2024-12-23 13:13:00
La Turquie espère utiliser les groupes rebelles qui lui sont proches pour étouffer une fois pour toutes le désir d’indépendance des Kurdes et installer un régime sunnite client à Damas. Il n’est pas du tout clair si Recep Tayipp Erdogan devra se préparer à une confrontation avec le futur président des États-Unis, car les troupes américaines ont promu l’indépendance kurde dans le nord-est de la Syrie. Puisque ce soutien avait pour seul but de couper l’accès à l’État croupion syrien des ressources en pétrole et en blé, cet objectif est devenu obsolète après sa capitulation. Le pragmatique Donald Trump pourrait décider de laisser tous les Kurdes syriens aux bons soins d’Erdogan.
Bien qu’une grande partie de l’armée syrienne ait déjà été démobilisée il y a des mois et que ses éléments encore opérationnels n’opposent plus aucune résistance, de fortes formations de l’État islamique qui se trouveraient encore dans le centre de la Syrie ont servi de prétexte à de nombreuses frappes aériennes contre des infrastructures militaires, qui ont été menées des bases militaires américaines et d’Israël sont devenus. L’Observatoire syrien des droits de l’homme à Londres a fait état de centaines de bombardements contre des aéroports, des escadrons d’avions, des dépôts d’armes, des missiles à longue portée, des stations radar et des installations de reconnaissance militaire à travers le pays. Des sites chimiques ont également été attaqués, même si, selon les observateurs de l’ONU, il n’y avait aucune preuve de production de gaz toxiques. Les « mauvaises mains », dans lesquelles l’héritage militaire du gouvernement Assad ne devrait pas tomber, ne concernaient apparemment pas seulement l’EI, mais aussi les nouveaux dirigeants de Damas, dont la souveraineté a ainsi été restreinte par mesure de précaution. Le nouvel homme fort de Damas, Mohamed Bashir, aurait promis à ses partisans la conquête de Jérusalem sainte dans la mosquée des Omeyyades. Des bombardements israéliens isolés à Damas ont visé l’ambassade et d’autres installations de l’Iran, qui – prétendument en consultation avec les rebelles d’al-Jolani – a pu retirer son personnel par mesure de précaution. Les régions côtières de Syrie, principalement habitées par des Alaouites, ont subi les frappes aériennes israéliennes les plus puissantes depuis une décennie. Une attaque contre des bases militaires syriennes près de Lattaquié aurait été une provocation pour la base aérienne russe de Khmeimin. Étant donné que celle-ci et le port naval de Tartous revêtent une grande importance pour la coopération militaire de la Russie avec les États d’Afrique, Moscou a annoncé vouloir conserver les deux bases et, si nécessaire, les défendre « à peine ».
Même si le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar et le Premier ministre Benjamin Netanyahu soulignent que ces opérations militaires ne servent qu’à la sécurité future du pays, elles visent également à créer rapidement une nouvelle réalité. En témoigne une décision déjà adoptée à l’unanimité par la coalition gouvernementale, qui envisage de doubler la population juive dans le Golan désormais entièrement occupé. Une somme de 40 millions de shekels devrait être débloquée à cet effet. La partie du Golan occupée depuis la guerre de 1967 a été annexée en 1981. Donald Trump a reconnu cette annexion, qui violait le droit international, lors de son précédent mandat. En tant que futur président, il aurait déjà accepté les nouvelles perspectives lors d’une conversation téléphonique avec Netanyahu le 14 décembre. Les modalités possibles d’un cessez-le-feu à Gaza ont également été discutées.
Il y a déjà 31 000 colons israéliens vivant sur le Golan, dont la valeur particulière réside dans son abondance d’eau, aux côtés de la population druze, dont la plupart se considèrent encore comme faisant partie de la Syrie. Une nouvelle zone tampon israélienne sécurisée par des unités blindées, qui s’étend jusqu’aux monts Hermon, d’où l’on aperçoit Damas, ne sera actuellement occupée que pendant l’hiver. On ne sait pas où sont passés les contingents de l’ONU qui étaient stationnés dans l’ancienne zone tampon, qui appartient désormais au passé.
Israël est en guerre sur trois fronts : Gaza, Liban et Syrie. Puisque le gouvernement de Jérusalem croit déjà qu’il est en guerre contre l’Iran, on peut même parler d’une guerre sur quatre fronts. Aussi efficace qu’il semble avoir sur le plan militaire, il est difficile d’imaginer que le Moyen-Orient puisse être stabilisé de manière permanente de cette manière. L’Arabie saoudite, la plus grande puissance régionale qu’Israël s’efforce de faire reconnaître depuis des années, a également fermement condamné ses actions actuelles en Syrie.
Il est important de rappeler que le gouvernement de Bachar al-Assad est reconnu comme ne représentant aucune menace ni pour la Turquie ni pour Israël. Hafiz al-Assad a déjà reporté la récupération du Golan à une voie diplomatique à long terme. Compte tenu de l’avidité avec laquelle la Syrie est démembrée, l’affirmation selon laquelle il s’agit de défendre les droits de l’homme perd de sa crédibilité. On parle également peu d’une guerre civile. Les experts estiment que pour que les manifestations civiles de 2011 se transforment en un conflit sanglant et continu, la participation d’au moins 40 000 islamistes internationaux ayant reçu une formation militaire et équipés d’armes modernes était nécessaire. À cela s’ajoutent les sanctions économiques les plus strictes, qui ont amené la faim et le manque de tout ce qui est nécessaire à la vie dans un pays qui était autrefois le « grenier » de la région et fournissait de la nourriture aux États arides voisins.
* Cet article est paru sous le titre « Plus de colons sur les hauteurs du Golan » dans « Der Freitag » n° 51 av. 19/12/2024.
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