Quand vont-ils pouvoir rentrer chez eux ? Que restera-t-il de leur foyer quand l’épisode historique des intempéries sera enfin terminé ? Dans le Pas-de-Calais, les habitants sont à bout de nerfs. L’accalmie n’aura duré qu’un week-end, le temps de constater les dégâts aux endroits où l’eau s’est retirée. La vigilance orange reste de mise au moins jusqu’à mardi.
Au téléphone, Didier fond en larmes. « Je suis écœuré, dix-sept ans de travail pour en arriver là. » Son camping, La Riviera, situé à Aix-en-Ergny, a subi deux inondations la semaine dernière. L’eau est repartie doucement samedi 11 novembre, laissant sur son passage de la boue, des trous un peu partout, des mobil-homes détrempés. Les palettes achetées récemment pour construire des terrasses ont été emportées par le courant. Le sexagénaire estime à 100 000 euros, au minimum, les dégâts.
L’heure n’est pas au nettoyage. « À quoi bon, si ça recommence ? On attendra que ce soit terminé », dit-il, dépité, devant les prévisions météo qui n’annoncent rien de bon. « La première partie de semaine risque d’être compliquée », prévient Jérôme Lecou, prévisionniste à Météo France.
Entre « 10 et 25 mm » de pluie en 24 heures lundi
Le temps calme du week-end était directement lié à la précédente perturbation. « C’était l’air plus sec que l’on retrouve après chaque fin de dépression », explique Guillaume Séchet, météorologiste et créateur du site Météo Villes. L’accalmie a permis d’observer une décrue, comme au camping La Riviera. Le fleuve Aa est repassé en vigilance orange dimanche matin, la Canche également. La Liane, elle, apparaît en jaune.
Mais l’eau, toujours abondante, a continué d’affecter les exploitations agricoles et a contraint de nouveaux habitants à quitter leur domicile. Selon le sénateur et vice-président du conseil régional Franck Dhersin, 10 000 sinistrés ont déjà été recensés.
Le Pas-de-Calais reste sur ses gardes. Des précipitations étaient attendues dès ce dimanche soir dans le département. Ce lundi, il est toujours en vigilance orange pour crues, tout comme le Nord, la Vendée et la Charente-Maritime. L’alerte est également maintenue pour mardi par Météo France dans les quatre mêmes départements.
« On reste dans cette succession de perturbations venue de l’ouest qu’on voit depuis mi-octobre, avec des pluies ou des averses », précise Jérôme Lecou. Entre « 10 et 25 mm » de précipitations devraient tomber en 24 heures sur les zones déjà inondées, observe Guillaume Séchet.
Un court répit mercredi
Mardi, les pluies vont s’intensifier. « De nombreuses averses vont s’enchaîner dans la journée, avec des cumuls de l’ordre de 15 à 30 mm », détaille Jérôme Lecou. À titre de comparaison, plus de 100 mm de précipitations sont tombés en moyenne entre le 6 et le 10 novembre sur l’ouest du Pas-de-Calais. Les pluies prévues mardi seront donc moins fortes que celles vécues la semaine passée. « Mais elles arrivent dans un contexte de sols déjà saturés », souligne le prévisionniste de Météo France.
Face à la crainte d’une reprise des crues, la préfecture du Pas-de-Calais a décidé de maintenir fermés les établissements scolaires lundi et mardi dans 279 communes. « Ces établissements ne dispenseront pas d’enseignement, mais les élèves pourront y être accueillis à chaque fois que cela s’avérera nécessaire, notamment pour les parents sans solution de garde », note-t-elle.
Un nouveau répit est annoncé pour mercredi. Là encore, il sera de courte durée. Un épisode pluvieux est prévu à partir de la nuit de mercredi à jeudi. « Il y a aura sans doute des averses, parfois fortes, accompagnées, peut-être, de coups de vent », anticipe Guillaume Séchet.
Un temps meilleur à partir de vendredi
Cette énième perturbation devrait cesser en fin de semaine. « On observe un scénario plus sec pour vendredi, avec moins de pluie et, peut-être, un temps plus engageant », avance prudemment Jérôme Lecou. Assistera-t-on à une brève accalmie ou à la mise en place d’un anticyclone dans la durée ? Il est encore trop tôt pour le savoir. « Une chance sur deux », estimait dimanche à la mi-journée le créateur du site Météo Villes, qui rappelle que le passage d’un extrême à un autre est caractéristique des dernières années.
En attendant, Didier fulmine. « On va y laisser des milliers d’euros. Les parkings, les routes sont à réparer. J’ai des ornières de plus de 50 cm. Comment on va faire pour réaménager notre si beau camping ? » s’alarme-t-il. Quelque 155 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle. Une décision est attendue mardi.
2023-11-12 11:00:00
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