nos données ont été limitées à quelques sites de signalement à Antananarivo, la plupart des échantillons ayant été reçus d’un site sentinelle (CENHOSOA). Cette géographie restreinte entrave quelque peu notre capacité à tirer des conclusions sur les grandes tendances de la dynamique du VRS à Madagascar. De plus, comme Madagascar est une île isolée dans le sud-ouest de l’océan Indien, la compréhension des facteurs de transmission du VRS dans cette localité peut avoir un potentiel limité de généralisation à l’ensemble des zones tropicales. La grippe, par exemple, présente une dynamique saisonnière erratique à Madagascar qui ne suit pas les modèles reconnus à l’échelle mondiale.70 Les données sur la transmission à Madagascar ne sont pas suffisamment fiables pour orienter les interventions politiques ou la surveillance ailleurs. Une autre limite de notre étude est la ségrégation nécessairement arbitraire de la population en classes d’âge distinctes pour l’estimation de la liberté d’information. Bien que nous ayons tenté de prendre en compte toutes les délimitations d’âge pertinentes et plausibles en ce qui concerne la transmission, il est possible que nous ayons négligé des dynamiques importantes cachées dans des hypothèses non testées. De plus, comme mentionné, notre ensemble de données était limité aux seuls cas de VRS signalés. Un échantillonnage prospectif plus étendu de manifestations de maladies moins virulentes – soit par des tests moléculaires, soit, de manière plus réaliste, par la sérologie – améliorerait considérablement nos conclusions sur la transmission du VRS. Enfin, l’étude des séquences génomiques nous permettrait de tester des hypothèses sur l’impact de la diversité des génotypes du virus sur la dynamique asynchrone et hors saison.

Au total, notre étude souligne le lourd fardeau de morbidité et de mortalité que représente le VRS pour les jeunes enfants à Antananarivo et met en évidence le rôle important du climat dans la propagation des épidémies saisonnières. Les changements futurs des paramètres climatiques, en particulier les précipitations, sont susceptibles d’avoir un impact sur la dynamique du VRS et peuvent avoir un impact sur la transmission, au moins à court terme, à Madagascar. L’introduction de nouvelles stratégies d’intervention est grandement nécessaire pour atténuer le lourd fardeau de mortalité du VRS dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), en particulier compte tenu de l’intensification possible de la charge en réponse au climat. Les vaccins contre le VRS pour les patients plus âgés et les femmes enceintes, ainsi que le traitement par anticorps monoclonaux pour les nouveau-nés, sont récemment devenus disponibles dans les pays à revenu élevé.74 Malgré les projections d’impact positif,75 Ces interventions n’ont pas encore atteint les pays du Sud, en grande partie en raison des barrières financières élevées et du manque de sensibilisation des autorités sanitaires régionales et des communautés au fardeau du VRS. Les pénuries de ressources humaines, financières et matérielles, qui compromettent la fourniture de services de santé de qualité, constituent toujours un sérieux défi dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Comme la majorité des recherches sur les virus respiratoires sont concentrées dans les pays du Nord, les interventions disponibles peuvent en outre avoir une efficacité limitée dans les pays du Sud. À Madagascar, la vaccination contre la grippe n’est pas incluse dans le programme élargi de vaccination et, même si elle est disponible, les recommandations vaccinales pour les hémisphères Nord et Sud devraient être largement inefficaces contre les souches grippales spécifiques à Madagascar.76 Il est donc indispensable de développer la recherche sur la dynamique et les facteurs de la circulation des virus respiratoires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire afin d’éclairer la conception de traitements pertinents et de guider le plan le plus efficace pour leur introduction. De plus, étant donné que les vaccins ne sont pas largement accessibles et abordables pour l’ensemble de la population, les efforts doivent être concentrés sur les populations vulnérables et les ressources allouées en conséquence. La répartition équitable à l’échelle mondiale de la recherche sur les maladies infectieuses et des interventions correspondantes doit être une priorité majeure de santé publique pour la prochaine décennie.

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