Illimité : la foire qui met en lumière les œuvres monumentales à Art Basel

Illimité : la foire qui met en lumière les œuvres monumentales à Art Basel

Contrairement à d’autres expositions que vous organisez, “Unlimited” n’est pas une installation thématique. Comment sélectionnez-vous les œuvres présentées ?
Nous sommes ici dans une foire, c’est-à-dire un contexte commercial, ce qui est très différent d’une biennale ou d’une Kunsthalle. Illimité est une exposition qui permet aux galeries venues du monde entier de présenter, dans des conditions muséales, des pièces compliquées de par leur taille monumentale ou pour des raisons techniques. Mon travail consiste d’abord à discuter avec les galeries pour sélectionner ensemble les artistes potentiels, et aussi à susciter d’éventuels nouveaux projets. Avec le comité d’Art Basel, nous faisons ensuite un choix parmi les différentes propositions. Et enfin j’ai le plaisir d’organiser l’exposition de toutes ces œuvres dans l’espace, comme un grand puzzle architectural qui met en dialogue les artistes et crée un parcours cohérent pour le public. Tout cela se joue plus ou moins entre mi-février et fin avril, ce qui est un processus finalement assez rapide.
S’agissant d’une foire commerciale, est-ce que les galeries paient un montant supplémentaire pour être présentes à “Unlimited” ?
Le modèle d’affaires d’une foire, c’est de vendre des mètres carrés et des services. La participation des galeries est donc fonction des coûts générés par les besoins des œuvres. Mais cet aspect financier est très indépendant de mon travail, je ne m’occupe pas de la facturation.
Le rôle d’un commissaire d’exposition consiste en général à raconter une histoire aux visiteurs. Comment procédez-vous ici ?
Le métier consiste aussi à dialoguer avec les artistes, susciter de nouvelles productions, les accompagner. Pour Art Basel, je m’entretiens également avec les galeries, pour qu’à la fin, en fonction des différentes propositions reçues et des intérêts particuliers, nous puissions présenter au public un ensemble plus ou moins cohérent. C’est un travail de dialogue et de diplomatie. Et aussi un engagement. Je trouve intéressant par exemple qu’Illimité devienne toujours plus une plateforme, pour montrer non seulement des pièces existantes, mais aussi des pièces créées spécialement pour l’occasion. Cela ne concerne pas uniquement les artistes émergents. Par exemple, nous aurons cette année, en primeur, une sculpture inédite de Gerhard Richter.
Voyez-vous émerger malgré tout un sujet, une tendance, dans la production que vous présentez ?
Le hasard fait que nous avons cette année beaucoup de pièces qui comportent d’une manière ou d’une autre un bateau. L’exposition s’ouvre notamment sur une projection d’Adel Abdessemed, un artiste franco-algérien installé à Paris. On y voit un homme debout, immobile, à la proue d’un bateau en feu. Il y en a d’autres, avec des vaisseaux à la dérive ou en passe de couler. C’est intéressant de constater que plusieurs artistes ont choisi de travailler sur cette métaphore de notre situation, en tant qu’humanité. Bien sûr, l’exposition n’est pas thématique. Mais à travers la sélection et le placement, on arrive à créer une atmosphère. Et à la fin, on comprend non seulement ce qui passionne les artistes aujourd’hui, mais aussi ce qui intéresse le marché.
Illimité est un excellent sismographe du marché de l’art, un sismographe très concret, lié à une économie bien réelle. Et on voit que ce monde-là est aujourd’hui fortement en quête de diversité, d’inclusivité. Mais c’est un processus en cours, un travaux en cours. Le pouvoir des artistes, c’est d’aborder des questions très complexes, non pas de façon didactique, mais en passant par les sens et les émotions. Le pouvoir de l’art consiste à savoir distiller de la complexité de façon très sensuelle. Parfois, parce qu’il fait essentiellement appel à des intuitions, le travail des artistes parvient à anticiper sur ce qui se joue dans la société. Et ce qu’il nous donne à comprendre reste ancré en nous de façon beaucoup plus durable que des théories.
En réalité, la taille ne dit pas grand-chose. Ni sur la maturité des artistes, ni sur leur pouvoir ou leur influence. D’ailleurs, certains travaux, très petits, peuvent nécessiter d’être accrochés sur un très grand mur. C’est l’œuvre, quelle que soit sa taille, qui dicte son besoin d’espace, et pas le marché.
La plupart du temps, ce sont des institutions, publiques ou privées. Et beaucoup plus rarement des individus.
Je dois souvent répondre à cette question, et ce ne sont jamais les trois mêmes qui me viennent à l’esprit. L’humeur de ce matin est la suivante: je me réjouis d’exposer cette année Selma Selman, une jeune artiste originaire de Bosnie-Herzégovine qui peint des corps de femmes sur la carrosserie démantelée d’une Mercedes-Benz. Je suis aussi fier de présenter la performance d’Augustas Serapinas, un artiste lituanien qui fait un parallèle assez ironique entre exercice physique et formation artistique. Et je suis aussi heureux de montrer à Bâle une vidéo de Christian Marclay – un artiste que j’aime beaucoup –, une œuvre qu’on a récemment pu découvrir à Paris dans sa grande exposition au Centre Pompidou.
Pas à ma connaissance. Mais j’ignore peut-être le nombre de textes de présentation qui ont été rédigés par ChatGPT… Je ne sais pas non plus dans quelle mesure le travail de commissaire d’Illimité pourrait être réalisé par une IA. Mais sans doute de manière beaucoup plus efficace et économique que par moi.
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