2024-12-12 14:53:00
On sait qu’Einstein, au cours des dernières années de sa vie, essayait de développer une théorie du tout, un effort intellectuel où le monde macroscopique et le monde microscopique formaient la même unité, faisant connaître par une formule simple – paraphrasant Simon Laplace – “le mouvement des grands corps de l’univers et de l’atome le plus léger.”
Avec ces principes, le Mexicain Jorge Volpi a donné à l’imprimerie un ouvrage colossal avec une base scientifique, un livre d’un peu plus de 700 pages dans lequel il réalise une autopsie de notre appareil imaginaire, sans oublier que les animaux ont aussi des formes d’imagination comparables à les animaux. Dès le premier chapitre, dès le début de L’invention de toutes choses (Alfaguara), Volpi nous projette dans un rêve qui se produit dans un autre rêve (Borges), un rêve où le scarabée kafkaïen nous mènera au moment précis où toute la masse et toute l’énergie de l’univers se concentrent au sommet de une épingle. Depuis lors jusqu’à aujourd’hui, la fiction a interprété le comportement de l’univers. À ce sujet et à partir du livre de Volpi, nous pouvons nous expliquer à l’aide de trois moments.
Revenant à Einstein et à l’équivalence entre masse et énergie, le premier moment survient lorsque l’on trouve une métaphore réduite à une équation. Il est conçu visuellement et, avec lui, nous allons convertir des idées en images et vice versa, jouant ainsi avec la plasticité neuronale et la poésie intérieure qu’abrite notre subconscient. Le mythe, histoire rationnelle exprimée à travers des symboles, devient ainsi un nombre prêt à être utilisé pour compter les chèvres, comme cela s’est produit vers la fin du quatrième millénaire avant JC dans les villes sumériennes. Les notes de transactions commerciales conduiront, au fil du temps, à constituer une littérature. Pour cette raison, l’élaboration d’une formule mathématique donnera toujours comme résultat une fiction.
Parce que le langage scientifique est imagination, mais dans un ordre ; règles du jeu auxquelles Heisenberg a joué à l’été 1925 lorsqu’il a détaillé le comportement des particules subatomiques, posant ainsi les bases de la mécanique quantique. Le principe d’incertitude signifie que plus on se rapproche de la détermination de la position d’une particule, moins on connaît son mouvement et donc sa masse et sa vitesse. A partir de ce moment, on sait que l’observateur influence la réalité qu’il observe, de telle sorte que la réalité peut cesser d’exister lorsqu’elle n’est pas observée. Un an plus tard, Schrödinger reformule la fiction d’Heisenberg, ouvrant de nouvelles voies qui mènent à des univers parallèles. Les futurs possibles, les « fictions entrelacées » comme les appelle Volpi, se trouvent dans une boîte à côté d’un chat.
Avec ces choses, nous arrivons au troisième moment, où Volpi vient préciser que la physique ne décrit pas le monde, en tout cas, la physique décrit notre idée du monde ; L’imagination est l’outil fondamental avec lequel la science adaptera la réalité du monde à notre compréhension. Sans elle, sans imagination, nous n’existerions pas et, si nous existions, nous serions comme des papillons qui rêvent d’être humains et dans le vol desquels ils atteignent le rayon de lumière qui éclaire la correspondance entre le macrocosme et le microcosme. Le même rayon de lumière qu’Einstein a essayé de gravir un jour.
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