INTERVIEW. JO de Paris 2024. “Il y a beaucoup de travaux, mais l’on ne voit pas les résultats derrière”, dénonce une association d’usagers des transports franciliens

Pour les Franciliens, la période estivale est synonyme chaque année de perturbations et de grands chantiers dans les transports en commun. Or, cet été, les travaux paraissent bien plus nombreux avec un impact “extrêmement lourd” sur certaines lignes et la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris n’y est pas pour rien.

Si le ballet estival des bus de substitution n’est “pas nouveau” sur certaines lignes d’Île-de-France, les perturbations et interruptions de ligne s’intensifient cette année, de quoi exaspérer les usagers. Marc Pélissier, président de l’association des usagers des transports d’Île-de-France (AUT-FNAUT), nous livre un constat sans équivoque sur un réseau ferroviaire constamment en chantier.

Sur le RER A, il y a une petite déception. Nous pensions que les importants travaux d’été dans Paris et en sa proche banlieue seraient terminés. Finalement, il y a quand même encore une coupure cet été du côté de Vincennes et vers Cergy.

“Sur une ligne comme le RER B qui accueille en temps normal près d’un million d’usagers par jour, l’impact est extrêmement lourd”

Marc Pélissier

président de l’AUT-FNAUT Île-de-France

Le nombre de lignes concernées par les travaux doit être un record cet été. La variété et le cumul de travaux sur plusieurs portions, tel que sur le RER B, se voient beaucoup. Il y a d’importants travaux au nord et sur les deux branches du sud. Sur une ligne comme le RER B, qui accueille en temps normal près d’un million d’usagers par jour, l’impact est extrêmement lourd.

Pour les usagers, le ressenti n’est pas bon cet été. Il est vrai qu’en termes d’intensité, c’est encore plus que d’habitude. Le nombre de lignes concernées par des travaux doit être un record cet été. Même si quelques lignes sont épargnées, elles ne sont pas nombreuses. Il faut bien surveiller ses correspondances, les portions en travaux changent toutes les semaines, en particulier sur le métro et le tramway. Les usagers doivent alors jongler entre les coupures et les fermetures pour réussir à réaliser leur trajet habituel.

“Il est vrai qu’en termes d’intensité, c’est encore plus que d’habitude. Le nombre de lignes concernées par des travaux doit être un record cet été”

Marc Pélissier

président de l’AUT-FNAUT Île-de-France

S’ajoutent à cela les lignes qui sont en horaires d’été allégés. Début juillet, notre constat est qu’il n’y avait pas encore eu suffisamment de départs en vacances, alors que les horaires étaient déjà très allégés. Les usagers ont alors été confrontés à des rames plus chargées que le reste de l’année.

Sur le RER A, l’interruption de trafic de cet été sur la branche de Cergy est l’exemple type d’un tronçon où il y a beaucoup de travaux, mais où l’on ne voit pas forcément les résultats derrière. Les usagers peuvent accepter plus facilement ces travaux s’ils peuvent constater une diminution des incidents techniques. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.

“Les usagers peuvent accepter plus facilement ces travaux s’ils peuvent constater une diminution des incidents techniques. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas”

Marc Pélissier

président de l’AUT-FNAUT Île-de-France

Sur le RER C, c’est le même constat. Il est en travaux depuis des années, et pourtant, il n’y a jamais eu autant d’incidents techniques sur l’infrastructure. C’est l’incompréhension pour les usagers. Même si nous essayons [à la FNAUT]d’avoir des échanges plus fournis avec SNCF Réseau. Pour l’instant, nous ne comprenons pas tout.

Les impacts travaux qu’il y a durant l’été s’ajoutent bien évidemment à tout ce qu’il y a le reste de l’année : les interruptions en soirée ou les fermetures anticipées le week-end. SNCF Réseau a eu tendance à mettre en place des fermetures de branches sur certaines lignes dès 22h30 toute l’année. Pour des gens qui travaillent en horaires décalés, cela peut être très lourd. Ce sont des impacts travaux qui ne sont plus acceptables.

Si cela est en partie vrai, l’été est habituellement mauvais pour les usagers. Les travaux ne sont pas nouveaux sur le réseau ferroviaire, notamment sur le RER C où les usagers en ont l’habitude depuis plusieurs années avec les travaux Castor. Néanmoins, la fermeture de la ligne 14 durant l’été sera très pénalisante, mais la RATP affirme que c’est indispensable pour tenir l’échéance des Jeux olympiques. Donc cela pèse.

“Nous savions qu’il y aurait des travaux cet été. Certains qui ne pouvaient avoir lieu en 2024, du fait des JO, ont ainsi été reportés cet été et d’autres à l’été 2025”

Marc Pélissier

président de l’AUT-FNAUT Île-de-France

Nous savions qu’il y aurait des travaux cet été. Certains qui ne pouvaient avoir lieu en 2024, du fait des Jeux olympiques de Paris, ont ainsi été reportés cet été et d’autres à l’été 2025. De toute manière, les autres lignes promises pour les Jeux olympiques ne seront pas prêtes. Concernant le prolongement du RER E jusqu’à Nanterre [le projet EOLE, ndlr]la SNCF estime que le matériel roulant ne sera pas encore assez rodé. Une desserte complète du RER E jusqu’à Nanterre serait trop risquée avant les Jeux olympiques. Il y a des discussions. De toute façon, quand le projet EOLE a été lancé, il n’avait évidemment pas de lien avec les JO. Il s’agit d’un pur hasard que cela tombe à ce moment-là.