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Israël attaque le Yémen en pensant à l’Iran

by Nouvelles

2024-12-27 23:02:00

Le Yémen est depuis longtemps devenu l’un des exemples les plus notoires d’État défaillant. Identifié comme le plus pauvre des 22 pays arabes, la chute du dictateur Ali Abdallah Saleh (février 2012) l’a conduit à être le théâtre de l’une des plus graves crises humanitaires de la planète, avec 80 % de la population vivant dans la pauvreté pendant en dessous du seuil de pauvreté et le champ de bataille d’acteurs très divers. Parmi eux, se distingue le groupe Ansar Allah, la branche armée du mouvement Houthi dirigé par Abdelmalik al Houthi depuis 2004. Depuis 2023, sans abandonner sa tentative de consolider son pouvoir à Sanaa, il a ajouté un activisme militaire croissant en soutien ( supposé) de la cause palestinienne, ce qui a immédiatement provoqué des attaques de plus en plus nombreuses et plus larges de la part d’Israël.

Ansar Allah est à la fois un acteur avec son propre agenda, représentant à l’origine la minorité des chiites zaïdis marginalisés dans les zones montagneuses du nord du Yémen, et un pion de l’Iran dans sa quête de représailles contre la menace que Téhéran ressent de la part de Tel. Aviv (et Washington, via l’Arabie Saoudite). Au niveau interne, il a réussi à rassembler de nombreux Yéménites qui se sentaient maltraités tant par Saleh que par son successeur, Abdrabbo Mansur al Hadi, franchissant ainsi les frontières identitaires qui le définissaient comme un groupe marginal sur la scène politique nationale.

Chemin faisant, elle a réussi à prendre le contrôle de la capitale et de l’important port de Hodeida, sur la mer Rouge, devenant ainsi l’acteur principal de la vie nationale, avec une puissance militaire que l’Arabie saoudite n’a pas réussi à maîtriser, bien qu’elle ait mené depuis 2015, une alliance dans laquelle les Émirats arabes unis se démarquent également, avec un soutien américain évident. Quoi qu’il en soit, il est également vrai qu’il n’a pas réussi à contrôler plus d’un tiers de tout le territoire yéménite et, encore moins, à s’imposer définitivement au reste des forces en présence, depuis les cellules qu’Al-Qaïda dans le monde arabe Péninsule et Daesh se déploient dans le pays, auprès des groupes sécessionnistes du sud ou auprès des restes des forces armées yéménites fidèles au Conseil de direction présidentielle, créé en avril 2022 après la démission d’Al Hadi.

Une grande partie de son potentiel actuel, au-delà de sa capacité de production rudimentaire et du matériel qu’elle a pu obtenir de ses propres ennemis locaux, s’explique par le soutien que lui a apporté le régime iranien, tant sur le plan économique que, surtout, militaire. . Ceci explique, sans tomber dans l’erreur de penser qu’Ansar Allah est une marionnette dirigée par Téhéran, que celui-ci a su développer une stratégie de force sur deux fronts. D’une part, depuis novembre 2023 et avec l’argument formel de soutenir la cause palestinienne face au massacre qu’Israël est en train de perpétrer tant à Gaza qu’en Cisjordanie, il a mené des attaques contre plus d’une centaine de navires civils et militaires. qui traversent le détroit de Bab el Mandeb à l’aide à la fois de missiles (Shehab-3 et Toophan) et de drones (Samad-4 et Shahed) d’origine iranienne. Et s’il est vrai qu’ils n’ont pas réussi à fermer cette importante route maritime, il est également vrai que ni l’opération Prosperity Guardian ni ce que l’on appelle l’Archer de Poséidon, dirigé par les États-Unis, n’ont réussi à dissuader le groupe de continuer à perturber trafic international dans la région et convaincre de nombreuses compagnies maritimes de naviguer à nouveau dans ces eaux.

D’autre part, le groupe yéménite est entré dans une dynamique d’attaques directes sur le territoire israélien, en utilisant des missiles balistiques hypersoniques comme le soi-disant Palestine 2, avec une vitesse de Mach 16 et une portée maximale de 2 150 kilomètres. Des missiles qui ont parfois réussi à pénétrer le système sophistiqué de défense aérienne israélienne, et ont activé la réponse immédiate des Forces de défense israéliennes (FDI). Une réponse à laquelle participe Washington et qui ne se limite plus à atteindre des objectifs militaires, mais en inclut d’autres comme l’aéroport international de Sanaa et le port de Hodeida.

A ce stade, ce qui semble clair, c’est à la fois que les dirigeants d’Ansar Allah ne se sentent pas rebutés par la punition qu’ils ont reçue, alors qu’ils conservent des moyens suffisants pour tenir le pouls sans considérer le coût humain que cela peut entraîner pour leurs concitoyens, et que Israël ne trouve pas le moyen d’arrêter une dynamique qui complique ses calculs militaires en pleine campagne en Palestine, au Liban et en Syrie. L’armée israélienne a démontré qu’elle disposait déjà de moyens propres – notamment la capacité de se ravitailler en vol – pour que ses avions de combat, chargés de bombes, puissent parcourir 2 000 kilomètres jusqu’à leurs objectifs, les frapper et regagner leurs bases ; tout cela sans avoir besoin du soutien que les États-Unis ont dû apporter jusqu’à tout récemment. Cela lui donne une plus grande marge de manœuvre pour prendre des décisions, sans avoir à s’adapter aux directives de Washington. Mais, malgré cela, il a déjà pu vérifier que ses coups n’ont pas servi à calmer sa propre population ni à inciter les Houthis à abandonner leur attitude. Par ailleurs, comme on pouvait s’y attendre, il ne semble pas que les menaces et les attaques contre l’Iran servent à forcer le régime iranien à contraindre son allié yéménite à renoncer à ses efforts.

En bref, le plus probable est que les deux parties maintiendront et même intensifieront leur engagement de guerre, même si cela ne les aidera pas à imposer leurs diktats et finira par les conduire à un affrontement de haute intensité.



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