Julie Byrne, critique de son album The Greater Wings (2023)

Julie Byrne, critique de son album The Greater Wings (2023)

2023-08-21 12:04:53

Difficile de se souvenir d’un disque aussi sublime parmi ceux qui sont nés du deuil. Celui qui dégage une telle effusion de beauté d’un autre monde. Celui qui émet une sensibilité d’un tel pouvoir de guérison débordant. Celui qui transcende les limites du charnel pour fusionner avec la nature d’une manière si fluide. “Je sens l’inclinaison de la planète, le panorama de la vallée, me mesurer à ce que j’ai risqué”chanter Julie Byrne – étudier les sciences de l’environnement devrait aussi aider – au début de la chanson titre de ce disque (le premier), avant de dire “Tu es toujours dans le groupe, toujours underground, nomme ma douleur pour la laisser chanter”. Et même si on ne connaît pas le fond, on sent qu’on se dirige vers une perte irréparable. C’est celle de son producteur et ancien partenaire sentimental, Eric Littman, décédé subitement en juin 2021, au milieu de ces séances. D’où, en partie, l’attente de six ans après le plus que remarquable “Même pas le bonheur” (2017) : son matériel est bloqué pendant six mois, jusqu’à ce qu’Alex Somers (collaborateur et partenaire de Jón Þór Birgisson « Jónsi », de Sigur Rós) reprenne sa production. Le processus s’est ralenti. Et ça valait la peine d’attendre.

Certaines de leurs chansons ont déjà été écrites avant la mort de Littman, mais même celles-ci résonnent avec la gravité des prophéties auto-réalisatrices. Avec un aplomb invraisemblable si l’on considère que la New-Yorkaise n’a que 32 ans et qu’elle nous chante la perte comme si elle en avait soixante. Sa voix prodigieuse et son doigté sensible font partie du miracle. On pourrait le décrire comme un folk en lévitation et mercuriel, rehaussé (en cela aussi la mise est à la hausse par rapport à ses antécédents) par quelques synthétiseurs, des arrangements de cordes, une harpe et du piano, mais n’importe quelle étiquette est bien loin si ce que nous voulons vraiment c’est rendre justice. “Moonless”, “Summer Glass”, “Summer’s End”, “Death Is The Diamond”, “Hope’s Return” (mon préféré, avec la main de Jefre Cantu-Ledesma et ceux “marche assez longtemps pour me libérer de mon esprit” dans un crescendo extrêmement émotionnel, reprenant ce « Love’s Refrain » qui nous faisait saliver il y a trois ans, quand on soupirait que Byrne nous donne quelque chose de nouveau) ou pratiquement n’importe lequel de ceux qui composent un décalogue dont seulement “Portrait d’un temps clair” Semble en baisse de A +. Neuf merveilles et demie sur dix : un album tellement conscient de la proximité de la mort qu’il inspire – et transmet –, de sérénité et de sagesse prématurée, une irrésistible envie de vivre et d’aimer. Ce n’est pas (juste) un record. C’est un prodige.



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