Home » Économie » « Il faut réduire la production de 75 % »

« Il faut réduire la production de 75 % »

by Nouvelles

25 novembre 2024 à 9h16 Mis à jour le 25 novembre 2024 à 9h40

Temps de lecture : 6 minutes



Que pensez-vous de ce « non-papier » au fond ?


Beaucoup d’entre nous, ONG, mais pas seulement, soulignent son manque d’ambition. L’idée du président est évidemment de rassembler largement. Sauf qu’en essayant de le collecter trop largement, il ne reste plus beaucoup de contenu. Ce texte traite essentiellement des déchets, du recyclage, de la prévention et des mécanismes financiers. Mais il n’aborde pas du tout ce qui tend, à savoir les questions de réduction de la production, la question des substances toxiques et encore moins celle du carbone qui reste un tabou absolu. Même notre ministre a estimé que ce texte méritait d’être grandement enrichi.



Un consensus semble impossible compte tenu de l’état actuel des positions.

Par nature, il ne peut y en avoir. Mais je ne pense pas qu’il faille en tirer une conclusion négative. Lorsqu’il y a consensus, soit on se retrouve avec des textes ambitieux, mais pas forcément applicables sur le terrain car l’application est laissée à la discrétion de chacun, soit on se retrouve avec un texte contraignant, mais dont l’ambition est extrêmement faible. Il est difficile d’imaginer que des États dont l’économie repose à 100 % sur le pétrole ou presque – je pense notamment aux pays du Golfe – signent un texte ambitieux.


Pour nous, l’adhésion de tous les pays n’est pas nécessairement une fin en soi. L’enjeu est d’impliquer les pays pertinents, structurants sur la question de la pollution plastique, à savoir les pays occidentaux qui conduisent à cette consommation. Et puis aussi la Chine. Même s’il ne fait pas partie des pays leaders, il y a encore de l’espoir car c’est un pays qui transforme le plastique, pas un pays qui le produit. L’enjeu est moins crucial pour lui que pour un État pétrolier.


Quant aux États-Unis, ils nous ont apporté un immense souffle d’espoir juste avant les élections, avec un réel changement d’attitude de l’administration et des négociateurs, et des discours très encourageants. Désormais, la proximité du futur président avec les intérêts pétrochimiques risque clairement de nous compliquer la tâche.



Quels sont les sujets controversés aujourd’hui ?

Réduction de la production. Une étude du laboratoire de Berkeley récemment publié modélise les résultats des différentes options d’atténuation qui pourraient être prises à Busan. Cela montre clairement qu’une politique axée uniquement sur le recyclage et l’amélioration de la collecte n’apporterait pas de résultats suffisants. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat [limiter la hausse des températures bien en dessous de 2 °C]elle estime qu’il faudrait réduire la production de 75 %.


Plusieurs hypothèses économiques montrent qu’une réduction de 50 % de la production serait déjà tout à fait possible, ne serait-ce que parce que notre production a complètement explosé. Le Pérou et le Rwanda se sont fixés un objectif de réduction de 40 % d’ici 2040. Ils sont les seuls à avoir avancé un élément chiffré pour bousculer un peu le débat, à Ottawa. 40% de réduction d’ici 2040, c’est revenir à la production de l’année… 2015. Nous soutenons cette proposition, non qu’elle soit satisfaisante en soi, mais elle nous semble un point de départ intéressant à discuter.



Que craignez-vous si aucun accord n’est trouvé ?


Notre grande crainte est plutôt que nous nous laissions piéger par la tentation d’un texte à tout prix. Le Secrétariat des Nations Unies nous donne des signes quelque peu inquiétants d’une volonté dans ce sens. Cependant, un traité obtenu à Busan risque d’être un peu médiocre, car il ne répondrait pas au problème tout au long de la chaîne, depuis l’extraction du pétrole jusqu’au consommateur.


Aujourd’hui, toutes les hypothèses sont encore sur la table : de l’échec complet et de la fin des négociations à la poursuite des discussions, avec par exemple le lancement d’une sixième session. Autre hypothèse intéressante : avoir une négociation multilatérale hors du cadre onusien, avec des pays qui concentreraient leurs efforts à convaincre la Chine sur un texte plus ambitieux, plutôt que de perdre du temps avec des pays qui, de toute façon, ne voudront rien entendre sur le fond. sujets.

Il est de retour.

Dans quelques semaines, Donald Trump reviendra à la Maison Blanche.

Un milliardaire, pour qui le réchauffement climatique est « un canular », sera à la tête de la plus grande puissance du monde.

Dans une décennie cruciale pour l’écologie, nous ne pouvons plus nous permettre de perdre du temps.

La société civile doit continuer à se soulever, à se mobiliser et à faire pression sur les puissants.

Mais pour agir, il faut savoir.

Nous sommes convaincus que l’urgence écologique est l’enjeu majeur de notre époque.

Et comme plus de 2 millions de lecteurs chaque mois, vous partagez sans doute cette conviction…

Alors si vous en avez les moyens, sachez qu’un don, même de 1€, est un acte fort de soutien à l’écologie et au journalisme indépendant.

(Et cela vous prendra moins de temps que de lire ce texte).

Si vous le pouvez, choisissez un support mensuel. MERCI.

Abonnez-vous à la newsletter Reporterre

Après cet article

Plastique

Traité mondial sur le plastique : des progrès, malgré les lobbies pétroliers

Remarques

[1] 67 pays dont la France et membres de l’Union européenne

25 novembre 2024 à 9h16 Mis à jour le 25 novembre 2024 à 9h40

Temps de lecture : 6 minutes

Abonnez-vous à la newsletter Reporterre

légende

#faut #réduire #production

You may also like

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.