Jorge Valdano: Odegaard est réel | Des sports

Jorge Valdano: Odegaard est réel |  Des sports

Ils font place. Il faut arrêter de considérer Odegaard comme une promesse. Il n’est pas nécessaire d’en voir plus : c’est un produit fini. Il a du déploiement, des critères de football, une capacité à clarifier les jeux avec des passes filtrées, des dribbles, des tirs à mi-distance. Un multi-talentueux, pratique et attrayant. Quand je dis qu’une autre année à la Real Sociedad pourrait l’utiliser, je ne le fais pas parce que je ne crois pas en sa maturité, mais parce qu’en ce moment, l’équipe madrilène a beaucoup de ressources. Le contexte ne vous offre aucune garantie de devenir propriétaire. Lorsque l’équipe, pour des raisons d’horaire et d’âge, se débarrassera des concurrents très prestigieux qu’elle a actuellement, Odegaard pourra arriver avec les honneurs qu’un fissure de son état. En attendant et avec sa jeunesse, il vaut mieux jouer 50 matchs avec le Real que d’attendre assis à Madrid.

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Risque d’arroser la fleur. Pep Guardiola dit que “Hazard est bon jusqu’à ce qu’il en dise assez c’est assez”. C’est le joueur que Madrid a perdu il y a deux mois sans que l’équipe ne bouge d’un poil. Aujourd’hui, les joueurs sont aussi fiers des buts qu’ils n’ont pas encaissés que de ceux qu’ils marquent. Ils doivent leur leadership à ce changement de profil. Il a fallu se muscler (ceux de Mendy et Valverde sont en béton armé), mettre l’instinct individuel au service de l’intelligence collective et accentuer la prudence au prix de perdre le sens de l’aventure. Mais Hazard frappe à la porte et apportera le football expressif, déséquilibrant et contagieux qui le caractérise. L’équipe, qui a fermé la porte de derrière, trouvera avec lui des variantes pour abattre celle de devant et ainsi Zidane achèvera son travail. Madrid jouera comme jamais auparavant et, comme les préjugés règnent, nous continuerons à dire qu’ils ont une fleur dans le cul.

Fabien. La crise de Naples a fait tant de bruit que nous avons oublié Fabián. Mais cette semaine, il a dit “me voici”, marquant un but magnifique pour l’Inter. Il a reçu le ballon sur le bord de la surface de réparation italienne d’une équipe de Conte, ce qui signifie qu’il n’y avait pas d’espace. Comme il n’est pas commode pour lui de penser avec le ballon à ses pieds, il a tiré un petit mur. Il a encore reçu d’un adversaire qu’il a dribblé en retour et, lorsqu’il a trouvé une petite clairière, il a décoché un tir maladroit qu’il a cloué en biais. En raison de son style rythmique, cela ressemblait plus à un conseil de grand-père lent qu’à une pièce de théâtre. Grand, la tête relevée, les critères d’un stratège et un champ d’action qui va de zone en zone, il transmet tellement de calme et de sécurité que, lorsqu’il reçoit le ballon, l’incertitude se termine dans le football et l’un, en tant que fan, devient relaxant. Jusqu’à ce que son talent frappe un cri qui vous soulève du siège.

Un document, s’il vous plaît. Le super-professionnalisme tisse des plans élitistes pour le futur proche, et ses projecteurs nous éblouissent tellement que la perception que la nouvelle Copa del Rey n’est rien de plus qu’une aumône pour les romantiques ne me quitte pas. Comme je suis passionné de football et que celui d’être romantique a toujours été une accusation qui m’allait bien, j’accepte l’aumône. Parce que ça me rappelle que le foot c’est tout : un match à la récréation ; une autre, improvisée, dans un parc ; un défi contre le quartier d’à côté et, maintenant, ça devient sérieux, l’admiration pour l’idole, l’amour pour le bouclier, le beau et fanatique fantasme de croire que notre club, quelle que soit sa taille, est différent de tous les autres. Il y a toujours eu une aristocratie qui a fait la une des journaux et qui fait bouger l’industrie comme jamais auparavant. Mais là-bas, il y a quand même un tissu de clubs au pouvoir énorme : le sentimental. La Copa del Rey a fait ressortir le trésor qui explique ce phénomène social et culturel appelé football.

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