Juliette & Chocolat : Relever la Faillite et Courir Vers l’Avenir

Elle est tombée, elle s’est relevée et s’est tout de suite remise à courir. Juliette Brun a fait faillite en août, mais son entreprise Juliette & Chocolat s’apprête déjà à ouvrir un nouveau restaurant. • À lire aussi: Juliette & Chocolat: les restaurants fermés • À lire aussi: Tomber sous le poids de la dette pandémique «La faillite, c’est un trou noir. D’ici un an, je devrais pouvoir respirer», lance la boule d’énergie aux commandes de cette entreprise vieille de plus de 20 ans. L’entrepreneure-chocolatière de 42 ans a fermé ses huit restaurants du jour au lendemain, le 7 août dernier. Son usine de 16 000 pieds carrés a aussi été emportée dans ce déluge nommé faillite. «J’ai été victime de la hausse des taux d’intérêt», raconte-t-elle sans gêne et sans ambages. Juliette Brun a 42 ans et 5 enfants, ce qui ne l’empêche pas de mener son entreprise de front. Photo Agence QMI, Joël LEMAY Pour survivre à la COVID, elle avait contracté un prêt par restaurant, plus un neuvième pour l’usine. Elle devait 2,4 M$ à la banque. En 12 mois avant la faillite, elle a versé 1 M$ juste en intérêt, sans toucher au capital. «Des prêts d’affaires, ça vient avec un taux variable, on n’en parle pas assez», dit-elle en guise d’avertissement à tous les entrepreneurs. Seulement voilà, dès le 8 août, cette mère de cinq enfants s’est remise au boulot pour mieux rebâtir son entreprise. Elle n’allait pas laisser filer 20 ans d’efforts sans tenter quelque chose. «J’ai repris un bail pour lancer une usine. J’ai repris la production. De 350 employés, on n’était plus que 4, dont 2 comptables à temps partiel», raconte-t-elle avec une pensée pour ses «chapeaux rouges», ses employés. L’équipe derrière le nouveau restaurant : Midean Mhmod, Juliette Brun, Mohamad Saleh Abodan et Afif Abodan. Photo Agence QMI, Joël LEMAY Franchiser pour mieux respirer Habituée d’éteindre 25 feux par jour et de se partager entre ses huit restaurants et son usine, Juliette Brun adopte aujourd’hui un nouveau modèle: la franchise. Car ce n’est pas elle qui possède le nouveau restaurant de la rue Sauvé Ouest, à Montréal, mais bien quatre Syriens d’origine. «On fait confiance à Juliette, malgré la faillite. Elle a une personnalité unique, et c’est avec elle qu’on a envie de se lancer», souligne Mohamad Saleh Abodan, 42 ans. Il est arrivé au Canada en 2009 depuis sa Syrie natale. Il a marié une Québécoise avec qui il a trois enfants. Il est courtier immobilier, et maintenant, restaurateur. «Quand j’ai rencontré ma femme, on allait souvent chez Juliette & Chocolat, c’était son endroit favori», se remémore-t-il. M. Abodan se lance dans la restauration, bien épaulé. Il est entouré de son frère, Afif, arrivé au pays en 2013, de son cousin Mohamad Abodan – oui, ils ont presque le même nom –, et de son ami, Midean Mhmod. Le nouveau restaurant doit ouvrir la première semaine de décembre. Il est situé rue Sauvé Ouest, à Montréal, tout près du Adonis original. Photo Agence QMI, Joël LEMAY Et Juliette sera aussi présente pour les premiers mois d’ouverture. Elle qui s’occupe déjà de l’usine mettra les bouchées doubles le temps qu’il faudra, quitte à travailler 20 heures par jour. Elle a l’habitude. «On est déjà en discussion avec d’autres potentiels franchisés. La faillite n’a pas nui à ce niveau, si vous pouvez me croire», s’étonne-t-elle. Sur Sauvé Ouest, ce sera Midean, arrivé au Canada il y a 18 mois, qui sera le patron. «Je suis devenu le meilleur gérant de Juliette & Chocolat au monde», dit en riant celui qui a déjà fait de nombreux stages au sein de l’entreprise avant la faillite, afin d’en connaître tous les rouages. Le restaurant devrait être ouvert pour la première semaine de décembre. Pour la suite, il faudra suivre Juliette. Et pour ça, il faut savoir courir. Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire? Écrivez-nous à l’adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.
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