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il vous suffit de le garder en vie. par Annarita Venuti – Forum sur la santé mentale

by Nouvelles

2024-11-22 12:47:00

Discours d’Annarita Venuti au nom de toutes les associations du Frioul-Vénétie-Julienne en préparation de la conférence de la Coordination Nationale de la Santé Mentale qui se tiendra à Rome les 6 et 7 décembre.

Bonjour et salutations de bienvenue de la part de toutes les associations familiales organisatrices de cet événement.

5 ans se sont écoulés depuis la dernière conférence régionale de 2019 ici au Centre Balducci de Zugliano, Udine, au cours de laquelle, à partir d’un débat proactif et de témoignages forts et pleins d’espoir, un différent degré de réalisation et d’organisation des services, ainsi que des pratiques de récupération. En même temps, nous avons réalisé que le chemin vers un développement plus important et plus uniforme des services serait ponctué de difficultés et de carences de toutes sortes (financières et humaines en premier lieu). Et surtout par le changement politique qui commençait déjà à montrer ses signes.

Beaucoup de choses se sont produites en 5 ans, dont beaucoup que nous n’aurions pas pu imaginer : la pandémie, le mal-être croissant des gens, notamment des plus jeunes, l’augmentation rapide de la privatisation des soins de santé au détriment des soins de santé publics…

Paradoxalement, la pandémie nous avait même convaincu qu’il fallait nécessairement que les choses s’améliorent dans le service public de santé, palliant ainsi aux failles apparues… Mais après 5 ans on ne peut que constater l’absence d’une vision politique éthique et égalitaire, ce qui a pour conséquence triste, notamment la pauvreté sociale, morale et culturelle. La détresse psychologique n’a fait qu’augmenter, en particulier parmi la population jeune, chez les personnes à faible revenu et ayant peu de possibilités de scolarité et de travail. Sans oublier que la peur croissante et fomentée de la différence, y compris des « malades mentaux », a contribué à élargir davantage de murs au sein de la société. Dans ce tissu social, la santé publique est un bien précieux à défendre car pour un nombre toujours croissant de personnes, elle représente la seule possibilité de disposer d’un traitement qu’elles n’auraient pas les moyens de se permettre autrement. Les soins de santé mentale doivent être publics car la souffrance et l’inconfort des personnes souffrant de troubles mentaux doivent être abordés de manière complexe, coordonnée et continue ; elle nécessite une action temporelle souvent de long terme et nécessite donc que les services puissent garantir qu’ils prennent en charge la personne, son projet de rétablissement, qu’ils écoutent et répondent à ses besoins profonds.

Par rapport à il y a 5 ans, nous avons assisté à un affaiblissement à des degrés divers des centres de santé mentale et des trois départements qui se traduit par :

-une réduction des horaires d’ouverture (à Trieste le CSM de Via Gambini est toujours de 12 heures, à Udine deux CSM – Codroipo et Tarcento – sont passés de 12 à 8 heures ; à Pordenone le CSM de Spilimbergo est passé de 12 à 8 heures) ;

– une réduction des effectifs en service ;

– un manque de Manager pour chaque CSM et des changements fréquents de personnel.

On assiste un peu partout au changement de pratique et de culture du travail en équipe et à une prise en charge vers la performance, la division des métiers, la perte de proximité.

Les temps et les espaces de rencontre, d’écoute et de relation sont de plus en plus raréfiés : ce sont les étapes fondamentales pour accompagner la crise et pour la récupération de la subjectivité après une crise ; l’accompagnement dans et de la relation est une étape de plus en plus marginale dans la pratique de tous les services, la fonction de distribution pharmacologique étant privilégiée ; même dans les espaces gérés par le secteur social privé, le temps consacré est de moins en moins, en raison des coupes dans les achats (il y a des coupes dans les projets personnalisés, qui sont également très importants dans certains CSM, ainsi que des coupes dans les différents activités réalisées par les coopératives et les suppressions de postes de travailleurs sociaux qui en résultent ; à cet égard, nous nous demandons si un équilibre différent des 3 axes – logement, travail et social – pourrait rendre les ressources utilisées plus efficaces) ;

Les espaces de débat et de discussion manquent : le silence des opérateurs nous frappe, c’est un silence fait de résignation, de découragement, de solitude et d’incompréhension ; c’est un silence qui ne peut être ignoré, surtout si l’on pense à leur engagement et à leur dévouement sans faille. On sait qu’ils souffrent de fatigue due à la charge de travail, à la désinformation, au manque de participation aux choix de la direction de l’entreprise et du service.

Moins de CSM FORTS ouverts à l’accueil 24h/24, moins de personnel, moins de réseaux de services, moins de projets personnalisés, moins de prévention : tout cela est lié à l’augmentation des GRT. Dans notre région, bien qu’à des degrés d’intensité différents, on a constaté une augmentation des Tsos au cours des cinq dernières années, indicateur indirect de la faible efficacité des programmes préventifs, thérapeutiques et de réadaptation. Une augmentation du Tso expose plus facilement à des traitements pharmacologiques hautement sédatifs et implique des risques de pratiques de contention physique. A cet égard, nous rappelons un cas rapporté par les journaux locaux en juin dernier, lorsqu’un patient hospitalisé à Tso dans un SPDC de la région est décédé : de toute cette affaire nous n’avons que l’article de la presse locale marqué par un fort préjugé selon lequel la souffrance mentale équivaut à un danger social ; le même préjugé qui est véhiculé à chaque fois que ces événements font la une des journaux…

Ce démantèlement progressif des services conduit à des traitements moins efficaces ; dans notre Région, où la loi 180 a été conçue et mise en œuvre de manière plus intense et cohérente que dans le reste de l’Italie, nous ne pouvons pas accepter que les niveaux de soins de santé mentale soient inférieurs à la moyenne nationale. Nous bénéficions toujours d’un avantage relatif, mais si l’on considère qu’en termes de coût moyen par habitant, le FVG est inférieur à -1,30% par rapport au chiffre moyen de 67,50 euros par personne, on peut encore espérer une amélioration étant donné que la Toscane investit 21,2 % de plus… Soulignons que le budget n’alloue que 2,7% de l’ensemble des dépenses de santé à la santé mentale, alors qu’elle devrait être de 5% (dans d’autres pays européens elle atteint 10% et même 14%). Face à une crise qui touche le réseau des services sociaux et aux difficultés croissantes, notamment parmi la population jeune avec des besoins d’écoute et de soutien nouveaux et différents par rapport au passé, nous ne pouvons accepter qu’on nous dise que les fonds alloués sont toujours les mêmes et qu’aucun des coupes ont été opérées : si, face à une demande croissante, les fonds n’ont pas augmenté, cela ne peut que signifier qu’ils manquent en fait davantage ; si les difficultés augmentent, les investissements doivent également trouver une augmentation adéquate.

L’augmentation de la demande face à une réduction des effectifs implique nécessairement une baisse de la qualité des services, une moindre efficacité des interventions qui doivent nécessairement concerner tous les aspects de la vie et ne pas se réduire à la simple administration de médicaments.

Le manque de personnel et de temps à consacrer aux soins se traduit également par le manque de formation et de transmission aux plus jeunes opérateurs des compétences acquises au fil des années, qui sont inestimables si l’on veut continuer à mettre en œuvre la loi 180. Les opérateurs les plus expérimentés sont les véritables gardiens de l’héritage de Basaglia. Mais leur valeur expérientielle accumulée est frustrée, notamment parce qu’ils se retrouvent souvent à travailler sur deux sites ou avec de fréquents changements de collègues ou des collègues embauchés pour de courtes périodes. Cela a évidemment des implications importantes pour la continuité des soins aux personnes fragiles qui, précisément en tant que telles, considèrent l’instabilité et la discontinuité comme une cause de déséquilibre et une opportunité et une nouvelle possibilité de crise.

La pratique quotidienne des soins n’est garantie qu’avec un service public forte et de proximité, qui ne délègue pas la bonne volonté aux coopératives et aux organismes du tiers secteur responsabilité ce que je suis prérogative e compétences propre d’un véritable service de santé mentale publique. Aussi parce que si le service public n’est pas fort et efficace, il existe aussi un autre risque, peut-être même souhaité par une certaine politique : le recours aux cliniques privées au détriment de l’accès direct au service public. Aujourd’hui, nous sommes déjà conscients du recours nombreux à des structures privées dans la Vénétie voisine (qui dépense -24% en santé mentale publique par rapport à la moyenne nationale) ; Malheureusement nous ne disposons pas de données sur le nombre d’admissions de notre Région et la durée des hospitalisations. Avec la triste pensée que la détresse mentale est désormais traitée de la même manière qu’un genou à refaire ou une myopie à corriger… Nous n’avons même pas de données sur le nombre d’admissions directes au urgences pour problèmes psychiatriques (ces dernières données représentent un indicateur du degré d’accessibilité des centres de santé mentale).

A la lumière de ce qui vient d’être dit nous avons décidé de nous réunir 5 ans après la première conférence régionale

  • POUR soutenir des revendications claires,
  • D’affirmer le droit à la protection et au traitement de la santé mentale, principalement au nom des personnes en détresse mentale,
  • POUR construire des alliances et des stratégies pour promouvoir les droits,
  • POUR redonner espoir et conduire à l’optimisme des vraies pratiques de soins.

Rappelons que l’OMS promeut la santé mentale mondiale depuis des années parce que les questions de santé mentale sont intégrées aux grands enjeux de santé et de développement mondiaux. Il n’y a pas de développement mais surtout il n’y a pas de bien-être si la santé mentale n’existe pas ou n’est pas suffisamment garantie.

Nous terminons sur une note positive : au cours de l’année dernière, à Udine, nous avons travaillé à la création d’un Comité de participation ; à Trieste, l’expérience du Comité de Participation avait déjà commencé auparavant et nous espérons qu’elle sera à nouveau valorisée après le changement du Directeur du Département ; nous espérons que Pordenone accueillera également favorablement la proposition déjà avancée par les associations et que de nouvelles idées et projets pourront naître du travail de ces organismes (par exemple en co-programmation et co-planification). Nous remercions enfin les CSM qui, après la COVID, ont repris les précieuses rencontres périodiques avec les membres des familles et ceux qui œuvrent pour les reprendre. Nous sommes convaincus qu’ils constitueront un bon exemple pour d’autres MSC.

Que demande-t-on aux Départements ?

Nous demandons le rétablissement des horaires d’ouverture qui ont diminué au cours des 5 dernières années ; nous demandons confirmation que le chemin de planification engagé n’est pas celui d’un changement culturel organisationnel qui mine la proximité des interventions et la prise en charge mais qu’il est plutôt celui que la loi 180 avait déjà tracé et qui a été largement parcouru ; c’est-à-dire que l’intégration sociale, de santé, de travail et de logement doit nécessairement passer par un CENTRE DE SANTÉ MENTALE FORT, capable de remplir la fonction d’orientation de parcours de santé personnalisés. Ceci de concert avec toutes les parties prenantes, chacune dans le respect de son rôle et de ses compétences.

Nous demandons de préserver, à travers des moments d’étude, d’écoute et de discussion ouverte et constante également entre opérateurs, personnes d’expérience, soignants des trois services, le précieux savoir-faire du personnel acquis au fil des années, qui risque inévitablement de se disperser avec le régression actuelle des soins quotidiens ; c’est une ressource précieuse pour le processus de « remodelage » continu des pratiques à la lumière des nouveaux besoins, exprimés avant tout par les jeunes, qui sont notre avenir. C’est précisément pour eux que nous demandons un engagement commun et coordonné également avec les services de neuropsychiatrie infantile, le service des addictions, le Centre des troubles de l’alimentation et les services sociaux.

Nous demandons des ressources adéquates pour le fonctionnement des Centres de Santé Mentale tels que nous les avons vécus dans le passé à travers une expérience directe, qui nous permettent également de récupérer de nombreuses bonnes pratiques interrompues par le Covid et jamais réactivées. Et nous souhaitons être associés aux choix organisationnels que les directions des entreprises et des départements entendent faire.

Il n’est pas nécessaire de modifier la loi 180 ; laisse-le vivant et l’alimenter avec des ressources et des parcours de formation et de participation adéquats. Les 40 dernières années de la loi 180 et de la loi 833 nous ont permis de comprendre ce que nous ne voulons absolument pas perdre : un service public de santé, universaliste, gratuit et fruit de la contribution de tous les citoyens, qui nous permet de poser à nouveau les bases pour un avenir digne de ce nom.



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