Joséphine, l’esclavagiste qui murmurait à l’oreille de Napoléon

Joséphine, l’esclavagiste qui murmurait à l’oreille de Napoléon

Actuellement sur les écrans en France, le dernier film de Ridley Scott, Napoléon, est centré sur la relation passionnelle entre Bonaparte (Joaquin Phoenix) et Joséphine (Vanessa Kirby). Mais, dans un scénario qui traverse la vie du personnage au rythme d’une charge de hussards, est occulté un de ses aspects les plus sombres : le rétablissement, en 1802, de l’esclavage outre-mer. Est éludé du même coup le débat sur le rôle qu’a justement pu prendre dans cette décision son épouse et héroïne du film : Joséphine est née en Martinique, aux Trois-Ilets, sur une plantation familiale qui comptait près de deux cents asservis.

Le 4 février 1794, la Révolution française ­abolissait une première fois l’esclavage. Cette mesure fut appliquée à Saint-Domingue et en Guadeloupe, où elle ne fut pas sans ­provoquer troubles, guerres et massacres qui débouchèrent notamment sur l’indépendance d’Haïti. En revanche, elle resta lettre morte en Martinique, qui était passée provisoirement sous occupation anglaise avec l’assentiment des propriétaires blancs (les békés), qui virent là le moyen de maintenir le système oppressif simplement sous pavillon britannique.

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L’île redevint française en 1802, au moment où Bonaparte rétablissait la « légalité » de l’esclavage. Dans l’océan Indien, les propriétaires n’avaient jamais non plus appliqué l’abolition révolutionnaire. Ils rendirent grâce au nouveau chef de la France de rétablir la servitude : la Réunion devint en 1806 l’île Bonaparte.

Venue à Paris accompagnée d’esclaves

Faute de preuves écrites, les historiens se ­disputent aujourd’hui pour savoir quel fut le rôle dans ce rétablissement de Marie-Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, devenue « Beauharnais » par un premier mariage, puis « Joséphine » par un diminutif affectueux que lui attribua Bonaparte. « Aucune source à ma connaissance ne documente une quelconque intervention de Joséphine », ne peut que constater Frédéric Régent, historien d’origine guadeloupéenne, professeur à la Sorbonne et un des grands spécialistes de l’esclavage. « Il n’y a pas de preuve formelle qu’elle ait eu un rôle », constate à son tour Jean-François Niort, professeur d’histoire du droit à l’université des Antilles. « Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas pesé de toute son influence et de son charme dans cette d­écision », ­corrige-t-il aussitôt.

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Comme beaucoup de békés s’installant en métropole, l’épouse de Bonaparte depuis 1796 et impératrice à partir de 1804 est venue à Paris accompagnée d’esclaves, comme sa servante Euphémie (qui apparaît dans le film de Ridley Scott). A Paris, Joséphine émarge aux cercles très actifs des grands propriétaires créoles. Ces partisans de la servitude se sont notamment ligués au sein du très influent club de Clichy. Ce puissant lobby ­politique et économique ne cesse d’intriguer, arguant des désordres occasionnés outre-mer par l’abolition.

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2023-11-29 17:00:35
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