Instruments of Enlightenment (quotidien Junge Welt)

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“Quiconque doit souligner la sincérité de ses sentiments sait pourquoi.” Wiglaf Droste ne peut pas le supporter dans sa tête

En tant que polémiste et broyeur, Wiglaf Droste, décédé en 2019 à l’âge de 57 ans, avait un “argument de vente unique” dans le journalisme allemand – et en tant que critique linguistique, particulièrement rebuté par la manière dont les Allemands étaient traités par les politiciens, les économistes , annonceurs et journalistes, peut-être aurait-il aussi consacré une glose à ce mot, qui traduit l’égocentrisme marchand et l’idéologie réflexe de la concurrence du capitalisme.

On peut objecter que cette “réflexion” et cette qualité sont indispensables dans le champ des professions libérales comme celle d’écrivain. Mais l’un des rares Wiglaf Droste était un individualiste dont l’ego fort résistait à la conformité et à la soumission aux normes de la société bourgeoise.

Son opposition allait de l’essentiel – car “les droits de l’homme sont un prétexte ronflant aux intérêts économiques” – au mot spécifique et pouvait même affecter l’habillage du langage avec des mots comme ceux-ci “penser”, “écrire” ou “la savoirs nécessaires », qui banalisent la pensée, l’écriture et les savoirs nécessaires. Ou il a su désenchanter froidement le pléonasme de “sincères condoléances” qu’Angela Merkel adressait aux personnes endeuillées après la mort d’un soldat : ​​”Quiconque doit souligner la sincérité de ses sentiments sait pourquoi.” Et de répliquer : “Mes condoléances pour ce chancelier, par exemple, serait toujours insincère.«

Cela mettrait Wiglaf Droste bien en dehors de la société allemande et en même temps de la communauté linguistique, qu’il avait auparavant appelée la « communauté nationale » ; c’est cette position de l’outsider radical qui définit et caractérise les colonnes critiques de la langue et toujours critiques de l’idéologie rassemblées par Klaus Bittermann dans le volume »Vollbad im Gesinnungsschaum«.

Le combattant solitaire Wiglaf Droste n’était pas plus un soldat du parti que Heinrich Heine. En tant que descendant, le talent était plus important pour lui que l’attitude – attitude révélée comme un accord superficiel avec ce qui était en quelque sorte bien intentionné, ce qui provoque un « sentiment intense de bien-être » et permet à l’individu de disparaître dans un collectif qui est tout. de la patrie, celle de langue allemande. Ce que dit Droste à propos des nouveaux réseaux sociaux : “Il n’y a qu’un petit pas d’être là à être là” – c’est vrai depuis longtemps pour les anciens.

“Consensus absurdes, solidarité kitsch et aveux gratuits gonflés” étaient un anathème pour Droste. C’est le cas de l’action et de la phraséologie « Je suis un étranger », qui semble de gauche et progressiste, mais qui « ne change ni n’empêche rien » ; ceux qui s’y joignent veulent plutôt « se pavaner dans la belle certitude d’avoir déclaré leur bonne volonté ». Les choses peuvent se retourner contre eux et la sympathie pour les étrangers peut tourner à l’opposé, car elle est basée sur une vision du monde naïve : “que chaque étranger doit être une bonne personne”. Droste sobrement : « Il doit avoir le droit d’être aussi désagréable que n’importe quel Allemand.

De tels mnémoniques peuvent être trouvés dans de nombreux textes, et puisque Droste met en mots son opposition avec imagination, la lecture est non seulement éclairante mais aussi agréable. Qu’il se moque du “genre de la pédale d’accélérateur” ou qu’il vise le “sourire huileux du succès munichois”, se moque du “revenant Heinz Rühmann” Jan Josef Liefers, se moque du “patron créatif” d’une agence de publicité comme “Plum August » ou les « islamistes et christianistes » en « méduses creuses », au lieu d’agacer, Droste renseigne et s’amuse beaucoup en démasquant tous les « Schruz et Schrapel ».

La réponse à la question “Où est le positif ?” est donc claire : c’est l’amour de Droste pour la langue allemande qui est pour lui “un instrument d’illumination, un moyen de traverser au moins partiellement l’océan de notre ignorance” aussi comme “un donateur de Joie, un terrain de jeu sans fin et” inattendu et donc particulièrement beau dans le cas de l’individualiste Droste, “une occasion de se soutenir et de s’encourager mutuellement”.

Malgré tous les efforts des politiciens et des annonceurs, la beauté incomparable de l’allemand qui brille de temps en temps, sa richesse, l’inspire et lui fait même louer le Duden comme un trésor de belles paroles – surprenantes et pourtant convaincantes, par exemple : “poêle à frire”. Last but not least, le polémiste se révèle être un esthète sensible : « Celui qui aime la langue, qui veut aller au fond des choses et découvrir toutes ses belles ficelles, a de nombreuses occasions de le faire, et ça aussi c’est un plaisir. .«

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