Nouvelles Du Monde

Immigration : Plus de 10 mois sans voir le soleil | International

Immigration : Plus de 10 mois sans voir le soleil |  International

2023-09-03 06:40:00

Je m’appelle Elvis, je viens du Burkina Faso et il y a sept ans, j’ai pris la dĂ©cision qui a changĂ© ma vie. Je viens d’une famille oĂą les choses n’ont jamais Ă©tĂ© faciles. Mon père est mort et mon grand-père, qui prenait soin de nous, a Ă©tĂ© tuĂ© dans un attentat terroriste. Nous avons commencĂ© Ă  avoir beaucoup de problèmes et Ă  l’âge de 20 ans j’ai quittĂ© mon pays, mĂŞme si je n’avais jamais eu l’intention d’aller en Europe.

De nombreux jeunes d’Afrique subsaharienne ont Ă©migrĂ© vers le nord pour gagner de l’argent. Ils sont partis deux, trois, quatre, cinq ans et ça s’est bien passĂ©. Ils sont retournĂ©s dans leur pays et ont crĂ©Ă© des entreprises avec l’argent qu’ils avaient gagnĂ©. Avant que la guerre n’éclate, la Libye Ă©tait une bonne destination car il y avait beaucoup de travaux de construction et c’était bien payĂ©. J’ai donc pris mon sac Ă  dos sans prĂ©venir ma famille et je suis partie Ă  l’aventure.

Je suis arrivĂ© au Niger en bus, mais depuis Agadez, dernière ville du Niger avant l’entrĂ©e au Sahara, les dĂ©placements se font en vĂ©hicule ramasser contrĂ´lĂ© par les mafias. Parmi les trafiquants, il y a de bonnes et de mauvaises personnes, ceux qui vous accusent et vous emmènent Ă  destination et ceux qui ne vous emmèneront jamais ni mĂŞme ne vous kidnapperont.

Mon voyage du Niger Ă  la Libye a durĂ© trois semaines. J’ai eu de la chance car il est assez courant que des gens meurent pendant ce voyage, parce que la jeep tombe Ă  court d’essence, parce qu’elle tombe en panne ou se perd, parce que tu tombes et qu’ils ne s’arrĂŞtent pas pour toi… La voiture m’a laissĂ© tomber. Ă€ Sabha, j’y ai trouvĂ© une maison oĂą loger et un travail dans le bâtiment.

Lire aussi  Tricolore gigantesque drapĂ© du bâtiment de la mission indienne Ă  Londres, une arrestation a Ă©tĂ© effectuĂ©e mais la colère grandit face Ă  l'assaut Ă©hontĂ© contre la souverainetĂ© indienne

J’ai travaillĂ© pendant environ un mois, jusqu’au jour oĂą cinq voitures sont apparues, d’oĂą sont sortis plusieurs hommes armĂ©s. Ils ont commencĂ© Ă  tirer en l’air, ils nous ont ordonnĂ© de nous allonger par terre, les mains derrière le dos. Je veux dire, ils nous kidnappaient. Deux garçons ont Ă©tĂ© abattus alors qu’ils tentaient de s’enfuir. Le reste d’entre nous a Ă©tĂ© enfermĂ©. Pour nous libĂ©rer, ils nous ont dit qu’il fallait payer, que nous contactions nos familles pour qu’elles envoient 5 000 euros pour chacun de nous. Sinon, nous mourrions.

Je ne voulais pas appeler ma famille parce que je savais que ma mère n’avait pas cet argent et je ne voulais pas non plus la faire souffrir. Je n’ai appelĂ© qu’après plusieurs mois et souffrances dans cette prison parce que je voulais lui dire oĂą j’Ă©tais ; Au cas oĂą je mourrais Ă  la fin, ils n’auraient pas Ă  me chercher. Ma mère a essayĂ© d’obtenir cet argent par tous les moyens possibles, mais je ne comprenais pas pourquoi je devais payer cette somme : si j’avais jamais eu 5 000 euros, je n’aurais jamais quittĂ© mon pays.

Rejoignez EL PAĂŤS pour suivre toute l’actualitĂ© et lire sans limites.

s’abonner

J’ai passĂ© encore 10 mois dans cette prison sans voir le soleil, j’ai vu beaucoup de gens mourir de soif, de faim, de coups, de brĂ»lures… J’ai Ă©tĂ© très blessĂ© ; J’ai encore des cicatrices, mais j’ai survĂ©cu.

Lire aussi  RĂ©sultats des Ă©lections primaires du 7e district du Congrès de l'Illinois 2024

Ma grande chance, c’est qu’un jour, ces truands armĂ©s ont fait la fĂŞte en prison. Ils se sont effondrĂ©s après avoir bu et pris de la drogue et ont oubliĂ© de verrouiller les portes de nos cellules. Certains gars l’ont dĂ©couvert, ont sonnĂ© l’alarme et nous avons organisĂ© une grande Ă©vasion. Les gardiens, droguĂ©s et ivres, ne pouvaient rien contrĂ´ler. MalgrĂ© cela, il y avait des prisonniers qui ne pouvaient pas s’Ă©chapper parce qu’ils avaient des fractures ou des blessures ; Je ne sais pas ce qui leur est arrivĂ© par la suite.

Je n’avais pas beaucoup de force pour bien courir et je ne savais pas oĂą aller. Jusqu’Ă  ce qu’un homme nommĂ© Mahamad m’arrĂŞte et me demande oĂą j’allais. L’homme m’a emmenĂ© chez lui, m’a permis de prendre une douche, de changer de vĂŞtements et a commencĂ© Ă  soigner toutes mes blessures. Il m’a donnĂ© une chambre et nous avons tous mangĂ© ensemble. Quand la famille sortait, je restais Ă  la maison parce que je n’avais toujours pas la force de faire quoi que ce soit. J’ai commencĂ© Ă  rĂ©cupĂ©rer un mois plus tard et j’ai progressivement repris une vie normale et je l’ai aidĂ© dans ses jardins. J’ai vĂ©cu avec lui pendant un an jusqu’au jour oĂą il m’a dit qu’il voulait aller en Égypte avec sa femme et ses enfants et il m’a demandĂ© ce que je voulais faire.

Je lui ai dit que je ne pensais pas retourner dans mon pays Ă  ce moment-lĂ , mais que je voulais aller travailler en AlgĂ©rie. Mahamad m’a recommandĂ© d’aller en Europe, car ce serait bien mieux pour moi. Il m’a assurĂ© qu’il m’aiderait Ă  traverser la MĂ©diterranĂ©e jusqu’en Italie, et il l’a fait. C’Ă©tait en juin 2018.

Lire aussi  Les donnĂ©es dĂ©mographiques du Soudan du Sud font monter la pression politique

J’ai attendu deux semaines près de la plage, le jour de notre dĂ©part nous Ă©tions assez nombreux, une soixantaine de personnes environ, avec des femmes et des enfants. Nous avons passĂ© plusieurs heures en mer jusqu’Ă  ce que le navire nous retrouve. Bras ouverts. Au dĂ©but Nous pensions que c’Ă©taient les gangsters qui avaient interceptĂ© les bateaux et qu’ils allaient nous renvoyer en Libye, encore une fois pour nous kidnapper, nous enfermer et nous demander de l’argent.

Nous avons dĂ©barquĂ© Ă  Barcelone quatre jours plus tard et ils nous ont reçus d’une manière que nous ne pouvions imaginer. Mais j’ai demandĂ© l’asile et le gouvernement m’a refusĂ©, après deux ans et demi d’attente, affirmant que ma situation n’était pas politique mais Ă©conomique. Et quand ils m’ont refusĂ©, j’ai tout perdu : mon titre de sĂ©jour, le travail que j’avais dans une boulangerie et les cours que je suivais en travaillant. Près d’un an plus tard, dĂ©montrant tout ce que j’avais travaillĂ© de manière rĂ©gulière, j’ai finalement obtenu un permis de sĂ©jour et, plus tard, un autre emploi dans l’usine oĂą je me trouve aujourd’hui.

Maintenant, je me sens bien, mais je ne le recommanderais pas aventure a personne.

Abonnez-vous pour continuer la lecture

Lire sans limites



#Immigration #mois #sans #voir #soleil #International
1693727117

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT