LE PROCÃ?S a à peine commencé, hier à Bobigny, qu’une femme se lève dans le public et accuse : « C’est toi le tueur de mon fils ! Vous les cinq, vous allez voirâ?¦ » Dans le box, les prévenus se tournent, interloqués. Ils ont entre 23 et 34 ans et sont originaires du Clos-Saint-Lazare, à Stains, où ils ont toujours vécu, pour la plupart, avant d’être incarcérés il y a dix-huit mois. L’audience est suspendue et la mère de famille invitée à sortir. Tout juste a-t-elle le temps de dire que son fils, c’était N’Semi, ce jeune homme de 20 ans, tué par balles le 15 mai 2007, énième victime d’une spirale meurtrière qui endeuille le quartier depuis les années 1990.
Hier, ce n’était pas le procès des meurtriers de ce garçon dont les prévenus assurent d’ailleurs avoir été des proches mais celui de suspects devant répondre d’une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime. Les cinq auraient planifié l’assassinat de deux garçons d’un clan d’en face, qu’ils soupçonnaient de vouloir leur faire la peau.
« Mettez-vous à ma place, explique Christophe Culit. On avait perdu deux amis. Après la mort de Souleymane Touré, on a donné des noms à la police, en leur disant que s’ils ne faisaient rien, d’autres y passeraient. N’Semi a été abattu trois semaines plus tard. La police ne faisait rien, je n’allais pas attendre qu’on me mette quatre balles dans la têteâ?¦ » C’est sa voiture que la police judiciaire avait truffée de micros. Et découvert ainsi, le 20 mai 2007 par des écoutes, le plan des cinq amis d’enfance. Le repérage des lieux, le choix des armes, ceux qui devaient guetter, ceux qui devaient tirer sur ce parking d’hôtelâ?¦ « Des échanges téléphoniques à faire froid dans le dos », s’indigne le procureur Quentin Dandoy.
Des peines de trente mois à trois ans de prison
Trois jours plus tard, la bande des cinq se faisait interpeller. Tous disent avoir d’abord réagi « à chaud », mués par un mélange de vengeance et de peur pour leur propre vie. Avant de « changer d’avis », « parce qu’ils en avaient marre de ce cercle vicieux », propose M e Moncef. Rien dans les écoutes qui se sont poursuivies jusqu’au 23 mai ne prouve le contraire, comme le souligne fermement M e Forster. Comme ses confrères, il juge « hors de proportion » les sept et huit ans d’emprisonnement requis.
Pour le procureur, pourtant, nul doute que les prévenus sont « non pas des victimes mais des participants à cette guerre intestine », étroitement liée au trafic de drogue. Trois des prévenus ont d’ailleurs déjà été condamnés pour des affaires de stupéfiants, mais tous se défendaient hier d’avoir agi ainsi pour le trafic.
« L’histoire du Clos-Saint-Lazare s’écrira dans quelques années et l’on verra que les stupéfiants ne sont pas la branche unique de cette histoire », a plaidé M e Najsztat, l’avocat de Tiemoko Sangaré, finalement condamné à deux ans de prison, comme Sekou Mariko. Mohamed et Boubakar Sangaré écopent de trente mois, Christophe Culit de trois ans.
2008-11-25 11:00:00
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