Israël et Égypte : 46 ans d’une paix froide et fragile
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Le premier avion égyptien s’est posé à l’aéroport Ben Gourion. Le monde entier a retenu son souffle en voyant le président Anouar el-Sadate descendre de l’appareil.
À l’époque, le chef d’état-major de Tsahal, Motta Gur, se tenait parmi les dignitaires. Il mettait en garde la délégation contre une possible ruse égyptienne. Gur était persuadé qu’une bombe, et non le président égyptien, attendait pour éliminer les principaux dirigeants israéliens. La suspicion était à son comble. La démarche de Sadate, qui faisait suite à des rencontres secrètes au Maroc, était accueillie avec une profonde méfiance.Au sein du ministère israélien de la Défense, la visite de Sadate était perçue comme un stratagème précédant une guerre.Quatre jours avant cette arrivée historique, le chef d’état-major Gur s’était isolé avec de hauts responsables de Tsahal. Il avait déclaré la nécessité de préparer les dépôts d’urgence en vue d’un conflit imminent.Le ministre de la Défense, Ezer Weizman, avait une vision différente. Il décrivait avec optimisme l’initiative de paix de Sadate comme un “grand geste historique”. Lorsque Sadate est finalement descendu de l’avion, il s’est approché de Gur en lui lançant avec ironie : “Me voici”.
Beaucoup de choses se sont passées au cours des 46 années qui ont suivi cette visite historique. La relation entre les deux nations est délicate et souvent tumultueuse. Israël s’est retiré du Sinaï, et la paix a atteint des sommets sans précédent pendant une brève période de deux ans. En Égypte, des millions de citoyens en liesse ont envahi les rues du Caire pour accueillir Sadate à son retour.
Avant d’entreprendre sa visite historique à Jérusalem, Sadate s’est arrêté à Damas. Il y a rencontré le président syrien Hafez al-Assad, l’invitant à se joindre à l’initiative de paix. Un conseiller de Sadate a révélé plus tard qu’il existait un plan syrien pour retenir Sadate à Damas. Le but était de “purger de son esprit l’idée absurde de se rendre en Israël”. Trois ans plus tard,Sadate a emmené son homologue syrien faire un tour aérien du Sinaï. Il lui a dit en plaisantant : “vous auriez pu récupérer le plateau du Golan d’Israël, si vous étiez venu à Jérusalem comme je l’ai fait”.
Qu’avons-nous vécu pendant ces 46 années de paix ? De grandes promesses de normalisation, dont beaucoup ont échoué, ont tout de même permis des collaborations agricoles modestes et des accords commerciaux gaziers. En novembre 1996, un scandale diplomatique a éclaté. Le citoyen israélien Azzam Azzam a été emprisonné en Égypte pour de graves accusations d’espionnage. Des années plus tard, après sa libération, Azzam a été honoré en allumant une torche à Jérusalem. Au fil du temps, l’opposition aux accords de paix s’est amplifiée en Égypte. Aujourd’hui, il serait difficile d’entendre une seule voix favorable à Israël ou à la paix dans tout le pays.
Du point de vue de l’Égypte, Israël n’a pas répondu à ses attentes. L’Égypte espérait qu’Israël utiliserait le traité de paix pour obtenir des accords plus larges avec d’autres États arabes. L’Égypte envisageait des accords de paix avec les Palestiniens,le Liban et même la Syrie,en plus du traité jordanien. Ce dernier a été signé sans participation ni influence égyptienne.
pendant cette période, le réacteur nucléaire de Dimona en Israël est resté une source de tension persistante. Le Premier ministre Shimon Peres avait exhorté son homologue égyptien, Mustafa Khalil, à prolonger son séjour et à visiter Israël. Khalil,amusant sa délégation,avait rétorqué : “J’adorerais rester,à condition que vous organisiez une visite du réacteur de Dimona pour moi”.
La normalisation est rapidement devenue un terme litigieux. Les relations civiles entre les pays se sont détériorées. Après le meurtre tragique de trois touristes et d’un homme d’affaires à Alexandrie il y a deux ans, l’Égypte a cessé de délivrer des visas d’entrée aux détenteurs de passeports israéliens.
Le barrage d’Assouan, source vitale d’eau potable pour 115 millions d’Égyptiens, s’est retrouvé pris entre deux feux.Avigdor Lieberman avait qualifié le barrage de menace stratégique, appelant à sa destruction. Cette déclaration n’est toujours pas oubliée en Égypte. N’oublions pas non plus la frappe israélienne contre le réacteur nucléaire irakien, menée deux jours seulement après la rencontre Begin-Sadate. Le moment choisi a laissé une impression sinistre. Des rumeurs laissaient entendre qu’Israël aurait partagé des détails de l’opération avec l’Égypte.
La première guerre du Liban, lancée deux mois seulement après le retrait d’Israël du Sinaï, et la seconde guerre du Liban, ont davantage mis à rude épreuve la paix fragile.L’Égypte espérait des progrès vers une paix régionale plus large. Les actions militaires d’Israël, telles que l’invasion de Beyrouth et l’expulsion des dirigeants de l’OLP, semblaient confirmer, aux yeux des Égyptiens, qu’Israël avait signé le traité de paix avec l’Égypte uniquement pour s’assurer une liberté d’action dans le monde arabe.
Je n’ai pas visité l’Égypte depuis deux ans. Bien que je corresponde avec des amis au Caire, rien ne vaut le fait de voir les choses par soi-même. Lorsque j’ai proposé une visite, j’ai été tenu de fournir le nom d’un haut fonctionnaire égyptien qui m’accompagnerait pendant mon séjour, qui devait durer moins de 48 heures. Le fonctionnaire a accepté, mais une autre condition est apparue : deux agents de sécurité égyptiens me suivraient tout au long de la visite.
Il n’y a pas eu de communication directe entre le bureau du Premier ministre Netanyahou et le palais présidentiel égyptien depuis au moins deux ans. Le président Abdel Fattah el-Sisi reçoit des informations régulières sur les négociations concernant le retour des otages, mais le dialog direct est manifestement absent. Des responsables de la sécurité israéliens vont et viennent, souvent suivis par de hauts représentants du Hamas du Qatar.
C’est un secret de polichinelle que l’Égypte n’a aucune affection pour le Hamas ou le Jihad islamique, mais elle persiste dans son rôle de médiateur. L’Égypte a un intérêt direct à maintenir le calme à Gaza,ainsi que des intérêts essentiels dans la péninsule du Sinaï.
Si je conseillais Netanyahou, je l’exhorterais à décrocher le téléphone et à appeler Sisi pour le féliciter à l’occasion du 46e anniversaire des accords de paix. Il serait sage de s’élever au-dessus de l’amertume, de mettre de côté les griefs et d’entamer une conversation. Après tout, 46 ans se sont écoulés, et cette paix, qu’elle soit froide ou tiède, a perduré. Ce n’est pas un mince exploit et cela mérite d’être reconnu.
israël et Égypte : 46 ans d’une Paix Froide et Fragile
Le texte décrit les 46 ans de relations entre Israël et l’Égypte, depuis la visite historique du président égyptien Anouar el-Sadate à Jérusalem.
La visite de Sadate en Israël a été accueillie avec une grande méfiance. Le chef d’état-major de Tsahal, Motta Gur, doutait des intentions égyptiennes à l’époque. Le texte met en évidence la suspicion présente dans les cercles militaires israéliens.
Après la visite de Sadate, de nombreux événements ont façonné les relations entre les deux pays, notamment :
Retrait du Sinaï : Israël s’est retiré du Sinaï, et la paix a connu une période d’accalmie.
Normalisation : Les promesses de normalisation ont en grande partie échoué, bien qu’il y ait eu des collaborations modestes.
Scandales diplomatiques : L’emprisonnement d’Azzam azzam en Égypte a provoqué des tensions.
Attentes non satisfaites : L’Égypte souhaitait que le traité de paix serve de tremplin vers d’autres accords régionaux.
Tensions persistantes : Le réacteur nucléaire de Dimona et les actions militaires d’Israël ont alimenté les tensions.
Relations civiles : Les relations civiles se sont détériorées au fil du temps.
Les relations actuelles sont délicates et montrent une absence de dialog direct au plus haut niveau. De plus l’Égypte continue à jouer son rôle de médiateur dans la région.
La conclusion suggère que, malgré les difficultés, il serait judicieux pour les dirigeants actuels d’Israël et d’Égypte de raviver le dialogue.
FAQ : Questions Fréquentes sur les Relations Israël-Égypte
Q : Quand le président Sadate a-t-il visité Israël ?
R : Le président Anouar el-Sadate a visité Israël il y a 46 ans.
Q : Comment la visite de Sadate a-t-elle été perçue en Israël ?
R : Elle a été accueillie avec méfiance et suspicion.
Q : qu’attendait l’Égypte du traité de paix ?
R : L’Égypte espérait que cela mènerait à des accords plus larges avec d’autres nations arabes.
Q : Quel est le principal obstacle aux relations actuelles ?
R : L’absence de dialogue direct au plus haut niveau.
Tableau Récapitulatif des Événements Clés
| Événement | Impact |
| :—————————————— | :———————————————————————————————————————————– |
| Visite de Sadate à Jérusalem | Début d’une relation complexe, méfiance initiale. |
| Retrait du Sinaï | Période de calme. |
| Tentatives de normalisation | Succès limités. |
| Emprisonnement d’Azzam Azzam | Tension diplomatique. |
| Réacteur nucléaire de Dimona | Source de tension persistante. |
| Absence de dialogue direct actuel | Obstacle majeur aux relations.|