Joyce DiDonato, un paradigme des affects douloureux | Culture

Joyce DiDonato, un paradigme des affects douloureux |  Culture

2024-02-05 21:08:53

“Paradigme des sentiments douloureux”. Con estas tres palabras résument le tratadista Athanasius Kircher, en Musique universelle (1650), le cri émouvant de la fille de Jephté à la fin de l’oratorio du même nom de Giacomo Carissimi. Nous avons pu le voir dimanche dernier, le 4 février, au Teatro Real, en écoutant la belle plainte Cry gangs, tristes montagnes à la soprano Carlotta Colombo. Mais plus encore, peu de temps après, avec Joyce DiDonato chantant la complainte Quand je suis couché sur terre qui constitue le point culminant de l’opéra Didon et Enéede Henry Purcell.

La diva américaine revient sur la scène madrilène avec Il Pomo d’Oro, mis en scène par Maksim Emelianichev. Mais, cette fois-ci, en dehors d’un récital conceptuel lié à la promotion d’une sortie discographique. Et comme protagoniste d’un double programme, en version concert, composé de deux merveilleuses compositions du XVIIe siècle : un oratorio et un opéra. Une tournée européenne qui a débuté le 2 février à Londres et se terminera le 16 à Essen, après être passé par le Palau de la Música à Valence (demain le 6)le Théâtre parisien des Champs-Elysées (le 8), la ville danoise d’Aalborg (le 10) et l’Elphilharmonie de Hambourg (le 14).

S’il existe une liaison distante entre Jephté oui Didon et Enée c’est peut-être l’utilisation d’une lamentation accablante comme point culminant. Pour le reste, ce sont deux compositions que nous avons conservées presque par hasard, puisqu’il n’existe aucune gravure d’époque ni autographe lié à leur créateur. Il n’est pas non plus facile de dater les œuvres ni de connaître les circonstances précises de leur création. Les manuscrits que Carissimi a donnés au Collegium Germanicum de Rome ont été perdus au début du XVIIIe siècle et son oratorio le plus célèbre nous est parvenu dans une copie française de 1649. Et bien que le seul opéra de Purcell ait été joué, en 1689, à un pensionnat pour filles de Chelsea, il est possible qu’il ait été composé à l’avance pour la cour d’Angleterre. En tout cas, il nous est parvenu incomplet (le prologue et la fin du deuxième acte manquent) et sa première source musicale date de la fin du XVIIIe siècle.

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Solistes Fatma Said (jouant Belinda) et Joyce DiDonato (Dido).Javier del Réal

Emelianichev a précédé l’oratorio de Carissimi d’une symphonie sans rapport avec l’œuvre, puisque la composition commence directement par l’introduction narrée en récitatif. Outre la qualité de l’ensemble instrumental, où se sont distingués plusieurs musiciens espagnols, comme le violoniste Jesús Merino, le contrebassiste Ismael Campanero Nieto et le théorbiste Miguel Rincón, le chœur s’est distingué. Un ensemble vocal créé par Il Pomo d’Oro, en 2021, composé de 18 chanteurs, presque tous italiens et largement expérimentés dans le répertoire baroque (parmi ses membres se trouve, par exemple, l’inoubliable soprano Rosanna Bertini).

Même si le chœur fournissait tous les solistes de l’oratorio, à l’exception des deux chefs de file, ils étaient dans leur ensemble plus impressionnants. C’était le cas de Fuyez, cédez, méchant ce qui semblait idéal style excitéet le magnifique refrain final en six parties, Pleurez, enfants d’Israëlavec ces dissonances expressives que Haendel empruntait dans son oratorio Samson. Parmi les solistes, le ténor Andrew Staples était un Jephte solide et musical, même si la soprano Carlotta Colombo a élevé le rôle de sa fille plus haut. Une voix lumineuse et agile qui tournait Plorer les colles dans le meilleur de l’oratoire avec le chœur qui clôture l’œuvre.

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Mais la composition principale du programme était l’opéra de Purcell, comme le montre clairement la couverture du maigre programme manuel. Emelianichev a commencé par une ouverture incisive et frénétique qui rappelle le ton extrême et croustillant habituel de son mentor Theodor Currentzis. Il trouve dès lors un équilibre idéal entre verve et musicalité, avec une admirable maîtrise des chœurs et des danses, malgré la prééminence excessive des percussions de Koen Plaetinck.

Le chœur et l'orchestre Il pomo d'Oro.
Le chœur et l’orchestre Il pomo d’Oro.Javier Réal

Dans la section vocale, l’apparition de DiDonato sur scène a éclipsé le reste du casting. Dans le premier acte, la diva américaine exhibait un ton dramatique idéal comme Dido avec un registre médian crémeux et agile qui profitait du léger changement de couleur de sa basse. Mais c’est au troisième acte que l’on entend ses meilleurs moments, tant dans son amer duo avec Énée que dans la célèbre complainte, qu’il chanta avec dévouement et sans le moindre effet. C’était le meilleur de la soirée avec le refrain final Avec les ailes tombantes, vous, les Cupidons, venez.

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La soprano égyptienne montante Fatma Said a donné vie à une Belinda lyrique et convaincante. Columbo et Staples se sont une fois de plus démarqués, respectivement, en tant que Second Woman et Enée. Le ténor britannique affrontait solidement un rôle davantage destiné à un baryton léger. Et parmi les secondaires, soulignons l’apparition imposante, au deuxième acte, du mezzo-soprano Beth Taylor dans le rôle de la sorcière et le contre-ténor Hugh Cutting dans le rôle de l’Esprit. El coro de Il Pomo d’Oro volvió a aportar en Purcell solistas admirables, como las hechiceras que cantaron las sopranos Alena Dantcheva y Anna Piroli, aunque volvió a despuntar en conjunto, tanto en la escena de la cueva con las brujas del segundo acto como à la fin.

‘Jephtus’ et ‘Didus et Enée’

Musique de Giacomo Carissimi. Andrew Staples, ténor (Jephth), Carlotta Colombo, soprano (Jephth’s Daughter). Chœur et orchestre d’Il Pomo d’Oro. Direction musicale et clé : Maxim Emelyanychev.

Musique de Henry Purcell. Livret de Nahum Tate. Joyce DiDonato, mezzo-soprano (Dido), Fatma Said, soprano (Belinda), Andrew Staples, ténor (Aeneas), Hugh Cutting, contre-ténor (Spirit), Carlotta Colombo, soprano (Second Woman), Beth Taylor, mezzo-soprano ( Sorcière), Massimo Altieri, ténor (Marin), Alena Dantcheva, soprano (Première Sorcière), Anna Piroli, soprano (Deuxième Sorcière). Chœur et orchestre d’Il Pomo d’Oro. Direction musicale et clavecin : Maxim Emelyanychev. Teatro Real, 4 février.

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