JERUSALEM (AP) — Israël a lancé une série de frappes aériennes dans le sud du Liban tôt dimanche matin, dans le cadre de ce qu’il a qualifié de frappe préventive pour éviter une attaque massive de roquettes et de missiles du Hezbollah. Le groupe militant a déclaré avoir tiré des centaines de roquettes et de drones pour venger la mort d’un haut commandant le mois dernier.
Les deux parties ont cessé les échanges de tirs en milieu de matinée, laissant entendre qu’il n’y avait pas de nouvelle escalade dans l’immédiat. L’Egypte accueille des pourparlers de haut niveau visant à parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre qui oppose Israël et le Hamas à Gaza depuis dix mois. Les diplomates espèrent que cela apaisera les tensions régionales.
Israël et le Hezbollah ont affirmé que leurs attaques visaient uniquement des cibles militaires. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que l’attaque avait été retardée pour donner une chance aux négociations de cessez-le-feu et que la cible était une base des services de renseignements militaires israéliens près de Tel-Aviv. Le Hezbollah, comme le Hamas, est soutenu par l’Iran.
L’armée israélienne a déclaré qu’un soldat de la marine avait été tué et deux autres blessés soit par un intercepteur, soit par des éclats d’obus provenant d’un de ses appareils. Deux combattants du Hezbollah et un militant d’un groupe allié ont été tués, ont indiqué les deux organisations.
Le Hezbollah a déclaré que son attaque contre les positions militaires israéliennes était une première réponse à la mort de Fouad Shukur lors d’une frappe aérienne israélienne à Beyrouth le mois dernier. Nasrallah a déclaré que les attaques contre Israël se poursuivraient « parce que l’Iran et le Yémen (alliés) continuent de riposter ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que l’armée avait éliminé des milliers de roquettes qui visaient le nord d’Israël et abattu des drones se dirigeant vers le centre du pays.
« Je le répète, ce n’est pas la fin de l’histoire », a-t-il ajouté. Le président israélien Isaac Herzog a déclaré à CBS que les actions d’Israël « ont empêché une escalade vers une guerre majeure », mais que la menace persistait.
Des vols détournés en raison des sirènes d’alerte aérienne
Des sirènes d’alerte ont retenti dans tout le nord d’Israël, et l’aéroport international d’Israël a été fermé et les vols ont été détournés pendant environ une heure. Le commandement du front intérieur israélien a ensuite levé les restrictions dans la plupart des régions.
Le porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, a déclaré que le Hezbollah avait l’intention de frapper des cibles dans le nord et le centre d’Israël. Il a déclaré que les premières évaluations ont fait état de “très peu de dégâts”, mais que l’armée restait en état d’alerte maximale. Il a déclaré qu’une centaine d’avions israéliens avaient participé aux frappes.
Le Hezbollah a déclaré que son attaque avait impliqué plus de 320 roquettes Katioucha visant plusieurs sites en Israël et un « grand nombre » de drones. Il a précisé que l’opération visait « une cible militaire israélienne qualitative qui sera annoncée ultérieurement » ainsi que « des sites et des casernes ennemis et des plateformes de défense antimissile Iron Dome ».
Le Hezbollah a déclaré que ces frappes lui permettraient de lancer davantage d’attaques plus profondément en Israël, mais un communiqué ultérieur a déclaré que « les opérations militaires pour aujourd’hui sont terminées ». Il a rejeté les allégations d’Israël selon lesquelles il aurait déjoué une attaque plus puissante. Ni Israël ni le Hezbollah n’ont fourni de preuves à l’appui de leurs affirmations.
Certains Israéliens ont été choqués. Dans la ville d’Acre, dans le nord du pays, Saadia Even Tsur, un enseignant à la retraite de 76 ans, a déclaré qu’il se trouvait à la synagogue lorsque sa chambre a été endommagée et qu’il était arrivé chez lui cinq minutes plus tard. « Je suis monté et j’ai vu l’ampleur du miracle qui m’était arrivé », a-t-il déclaré. Une fenêtre était cassée et des débris recouvraient son lit.
Le ministre de l’Economie par intérim du Liban, Amin Salam, a déclaré, après une réunion d’urgence du gouvernement, que les responsables étaient “un peu plus optimistes” quant à une désescalade. “Nous nous sentons plus rassurés depuis que les deux parties ont confirmé que les opérations prévues ont pris fin”, a-t-il déclaré.
Le président Joe Biden « suit de près les événements en Israël et au Liban », selon Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Le Pentagone a déclaré que le secrétaire à la Défense Lloyd Austin s’était entretenu avec son homologue israélien, Yoav Gallant. Le chef d’état-major interarmées, le général CQ Brown, effectue actuellement une visite régionale qui comprend Israël, l’Égypte et la Jordanie.
Une guerre totale semble évitée pour l’instant
Randa Slim, chercheuse principale au Middle East Institute, basé à Washington, a déclaré que l’échange de tirs « restait dans les limites des règles d’engagement et qu’il était peu probable à ce stade qu’il conduise à une guerre totale ».
Danny Citrinowicz, expert à l’Institut israélien d’études sur la sécurité nationale, estime que le Hezbollah tente peut-être de « rééquilibrer l’équation sans pour autant dégénérer en guerre ». Chaque camp espère que son discours sera suffisant pour déclarer la victoire et éviter une confrontation plus large, a-t-il déclaré.
Le Hezbollah a commencé à attaquer Israël presque immédiatement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre. Israël et le Hezbollah ont échangé des tirs presque quotidiennement, déplaçant des dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière.
Le Hezbollah, qui a mené une bataille acharnée contre Israël en 2006, est aujourd’hui considéré comme beaucoup plus puissant. Les États-Unis et Israël estiment qu’il dispose de quelque 150 000 roquettes et qu’il est capable de frapper n’importe quel endroit en Israël. Le groupe a également développé des drones capables d’échapper aux défenses israéliennes, ainsi que des munitions guidées de précision.
Israël a promis une réponse écrasante à toute attaque majeure du Hezbollah. Il dispose d’un système de défense antimissile à plusieurs niveaux et est soutenu par une coalition dirigée par les États-Unis qui l’a aidé à abattre des centaines de missiles et de drones tirés depuis l’Iran plus tôt cette année. L’armée américaine a renforcé ses forces dans la région ces dernières semaines.
Le Hezbollah est un proche allié de l’Iran, qui a également menacé de prendre des mesures de représailles contre Israël pour l’assassinat d’un haut dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le mois dernier. Israël n’a pas précisé s’il était impliqué dans l’affaire.
Les médias officiels iraniens ont exagéré dimanche l’attaque du Hezbollah, la qualifiant de succès, mais aucun commentaire n’a été fait dans l’immédiat par les responsables iraniens.
Les Etats-Unis et d’autres médiateurs considèrent qu’un cessez-le-feu à Gaza est essentiel pour éviter une guerre plus large au Moyen-Orient. Le Hezbollah a déclaré qu’il arrêterait ses frappes contre Israël si un cessez-le-feu était conclu.
L’Egypte accueille dimanche au Caire des discussions de haut niveau visant à rapprocher les positions du gouvernement et à obtenir la libération de dizaines d’otages détenus par le Hamas. Le directeur de la CIA William Burns et le chef du Mossad, l’agence de renseignement israélienne, David Barnea, ont participé à ces discussions.
Le Hamas a envoyé une délégation pour être informé par les médiateurs égyptiens et qataris, mais ne participe pas directement aux négociations.
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2024-08-25 18:09:00
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