“Ils nous confient leur vie”

« C’est en quelque sorte un “one stop shop” », certifie-t-elle. « Avec nous, c’est “easy way”. » Nacera Mekharbeche a un débit de mitraillette. Elle ne peut contenir le flux d’anglicismes qui irrigue son propos. C’est plus fort qu’elle, c’est sa “life” qui déteint sur son langage. Cadre dans un fonds d’investissement au Luxembourg, cette Thionvilloise manie aussi bien les chiffres que l’anglais, la langue du business.

Il y a trois ans, elle a lancé le sien, de business, en cofondant la société Spark Immo & Relocation, domiciliée à Bertrange. Ici aussi, il est question d’investissement. Plus précisément d’investir la vie d’expatriés et de leur famille, afin de favoriser leur installation au Grand-Duché.

Les Américains et leur billard

Pour schématiser, Spark Immo & Relocation est mandatée par les services des ressources humaines de multinationales œuvrant au Luxembourg. Dans leur processus de recrutement de nouveaux talents à l’étranger, ces gros trusts délèguent à Nacera Mekharbeche et à son associé Olivier Bauwens les questions accessoires liées à ces déracinements. Accessoires du point de vue de l’employeur, « mais fondamentales pour ces salariés », insiste la Mosellane. Son spectre d’intervention est large : « Inscription des enfants à l’école, choix d’une mutuelle, recherche d’un club sportif, d’un logement, etc. L’idée consiste à les décharger de tout le stress inhérent à un changement de pays, et pour certains de continent. »

Au Luxembourg, seules trois autres sociétés exploreraient ce marché de niche porteur. Depuis sa création, Spark Immo & Relocation a accompagné une quarantaine de relocalisations. Quarante dossiers singuliers, « aucun ne se ressemble et c’est ce qui est jouissif. J’ai encore à l’esprit cette famille américaine qui souhaitait absolument déménager son billard au Luxembourg. Le coût du transport était bien plus élevé que d’en acheter un sur place. Mais la valeur affective avait pris le dessus ».

« On fait partie du voyage »

Dans le sens des départs, et non plus des arrivées, l’entreprise épaule également les candidats à l’expatriation au Canada. Cette destination tendance, qui charrie son lot de fantasmes, requiert, en amont, une solide connaissance du tissu local. Les compétences croisées de Nacera et de son associé dans la finance et le droit se traduisent par des études entrepreneuriales pointues. Rachat d’entreprises, acquisition d’une fiduciaire ou développement d’une franchise, un business plan sur mesure peut ainsi escorter cette volonté d’exil : « Nous avons noué un partenariat stratégique avec une société sur place, Classe Affaires Canada France. Ses équipes prennent le relais lors du voyage exploratoire d’une ou deux semaines organisé outre-atlantique. Ce séjour permet de réduire l’écart qui peut exister entre le rêve et la réalité. »

Depuis peu, la trentenaire explore une nouvelle terre de grandes espérances : « Les Émirats. Cette destination a un potentiel monstre. Nous finalisons actuellement les derniers détails pour proposer nos services sur place. » Les détails, soit ce qui détermine le succès d’un nouveau départ à l’étranger : « On ne doit rien laisser au hasard, car ils nous confient leur vie. On fait partie du voyage, on s’expatrie avec eux. » Un “deal” très humain, en somme.