Innovation Michelin : Le pneu Uptis, une révolution sur la route

Soixante-quatre ailettes en CVR (composite Verre-Résine) sont fixées d’un côté sur la jante et de l’autre sur la ceinture de maintien, surmontée d’une bande de roulement classique. C’est ainsi que se présente le nouveau “système prêt-à-rouler (pneu-jante)” de Michelin. Incassable, ce pneu de nouvelle génération ne nécessite aucun équilibrage, aucun gonflage, et offre une résistance supérieure à un pneu classique. Un véritable graal qui, selon Bruno de Feraudy, directeur des activités première monte chez Michelin, “nécessite peu d’entretien à l’usage”. Bruno de Feraudy, directeur des activités première monte chez Michelin, explique la conception du modèle sans air Uptis. Et la technologie utilisée dans sa conception ? “C’est une combinaison de filaments de fibre de verre d’une épaisseur de quelques microns associés à une résine thermodurcissable résistante à la chaleur”, poursuit Burno de Feraudy. Impossible d’en savoir plus ! L’Uptis (Unique Puncture-Proof Tire System), ou système de pneu anti-crevaison, fait l’objet d’une cinquantaine de brevets jalousement gardés. “C’est une innovation révolutionnaire qui n’a rien à voir avec le modèle Airless TWEEL utilisé pour équiper les engins de chantier et agricoles à faible vitesse”, explique Cyril Roget, directeur de la communication innovation Michelin. Testé depuis 2020 à Las Vegas, commercialisé début 2023 avec DHL Singapour sur 50 utilitaires Toyota, l’Uptis équipera d’ici 2024 jusqu’à quarante Citroën Jumpy de La Poste dans les Hauts-de-France. Une occasion pour Caradisiac de partir en tournée avec un opérateur postal et de tester ces nouveaux pneus sur le terrain. Mouvement quotidien, Caradisiac a testé le pneu increvable Michelin. Le journaliste de Caradisiac et le facteur Albert, à bord d’un Citroën Jumpy de La Poste équipé des pneus Uptis Michelin. Conçu pour rouler jusqu’à 210 km/h. Il y a d’abord l’intrigue ! À l’arrêt, la partie inférieure du pneu semble légèrement affaissée. La partie en contact avec la route forme une surface plane sur le bitume. Dès les premiers tours de roue, la sensation de confort est surprenante. À basse vitesse, le Jumpy est d’une douceur incroyable. Albert, notre conducteur-facteur, se félicite de “la légèreté de la direction”. En accélérant légèrement dans le rond-point, à la sortie du centre de tri de Douai, on peut tester la tenue de route et l’adhérence de l’Uptis. Le pneu sans air de Michelin se déforme sans risquer d’endommager la jante. Joueuses, Albert accepte de faire un tour un peu plus vite. Le pneu reste stable. Pas de mauvaise surprise, donc. Selon notre chauffeur du jour, c’est surtout sur une surface glissante que le pneu est bluffant. À voir ! En attendant, nous attaquons la zone pavée, à une vitesse d’environ 40 km/h, et les secousses sont douces. Albert lâche le volant des mains pour nous montrer la stabilité du véhicule. Il est vrai qu’il ne vibre pas. Mais la chose la plus surprenante est de franchir les rails de circulation du trottoir, sans à-coups. Les irrégularités des pavés sont atténuées en douceur. L’Uptis est-il réellement supérieur aux autres pneus ? Pour être sûrs de notre impression, nous avons demandé à La Poste de faire un autre tour à bord d’un Jumpy équipé de pneus “classiques”, les Michelin Cross Climate. La différence est perceptible. Tout d’abord, au niveau de la direction. Selon Albert, “elle semble dépourvue d’assistance”, mais c’est surtout au niveau du confort et des irrégularités de la route que l’écart est important, avec une sensation de “rebond” plus marquée sur les pneus à air. L’Uptis absorbe mieux les chocs. Et dans des conditions extrêmes ? Selon Cyril Roget, directeur de la communication innovation chez Michelin, “la police a réalisé des essais concluants sur notre piste à des vitesses supérieures à 200 km/h. Et d’après nos pilotes, dans les virages, l’Uptis aurait moins tendance à se déformer sous la jante.” Devant ces qualités évidentes, quand ce pneu sera-t-il disponible pour le grand public ? Quarante véhicules de La Poste dans les Hauts-de-France seront équipés de pneus sans air Michelin d’ici 2024 pour la livraison du dernier kilomètre. Pour le grand public, ce ne sera pas avant 2030. Aujourd’hui, il n’existe pas encore de réglementation pour l’utilisation de pneus sans air. La Poste bénéficie d’une dérogation pour les utiliser. Il est donc impossible de homologuer un tel modèle pour le grand public. Bruno de Feraudy prédit que “la prochaine décennie” pourrait voir ce type de pneus montés d’origine sur des véhicules de tourisme. Et il pense immédiatement à General Motors, avec qui Michelin entretient un partenariat de recherche et développement. Mais avant cela, “la priorité est d’équiper des flottes et d’accumuler de l’expérience”. Pour Philippe Dorge, directeur général adjoint du groupe La Poste, “ce pneu offre une sécurité accrue pour les facteurs”. En cas de rupture d’une ailette, “il y aura des vibrations dans le volant et c’est tout, mais pas de perte de contrôle ou de mise en danger du véhicule et des usagers”, souligne Cyril Roget de chez Michelin. L’autre avantage est économique. Avec une usure deux voire trois fois moins importante qu’un pneu classique, l’Uptis nécessite peu d’entretien à l’usage. Il est par exemple possible de ne changer que la bande de roulement et plus le pneu complet. Cela permet de réduire les coûts d’utilisation et d’utiliser des “matériaux biosourcés ou recyclés”. L’affaire semble d’autant plus rentable que l’Uptis ne génère, a priori, aucun surcoût énergétique à l’usage. En tout cas, tout est prêt pour le faire rouler “dans le monde entier”. Quant au prix public attendu, Bruno de Feraudy esquive : “C’est un produit qui rend service, le prix sera compatible avec le service rendu.” Philippe Dorge, directeur général adjoint du groupe La Poste et Bruno de Feraudy, directeur des activités première monte chez Michelin, écoutent les feedbacks des facteurs sur les pneus Uptis.
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