2023-08-04 10:20:00
Chaque année, c’est la même situation qui se répète. Dès que l’hivernage s’annonce, les populations scrutent le ciel avec l’appréhension des inondations. En 2021, au mois d’août, de nombreux dégâts ont été enregistrés après les pluies diluviennes qui se sont déversées dans de nombreuses zones du Sénégal, dont la région de Dakar qui est la plus touchée. De nombreux efforts sont faits par les autorités sénégalaises pour y mettre fin, en vain.
Dans 2012le président Macky Sall avait mis en place le Plan Décennal de Lutte contre les Inondations. Dans ce plan, il y avait de nombreuses parties prenantes, dont l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) qui est chargé du drainage des eaux pluviales, de la construction de nouvelles infrastructures et de la réhabilitation des stations des réseaux existants. Plus de 700 milliards ont été mis en place pour la réussite de ce projet. Malheureusement, cela n’a pas suffit pour changer la situation.
Des eaux polluées
De nombreuses zones ont été fortement touchées suite aux fortes pluies enregistrées depuis le 16 Aout 2021. Pikine, Touba, Grand Yoff, Thiaroye, Keur-Massar. L’eau s’est infiltrée partout et a détruit de nombreuses habitations. Beaucoup de personnes ont tout perdu et étaient dans le désarroi. Cette eau polluée dans laquelle ils vivent est un véritable risque pour leur santé, mais aussi pour leur sécurité car parfois elle abrite des reptiles. Mais tout ne doit pas être mis sur le dos des autorités car les populations sont en partie responsables de cette situation.
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Les canalisations prévues pour conduire les eaux de pluie jusqu’à la mer drainent toutes sorte d’eaux usées ménagères, industrielles ou des ordures. Certains utilisent des branchements clandestins pour évacuer les eaux d’égout par les canaux, finissant par les surcharger. De fait, ces canalisations sont bouchées et ne sont plus capables de drainer les eaux pluviales, provoquant des débordements, une véritable catastrophe pour l’environnement, et entraînent la destruction du cadre de vie des gens. Cet incivisme persistant ne facilite pas la tache aux autorités et réduit à néant leurs efforts faits en matière d’assainissement. Si les canaux sont curés et que des ordures y sont encore jetées ou que des usines y mettent leurs déchets, ce sera un éternel recommencement.
Manifestations contre les inondations
Le 17 Août 2021, le directeur général de l’ONAS, Ababakar Mbaye, s’était rendu à Touba où il a été décidé la construction de 4 bassins de rétention pour prévenir les débordements de la station Keur-Niang qui n’a pas pu évacuer les eaux recueillies après les fortes pluies.
Le 22 Août 2021, le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome était allé à Keur-Massar et à Thiaroye. Il avait parlé aux sinistrés. Au même moment, à Tivaouane Diaksao, l’autoroute à péage était bloquée par des manifestants qui réclamaient l’évacuation des eaux de pluie et qui exprimaient leur ras le bol face à cette situation qui s’éternise. Suite à cela, le ministre de l’intérieur a déclaré lors d’une conférence de presse que 50 hydrocarbures et 150 motopompes seraient déployés dans la banlieue pour le pompage des eaux et que des moyens seraient pris pour régler définitivement ce problème.
Le plan ORSEC inefficace lors des inondations
Régi aujourd’hui par le décret numéro 99-172 du 04 Mars 1999le plan ORSEC est le principal mécanisme de coordination et de gestion des catastrophes et urgences au Sénégal. ORSEC signifie « Organisation des secours en cas de catastrophes ». Il a été adopté dans un contexte où le Sénégal subissait de nombreuses catastrophes : explosion d’une citerne d’ammoniac à Dakar, inondations répétées, érosion côtière affectant certaines zones comme MbourSt Louis, Joal… Il est donc déclenché lors de catastrophes naturelles, d’incendies ou de tempêtes, mais aussi en cas de catastrophes industrielles lorsqu’une usine chimique explose. Le but du plan est de faire en sorte que les secours interviennent vite et bien.
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Dans le cas des inondations, ce plan s’est avéré inefficace car le projet est effectué par phase, les mesures ne sont donc pas durables. De plus, il n’y a pas de mesure d’accompagnement et de soutien de la population en cas de catastrophe, ni de dispositions sur la prise en charge des mesures financières, relatives aux besoins immédiats de la population. Et les fonds destinés à venir directement en aide aux sinistrés n’arrivent pas souvent aux personnes destinées.
L’énorme défi sanitaire
Les inondations persisteront tant que les localités concernées ne seront pas dotées d’ouvrages capables d’absorber les eaux usées et pluviales et que les canaux vétustes ne seront pas remplacés. Toutefois, il faut aussi que la population ait un comportement exemplaire. Les habitations construites à proximité des points de passage des cours d’eau et qui se transforment la plupart du temps en décharge d’ordures, zones de prédilection pour les reptiles, sont un fléau contre lequel il faut lutter. Avant de construire une maison, il faut s’assurer que la zone est bien assainie.
Actuellement, l’ensemble de la région de Dakar compte plus de 3 millions d’habitants. Face au manque d’espace, l’aménagement de l’espace urbain doit être repensé et l’assainissement des localités qui ne le sont pas devient impératif. Il n y a pas de solution miracle pour mettre fin à ces inondations qui n’ont que trop duré. Il faut une réelle implication des autorités qui doivent prendre conscience du fait que les populations doivent vivre dans la dignité et en toute sécurité.
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