Julian Assange: Une Victoire Temporaire dans une Lutte de 12 Ans pour la Liberté

Julian Assange: Une Victoire Temporaire dans une Lutte de 12 Ans pour la Liberté

Les États-Unis sont toujours en première ligne pour demander la libération de prisonniers politiques… sauf quand ça les concerne.

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, vient d’éviter – pour le moment – d’être extradé aux États-Unis. La Haute Cour de Londres où il est détenu demande aux Américains davantage de garanties concernant les droits d’Assange à un procès juste et équitable. Et aussi qu’il ne serait pas condamné à mort. Les juges britanniques ont donné trois semaines à Washington pour réagir.

Les États-Unis affirment qu’Assange a mis des vies en danger en publiant des documents militaires secrets et demandent son extradition pour espionnage.

Déjà sans liberté depuis 12 ans

Assange, un Australien de 52 ans, lutte contre les poursuites judiciaires américaines à son encontre depuis maintenant 12 ans. Il a passé sept ans à l’ambassade d’Équateur à Londres comme réfugié politique avant d’en être expulsé et incarcéré par les autorités britanniques en 2019 – il y a cinq ans.

Il risque 175 ans de prison pour avoir diffusé plus de 700 000 documents secrets que lui a donnés l’analyste de renseignement Bradley – maintenant Chelsea – Manning en 2010 qui révélaient des crimes de guerre commis par les États-Unis en Irak et en Afghanistan. On voyait sur une vidéo, un hélicoptère américain à Bagdad en 2007 tuer à la mitrailleuse au moins 12 civils sans armes dont deux journalistes de l’agence Reuters.

Dans leur décision, les juges britanniques soulignent qu’Assange a de « réelles chances de succès » dans son appel : son extradition serait incompatible avec la liberté d’expression.

Le tribunal a pris en compte les informations selon lesquelles la CIA sous l’administration Trump avait envisagé d’enlever Assange à l’ambassade équatorienne ou de le faire assassiner.

La santé mentale et physique d’Assange se détériore au point où il envisagerait de se suicider en cas d’extradition. Les Australiens veulent qu’il rentre chez lui. Il bénéficie d’un large soutien politique et populaire en Australie. Les États-Unis pourraient s’engager à permettre à l’Australie de rapatrier Assange après son procès et sa condamnation pour ensuite le libérer. Les Américains ont évoqué la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.

Deux poids, deux mesures

Le États-Unis et le Royaume-Uni ont critiqué – avec raison – l’année dernière la Chine pour l’application extraterritoriale de sa loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Il s’agit, selon un porte-parole du département d’État, « d’un dangereux précédent qui menace les droits de l’homme et les libertés fondamentales des peuples du monde entier ».

Le Canada a rejoint États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et les Nations Unies pour critiquer de cette législation. Ottawa s’inquiète du fait que la loi chinoise définit les menaces et les infractions à la sécurité nationale de manière très large, ce qui suscite des inquiétudes quant à une « application excessive ».

Il y a là un parallèle évident avec ce que subit Assange qui n’a que servi d’intermédiaire entre le voleur de document Manning et certains des plus grands médias d’occident. On a traîné Assange devant les tribunaux et on le prive de liberté depuis plus de 12 ans, alors que ses cinq «complices» n’ont pas été inquiétés. Le New York Times, le Guardian, le Monde, Der Spiegel et El Pais ont publié ces informations d’intérêts publics reprises par les médias de la planète entière.

L’Affaire Assange est une dangereuse atteinte à la liberté de la presse, qui menace les journalistes du monde entier.

Avant de quitter la présidence en 2017, Barak Obama a commué la peine de Manning condamné en 2010 à une peine de 35 ans, la plus longue peine jamais infligée aux États-Unis pour une fuite aux médias. Joe Biden devrait s’inspirer de son prédécesseur.

J’ai écrit sur Yahoo Québec en décembre 2010 et je le répète : Julian Assange mérite le prix Nobel de la paix.

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