« Il Corsaro » à la mémoire du couple Noureev-Fonteyn

« Il Corsaro » à la mémoire du couple Noureev-Fonteyn

Que d’opium circulait dans les ballets du XIXe siècle ! Dans la “Bayadère” le guerrier Solor pour se consoler de la mort de Nikiya s’attache au narguilé. Et une foule de fantômes bayadères lui apparaissent. Dans le “Corsaro”, Pasha Seyd joue avec les substances et le jardin s’anime avec des demoiselles fleuries. Après tout, il fallait justifier « l’acte blanc », le motif onirique que le ballet de la fin du XIXe siècle avait hérité de la danse romantique (sylphes, willi et autres êtres d’un autre monde).

Ainsi le “Jardin animé” dans la vision du Pacha au milieu des roses et des guirlandes ne manque certainement pas dans le “Corsaire”, le ballet que Manuel Legris a monté pour La Scala, compagnie dont il est le directeur et qu’il met en scène. jusqu’au 17 mars.

Avec des costumes et des décors de Luisa Spinatelli, ce « Corsaire » apparaît encore plus captivant que la mise en scène que Legris créait pour l’Opéra de Vienne lorsqu’il dirigeait sa compagnie de danse.

Il y a beaucoup de danse dans ces reprises de ballets du XIXe siècle, où, laissant de côté autant que possible la pantomime, la tâche de faire avancer la dramaturgie est confiée à la danse. Le conte de Lord Byron dont procède le livret reste largement en retrait au profit d’événements qui ont enthousiasmé le public du ballet populaire. “Le Corsaire” est né à l’Opéra de Paris en 1856. Mais déjà en 1848 Giuseppe Verdi avait écrit un opéra

Nous avons ici affaire à un marchand d’esclaves Lankedem qui enlève les belles Medora et Gulnara pour les revendre au marché d’Adianopoli. Le pacha les désire mais aussi le corsaire Conrad, en apercevant Médora, tombe amoureux d’elle et la veut pour lui. Alors il les saisit et les emmène sur l’île où les pirates se sont réfugiés. Nous aurons déjà vu le « Pas d’Esclave » à la « Danse des forbans » pour la compagnie.

Le moment magique du second acte est le fameux pas de deux qui fut longtemps en Occident le seul connu de ce ballet grâce à l’interprétation de Rudolf Noureev et Margot Fonteyn ; encore visible sur youtube.

Un ballet qui poursuit son chemin par accumulation. Tant dans la musique d’Adam à laquelle s’ajoutent de nombreux autres inserts (Pugni, Oldenbourg), que dans la chorégraphie qui après Mazilier et Perrot voit Marius Petipa, le grand père de la danse russe, dans le rôle d’arrangeur définitif.

Pour donner un exemple d’insertions ultérieures, c’est précisément le « Jardin animé », musique de Lèo Délibes, qui fut introduit en 1867 pour la nouvelle étoile de l’Opéra de Paris Adèle Grantzow. Une débauche de fleurs et de guirlandes à laquelle participent également les élèves de l’académie

À Scala, les forces de la maison alternent, sans avoir besoin d’étoiles invitées. Tous en pleine forme des protagonistes aux solistes en passant par le corps de ballet qui danse avec une grande motivation. Dans la réplique que nous avons vue, Nicola del Freo (Conrad), Martina Arduino (Medora) Maria Celeste Losa (Gulnara) Marco Agostino (Lankedem) Claudio Coviello (Birbanto) et Antonella Albano (Zulmea) ont dansé. Dans le premier casting Nicoletta Manni.

Il est évident que la direction de la danse de Machar Vaziev et maintenant celle de Legris ont fait beaucoup de bien à la compagnie. Et les résultats pouvaient également être vus à la télévision. Car avec cette belle production, La Scala a inauguré la plateforme LaScala.tv où vous pouvez regarder des ballets et des opéras made in Milan depuis chez vous.

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