Jusqu’à 10 ans de prison ferme ont été prononcés ce jeudi par la 13e chambre du tribunal de Bobigny pour un trafic de cocaïne entre la Martinique et la métropole.
L’affaire, jugée le mois dernier, a révélé les ressorts d’une organisation aussi astucieuse que lucrative : la cocaïne était expédiée de Fort-de-France par avion dans des coffres-forts qui arrivaient dans des points-relais de La Poste disséminés dans Paris.
Pour convoyer la drogue, nul besoin d’une mule (personne qui transporte la drogue) : la marchandise était expédiée par Cityssimo. Ce mode de transport préservait l’anonymat des trafiquants. La cocaïne arrivait ni vue ni connue dans des points de retrait automatique et, à aucun moment, l’expéditeur et le destinataire n’entraient en contact avec un guichetier. C’est ainsi que 15 à 50kg de cocaïne (selon les conclusions des enquêteurs) sont arrivés des Antilles au nez à et à la barbe des douanes.
15 à 20 envois en quelques mois
L’enquête a démarré à la suite d’une indiscrétion. Le point de départ se situe à Bagnolet pour un réseau qui rayonnait dans toute l’Ile-de-France. L’enquête a remonté une filière de dix personnes. Au cœur du dispositif : Stéphane Chateau-Degat, 27 ans, un jeune Martiniquais. Il se fournissait sur place puis dissimulait la drogue dans des coffres-forts. Il a reconnu avoir envoyé « entre 15 et 20 coffres-forts entre mars 2013 et juillet 2013 ». Jeudi, il assistait au délibéré par visioconférence depuis la prison d’Osny (Val-d’Oise). Il écope de dix ans de prison.
Autre personnage clé : Melvin Lebailly. Ami d’enfant de Chateau-Degat, il réceptionnait les colis dans les points relais à Paris et écoulait la marchandise dans toute l’Ile-de-France. Il est condamné à dix ans de prison. Tout comme l’un de ses associés, Jonathan Soudorom, qui est également condamné à payer 300000€ d’amende.
« Ce sont des jeunes Martiniquais qui se préparent à une vie de chômage, d’oisiveté ou de petits boulots. En quelques semaines ils peuvent devenir millionnaires, a plaidé Me Michel Stansal, avocat de Chateau-Degat. La tentation est grande. D’un coup de pirogue, la cocaïne (NDLR : en provenance d’Amérique du Sud) est à portée de main. »
Ecoutes téléphoniques
Lors du procès, les trafiquants ont mis en cause l’un de leurs associés, Cézar Puiu, un ressortissant roumain. Chateau-Degat et Debailly l’avaient rencontré à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Les Martiniquais le soupçonnaient de les avoir roulés avant de fuir en Roumanie.
Les écoutes téléphoniques des conversations du Roumain ont confirmé ces soupçons. Il y était dit qu’il « avait 600 (NDLR : 600000€). C’est largement assez, il faut au moins 20 vies pour ça. » Il a été interpellé dans sa boîte de nuit en Roumanie. Les policiers ont saisi un Audi Q5 et 100000€ en espèces. Le tribunal l’a condamné à 10 ans de prison et 300000€ d’amende assortis d’une interdiction définitive du territoire.
2016-04-14 10:00:00
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