Il ne veut plus de ton iris, maintenant il a besoin de ton passeport

En avril de cette année, l’Agence espagnole de protection des données (AEPD) a contraint l’entreprise à annuler ses activités en Espagne, par mesure de précaution. Plus de 400 000 personnes s’étaient déjà inscrites à l’expérimentation. Dans le monde entier, Worldcoin a scanné les iris de près de sept millions de personnes. “Pour de l’argent gratuit, je ne demande même pas”, a déclaré en riant un internaute à ce journal. En deux minutes, vous pouviez obtenir 10 worldcoins, qui équivalaient en échange à environ 60 euros. Ce même utilisateur a indiqué que, lorsqu’il passait par le scanner, il n’était pas informé de la raison pour laquelle les entreprises voulaient ses données biométriques, ni qu’elles ne s’assuraient qu’il était majeur.

Cette pratique, séduisante mais qui cache de nombreux risques en exigeant des données sensibles des utilisateurs, fait l’objet d’enquêtes en France et en Allemagne, et au Kenya, ces scanners oculaires ont même été interdits car il n’est pas clair si la législation du pays a été violée. L’iris est une donnée biométrique. Cela signifie qu’il permet d’identifier une personne sans aucune marge d’erreur. Exactement comme les empreintes digitales. Selon la réglementation, ils ne peuvent être collectés qu’en présence d’un consentement explicite et éclairé, ce qui, dans le cas de Worldcoin, n’a pas été fait, du moins dans notre pays.

Système d’identification universel

Cependant, malgré la controverse suscitée en Espagne, l’objectif de l’entreprise n’a pas changé. Fondée en 2019, World aspire à créer un système d’identification universel, un code qui identifie tout être humain sur le réseau et le distingue des robots ou des intelligences artificielles. Pour y parvenir, l’entreprise optait jusqu’à présent pour créer un code unique basé sur les informations biométriques de l’iris de chaque personne.

Et même si l’on n’y a pas beaucoup insisté, l’entreprise a présenté une nouvelle version de son scanner d’iris, plus rapide et qui permettra d’étendre la présence de l’entreprise à davantage de pays, comme l’Amérique latine. Pour les pays où cette pratique suscite la controverse, ou est directement paralysée, World permettra aux utilisateurs de présenter leur passeport s’il est équipé d’une puce NFC pour une lecture automatique, et contient donc des informations numériques telles qu’une photographie ou les empreintes digitales de la personne.

Ce qui n’est pas clair, c’est si World générera à nouveau des files d’attente de plusieurs kilomètres aux points où ils sont implantés, car sa cryptomonnaie a chuté ces derniers mois et vaut désormais à peine deux euros. Pour le moment, ce nouveau système d’enregistrement, appelé « World ID Credentials », n’est disponible qu’aux États-Unis, en Malaisie et au Royaume-Uni.

La possibilité de scanner le passeport se trouve au sein de l’application de l’entreprise, “sans que World Foundation, TFH ou des tiers ne puissent accéder aux données stockées en dehors de l’appareil”, indiquent-ils. À l’aide du passeport, l’entreprise offre la possibilité d’utiliser le World ID pour prouver des données spécifiques telles que l’âge, la nationalité et la propriété du passeport sans révéler votre identité sur la plateforme en ligne à laquelle vous souhaitez accéder avec cette identité numérique, et sans devoir utiliser des mots de passe.

Il vous permettra par exemple de vérifier votre identité avant de démarrer un appel vidéo sur des services comme Zoom, Meet ou WhatsApp, où une intégration est prévue. L’intention principale de ce projet est d’éradiquer d’Internet la possibilité d’usurper l’identité de quiconque à l’aide d’outils de deepfake.