Il y a 75 ans, le père arménien Jakob Künzler nous quittait

Né à Hundwil en 1871 et élevé dans des conditions modestes, Jakob effectue un apprentissage de menuisier. Mais il voulait devenir missionnaire et c’est pourquoi il entra en 1893 à la Diakoniehaus de Bâle à Aeschenvorstadt. Il y suit une formation d’infirmier et, au Bürgerspital de Bâle, il assiste les chirurgiens dans diverses opérations. En 1899, il suivit l’appel de la Société Missionnaire d’Orient, s’installa dans le sud de la Turquie et commença à travailler à l’hôpital d’Urfa.

Un médecin pour tous

Avec le médecin suisse Hermann Christ, Künzler dirigeait l’hôpital, où étaient admis et soignés à parts égales des Turcs, des Kurdes et des Arméniens. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale (1914), la haine des Turcs se dirigea vers les Arméniens. Pour Urfa, le 19 août 1915 fut une journée particulièrement terrible, car le sang d’innocents coulait à flots. Künzler l’a opéré et soigné sans arrêt. En dehors de la ville, il possédait un vignoble où sa jeune épouse Elisabeth, fille d’un missionnaire, cachait un grand groupe d’Arméniens. Il a été condamné à mort pour traître. Toutefois, le jugement n’a pas été exécuté car l’acte d’exécution officiel avait inexplicablement disparu et n’avait pu être retrouvé.

8 000 orphelins amenés au Liban

Même après la fin de la guerre, les chrétiens arméniens restants furent opprimés. En 1922, Künzler a déménagé avec sa famille et environ 8 000 orphelins arméniens du sud de la Turquie, à travers les montagnes du Taurus, vers ce qui était alors un Liban sûr. À Ghazir, le couple Künzler s’est vu confier un grand foyer pour enfants. Des écoles et des ateliers ont été créés. Dans les années qui suivirent, l’Appenzellois, qui reçut le titre honorifique de « Père de l’Arménien », travailla sans relâche pour ses protégés. Il a ensuite dirigé un immense camp pour 20 000 réfugiés arméniens à Beyrouth, la capitale libanaise. L’Université de Bâle lui a décerné en 1947 le titre de « Docteur honoris causa en médecine ». Le courageux Appenzellois a trouvé sa dernière demeure au cimetière protestant de Beyrouth.