La reprise de la pleine exploitation du tunnel ferroviaire en septembre 2024 suscite l’inquiétude
Plus assez de trains pointent le bout de leur nez. © Keystone
Publié le 19.11.2023
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Transport “ Déception, inquiétude et colère. Après l’annonce récente des CFF de la remise en fonction complète du tunnel ferroviaire du Gothard en septembre 2024 seulement, les réactions sont vives au Tessin. Directeur de la Chambre de commerce, de l’industrie, de l’artisanat et de services du Tessin, Luca Albertoni n’est pas si surpris. «Jusqu’à récemment, on parlait d’une réouverture complète vers l’été prochain, maintenant on parle de septembre 2024… Nous espérons que les CFF feront leur travail et que ce sera effectivement le cas.»
Pour le fret, il est indispensable qu’il y ait tant le transport par route que par rail, affirme-t-il. «Et cela, en particulier pour l’industrie exportatrice tessinoise; pour les entreprises qui travaillent avec la Suisse alémanique, il est essentiel d’avoir une alternative, de façon à avoir la certitude que les marchandises traversent les Alpes.»
Besoin de l’économie
Les CFF ont fait savoir que le trafic de marchandises dans le tunnel sera assuré du lundi au jeudi pendant les travaux de réfection. Luca Albertoni espère que ces garanties seront maintenues. «Nous comptons sur la capacité des chemins de fer à réagir rapidement aux besoins de l’économie. Déjà en temps normal, les sillons horaires sont très sollicités. Si une livraison qui ne peut pas attendre ne trouve pas de disponibilité pour passer par le tunnel ferroviaire, et que l’autoroute est congestionnée ce jour-là, cela créerait de gros problèmes.»
Il cite également l’impact négatif sur le tourisme, en particulier celui journalier, qui aurait chuté de 30% depuis la fermeture du tunnel après l’accident survenu le 10 septembre. Président de l’Agence touristique tessinoise (ATT), Simone Patelli confirme que le délai prolongé pour la réouverture complète du tunnel ferroviaire est une très mauvaise nouvelle pour l’industrie touristique, d’autant que l’essentiel des revenus qu’elle génère est réalisé entre mars et octobre. En plus, celle-ci est déjà sous pression en raison du contexte international, souligne-t-il. «Notre secteur a besoin de liaisons rapides, y compris par le rail. Non seulement pour des raisons de durabilité, mais aussi parce que les retombées économiques générées par le tourisme d’un jour sont importantes.»
Heures de plus
Pour les travailleurs pendulaires et les étudiants tessinois qui étudient en Suisse alémanique et romande, la réouverture en septembre de l’an prochain est également source de souci. Président de l’Association tessinoise des usagers des transports publics (Astuti), Fabio Canevascini indique que les trajets actuels représentent pour les pendulaires une heure à l’aller et une heure au retour en plus tous les jours.
«Ce n’est pas aux usagers de payer pour les inconvénients»
Fabio Canevascini
Il y a des gens qui ont accepté un emploi, entrepris des études, conclu un contrat de location, sur la base d’un temps de trajet de deux heures au lieu de trois, signale-t-il. «Cela fait une sacrée différence si l’on additionne les temps de parcours sur une année», fait-il valoir, précisant que les personnes qui ont acheté un abonnement s’attendaient à un certain type de service qui n’a plus été fourni depuis septembre.
«C’est leur problème»
Vincent Ducrot, directeur général des CFF, a rappelé devant les journalistes début novembre que les prix n’ont pas augmenté lors de l’ouverture du nouveau tunnel, même si le temps de parcours avait été réduit de 30%. Selon la même logique, il n’y a aucune raison de prévoir des réductions spécifiques dans la situation actuelle, a-t-il raisonné.
Fabio Canevascini voit les choses d’un autre œil. «Ils ont peut-être fait une erreur en n’augmentant pas leurs tarifs; c’est leur problème.» Or, avec l’ouverture du tunnel ferroviaire, les CFF ont réalisé d’énormes gains et réduit leurs dépenses, souligne-t-il. Ils transportent beaucoup plus de personnes par train à des coûts moindres: le coût par voyageur a considérablement diminué. «Tandis que les usagers n’ont bénéficié que de la réduction de la durée du trajet. Ce n’est pas à eux de payer pour les inconvénients actuels; la responsabilité incombe aux CFF.»
Estimant que c’est à ces derniers de trouver des solutions, il propose néanmoins d’identifier des moyens pour raccourcir les temps de parcours. «Par exemple, en supprimant des arrêts, et éventuellement, allonger la durée de l’abonnement à un an et demi, et faire circuler plus de trains dans la voie fonctionnelle avec des pauses le matin et le soir.» Quant au Conseil d’Etat tessinois, il demande lui aussi aux CFF d’indemniser les détenteurs d’abonnements et de créer des incitations pour les voyageurs d’un jour au Tessin.
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