Une étude récente menée par le Groupe de géologie, géophysique et processus marins côtiers de l’Universidad del Atlántico, en collaboration avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) de France et la Grand Valley State University du Michigan, États-Unis. , a révélé l’impact profond des plastiques sur les processus sédimentaires et la formation de nouveaux matériaux géologiques.
L’ouvrage, intitulé « L’empreinte géologique des plastiques », publié dans la célèbre revue Elsevier STOTEN, explore comment les plastiques, depuis leur production jusqu’à leur élimination, sont intégrés dans les cycles sédimentaires naturels, formant de nouveaux matériaux géologiques. Ce phénomène, qui remet en question les conceptions géologiques traditionnelles, nécessite une approche multidisciplinaire couvrant la géologie, la chimie et les sciences de l’environnement.
Les plastiques, inventés en 1907, ont eu un impact important sur la société et l’environnement. Sa production et son utilisation massives ont conduit à l’incorporation de plastiques dans les systèmes géologiques, formant des matériaux tels que des roches détriplastiques, des bioplastiques et des produits chimiques plastiques. Ces nouveaux types de roches, formés du mélange de plastiques et de sédiments naturels, soulignent l’empreinte anthropique sur les archives géologiques.
L’étude souligne qu’environ 86 % des plastiques mal gérés ont le potentiel de s’intégrer dans les archives géologiques par le biais de processus d’altération et de dégradation, similaires à ceux qui affectent les roches et minéraux naturels. En outre, on prévoit que d’ici 2050, la masse de plastique dans les océans pourrait dépasser la biomasse totale des poissons, soulignant l’ampleur de cette crise environnementale.
Les résultats de cette étude ont des implications importantes pour la classification géologique et la gestion environnementale. L’intégration des plastiques dans les couches sédimentaires modifie non seulement les caractéristiques physiques et chimiques des sédiments, mais soulève également de nouvelles questions sur la classification des roches et la gestion des déchets plastiques.
Les résultats de cette étude ont également des implications significatives pour l’élaboration des politiques industrielles et environnementales. La présence de plastiques dans les formations géologiques pose des défis aux industries minières et de la construction, car ces matériaux peuvent affecter l’intégrité structurelle des sédiments et des roches. Il est essentiel que ces industries adoptent des pratiques opérationnelles plus durables et se concentrent sur la réduction des déchets plastiques.
En outre, les résultats soulignent le besoin urgent de politiques environnementales plus strictes et plus efficaces qui réglementent la production, l’utilisation et la gestion des plastiques, favorisant une économie circulaire qui minimise la production de déchets et maximise la réutilisation et le recyclage des matières plastiques.
À mesure que la production mondiale de plastique continue d’augmenter, les défis associés à sa gestion et à ses impacts environnementaux devraient également s’accroître. Les projections indiquent que la production mondiale de plastique pourrait atteindre 550 millions de tonnes d’ici 2026, aggravant encore les problèmes de pollution si des mesures adéquates ne sont pas mises en œuvre.
Ces travaux ont bénéficié de la participation d’éminents chercheurs internationaux, dont François Galgani, de l’Ifremer en Polynésie française, et William J. Neal, du département de géologie de la Grand Valley State University. La collaboration internationale a été cruciale pour relever les défis complexes que présente la pollution plastique d’un point de vue géologique.
Cette étude souligne l’importance de poursuivre la recherche à l’intersection de la géologie et des sciences de l’environnement pour développer des solutions innovantes et durables. Favoriser les collaborations internationales et multidisciplinaires sera essentiel pour résoudre efficacement le problème de la pollution plastique et atténuer ses effets néfastes sur les systèmes naturels et humains.
Cette étude constitue une contribution significative au corpus croissant de connaissances sur l’impact environnemental des plastiques et souligne la nécessité d’approches collaboratives et multidisciplinaires pour relever ce défi mondial. L’intégration des plastiques dans les processus géologiques reflète non seulement l’influence humaine sur la planète, mais souligne également l’urgence de développer des pratiques durables et de réduire les impacts environnementaux.