Mardi vers 21h30, après de fortes pluies, le Rouillon, un ruisseau descendant de la colline et se jetant dans la Meuse, s’est transformé en torrent. Le problème : il passe sous la route nationale Dinant-Namur. Le tronçon sous la chaussée a été obstrué, ce qui a causé des inondations sur la route, dans les maisons et a recouvert tout de boue.
Ce qui a obstrué l’aqueduc sous la RN92 ? Les débris d’une retenue d’eau construite à mi-chemin entre le site touristique et le village voisin. Elle a cédé.
Des similitudes avec Bouvignes
Les dégâts causés sont impressionnants. Ernest-Tom Loumaye explique que cette “digue” existait quand il a acheté le domaine. Une chose est sûre : il n’est pas question de reconstruire la retenue d’eau après l’incident vécu par les villageois. Le propriétaire des Jardins est venu discuter avec eux et analyser la situation, car il ne veut pas que cela se reproduise.
En attendant, les victimes de cette inondation sont sous le choc. Une dame pleure tandis qu’elle patauge dans sa maison couverte de boue, faisant le compte de tout ce qui est endommagé, y compris des appareils électroménagers. Son mari explique qu’en 25 ans, il y a eu des inondations, comme en 2021, mais jamais à ce point. Et il maudit le précédent propriétaire des Jardins d’Annevoie. Désormais, c’est Ernest-Tom Loumaye qui doit faire face aux débris d’une digue qui ont causé tant de dégâts.
Cela nous rappelle ce qui s’est passé à Bouvignes (Dinant) en 2021. Lorsque les précipitations sont excessives, que des torrents se forment et que des aqueducs se bouchent, c’est impressionnant… et rien ne peut arrêter cela. Nous l’avons constaté mardi soir à Annevoie-Rouillon. Tout a commencé avec de très fortes pluies, comme c’est désormais le cas à chaque fois, ici et ailleurs, et toute la partie centrale du village a été inondée sur plusieurs centaines de mètres.
Quarante centimètres de boue
La situation était telle que les pompiers de la zone Dinaphi basés à Yvoir ont immédiatement fait appel aux renforts de la Protection civile, des services communaux d’Anhée et Yvoir, ainsi qu’à ceux du Service Public de Wallonie. Il fallait dégager l’aqueduc “bouché”, avant de commencer à nettoyer la route, recouverte d’une couche de boue de plus de 40 centimètres. Ces premières opérations, signalées par le porte-parole de Dinaphi, se sont terminées à 4h du matin. La RN92 a évidemment été fermée à la circulation. Les travaux de déblayage ont continué mercredi, tandis que les sinistrés prévenaient leur assurance.
Quatre personnes ont été relogées d’urgence dans des hôtels de la région en raison de l’état de délabrement de leur maison.
Bottes, raclettes, larmes… tel était l’atmosphère à Annevoie-Rouillon mercredi matin.
Dans certaines maisons, les dégâts sont limités… cependant, ils sont particulièrement importants chez les habitants vivant directement le long du Rouillon, un affluent de la Meuse transformé en torrent mardi soir, charriant des tonnes de boue.
Au restaurant “Les Cousines”, on nettoyait partout, de la cuisine à la salle, tandis que le chaos régnait dans la cave. Vincent Igot, le compagnon de la propriétaire, faisait l’inventaire de tout ce qui était perdu : des réfrigérateurs, des congélateurs, des réserves de nourriture. Ces restaurateurs avaient déjà eu de l’eau en 2021, mais seulement dans la cave : “J’avais eu le temps d’installer des pompes”. Cette fois, le spectacle est désolant.
Benoît Perot explique comment l’eau est montée très rapidement chez lui. Il a dû évacuer d’urgence son frère, hémiplégique, avec lequel il vit, et l’installer dans un hôtel des environs.
Jean-Marie Mouton a vu 60 centimètres d’eau chez lui, et il reste maintenant de la boue, des appareils et des meubles endommagés. Il soupire : “J’avais un stock de granulés de bois, je ne sais pas ce qu’il en reste. Je vais essayer de contacter la compagnie d’assurance”.
Un peu plus loin, dans une zone moins touchée de la route de Namur, Jean-Louis s’en sort mieux : “J’ai juste eu un peu d’eau dans mon couloir”. Par contre, ses voisins ont souffert, et pas qu’un peu. La nuit a été courte, et à la lumière du jour, l’étendue des dégâts est apparue.