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Jeunes entrepreneurs des quartiers populaires de la région parisienne : l’autoentrepreneuriat en plein essor

Jeunes entrepreneurs des quartiers populaires de la région parisienne : l’autoentrepreneuriat en plein essor

De l’ambition, les jeunes n’en manquent pas. Aux Indes – la célèbre cité de Sartrouville (Yvelines) – comme dans les autres quartiers populaires de la région parisienne, l’autoentrepreneuriat a le vent en poupe. Nombreux sont ceux qui se voient à la tête de leur propre entreprise, libres de tout patron, maîtres des bénéfices engendrés. Et les émeutes urbaines récentes qui ont particulièrement touché les quartiers n’ont en rien entaché leur détermination. Ils n’étaient pas nombreux au forum de l’emploi, en cet après-midi de début d’été, sur l’esplanade Georges-Brassens, mais lorsqu’ils s’assoient à l’un des stands d’accompagnement, les porteurs de projet restent longtemps face aux conseillers. Car, des questions, ils en ont beaucoup.
“J’ai besoin de tout savoir ! Les règles, les lois, les aides, je dois tout apprendre”, sourit Mustapha, 26 ans, très motivé. “Je suis arrivé il y a trois mois du Maroc où je tenais une entreprise qui fait du café. C’est mon rêve d’ouvrir la même chose ici et de continuer dans d’autres endroits en France.” Les jeunes misent sur le “drop shipping”… et les JO. Anis, lui, veut lancer sa boîte de fibre optique. Une licence de télécommunication en poche, un emploi à 1 500 euros net par mois qui lui assure une sécurité financière le temps de développer son affaire… Il est prêt à faire des concessions pour s’assurer d’un avenir prospère.
Sartrouville, ce samedi. Des autoentrepreneurs de la cité des Indes viennent demander conseil lors du Forum de l’emploi. “Tant qu’on est salarié, on touche une somme fixe. L’entrepreneuriat permet d’évoluer, de voir plus loin”, explique ce bosseur de 23 ans. “Au début, tout est difficile, il y a des gens qui ne croient pas en nous, mais avec la volonté on peut tout faire. Je suis prêt à sacrifier du temps et de l’énergie maintenant pour avoir une vie meilleure ensuite, quand j’aurai une femme et des enfants.” Parmi les domaines préférés de la tranche 20-35 ans, on retrouve les secteurs d’activités classiques, tels que la sécurité, les services de nettoyage, le web design, la restauration ou encore le bâtiment. Plus récemment, les chauffeurs VTC se multiplient à l’heure de la Coupe du monde de Rugby, et les Jeux olympiques à Paris, en 2024. Mais, ce qui attire encore plus particulièrement les jeunes entrepreneurs ces derniers mois, c’est l’appât du gain avec le drop shipping – autrement dit, la livraison directe. Cette technique, discutable, consiste à trouver le bon produit, pas cher, disponible en ligne, et à le revendre à un prix plus élevé via les réseaux sociaux. Les bénéfices peuvent être fulgurants sur un article, mais pour que le modèle soit viable à long terme il faut sans cesse se renouveler.
“On remarque que ça marche assez bien”, observe Laurence Gnemmi, bénévole à l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie). “Il y en a pas mal qui arrivent à faire un bon chiffre d’affaires juste en revendant des articles sur Instagram ou Vinted. Ce sont des gros bosseurs, ils veulent réussir, s’offrir un bel avenir et peut-être même sortir leur famille des quartiers.” Du partage d’expérience à la quête de sens. En ce qui concerne les profils expérimentés, la création d’entreprise est souvent orientée vers l’aide à la personne et le bien-être. Il y a ceux qui préfèrent se mettre à leur compte, fatigués de travailler à des rythmes effrénés pour des salaires dérisoires, et ceux qui veulent mettre leur savoir-faire au service des autres. Développement personnel, coaching sportif, soins de la peau et des cheveux… Le partage d’expérience est souvent moteur pour ces jeunes entrepreneurs. “Il y a une véritable quête de sens”, développe une responsable de l’association Positive Planet France, qui accompagne les porteurs de projet dans ce quartier prioritaire de la ville des Yvelines. “Aujourd’hui, les gens veulent voir leurs enfants grandir, utiliser des produits écoresponsables, valoriser leurs déchets… Ils n’ont pas peur de travailler douze à quinze heures par jour, sans même forcément toucher de salaire au départ. J’ai vu des ingénieurs passer au RSA pour faire de la permaculture.” Au-delà de la bonne idée, encore faut-il pouvoir pérenniser son activité. L’étude de marché, le business plan, la clientèle cible, chaque étape est cruciale pour s’assurer un minimum de réussite. Des aspects que les autoentrepreneurs ne saisissent pas toujours. “L’erreur récurrente, c’est de minimiser la concurrence”, pointe Xavier Lesur, conseiller formateur à Ensemble pour agir et entreprendre (BGE). “L’autre point important, c’est de leur faire comprendre que le chiffre d’affaires n’est pas égal à la rémunération.” “Les femmes osent de plus en plus franchir le pas”. À 57 ans, Yanis et sa femme ont décidé de lancer en France le concept qu’ils avaient rodé en Italie : un site Internet de vente de matériel équestre et de restauration. Après avoir déboursé des milliers d’euros pour le développement de l’interface et la location d’un box pour stocker la marchandise, il ne leur manquait plus que les clients. “Ça ne marche pas, on n’a aucune commande, regrette le quinquagénaire. J’ai besoin de quelqu’un pour m’aider à rendre mon site visible. Moi, je n’y connais rien en référencement.” Quant aux femmes, dans les quartiers populaires comme ailleurs, bien qu’elles soient moins nombreuses que les hommes à se lancer dans l’aventure, elles osent de plus en plus franchir le pas. Et ce, peu importe leur âge. Les associations remarquent que l’activité de traiteur marche particulièrement bien. “En général, elles sont tellement généreuses qu’elles ont du mal à trouver le prix juste”, conclut Laurence Gnemmi de l’Adie. “On essaie de leur donner des notions économiques, le sens du business pour qu’elles ne sous-évaluent pas leur travail.”
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